L'Association marocaine des droits humains (AMDH) a affirmé hier que les acquis en matière de droits de l'Homme au Maroc étaient “fragiles” et fait état de “grave” reculs. “La tendance générale montre la fragilité des acquis réalisés et la gravité des reculs qui les affectent”, a déclaré Khadija Riadi, présidente de l'AMDH lors d'une conférence de presse à Rabat où elle présentait un rapport couvrant 2007 et une partie de 2008. Mme Riadi a évoqué la dispersion violente d'une manifestation de chômeurs à Sidi Ifni (Sud) le 7 juin 2008, comme l'un des “exemples les plus flagrants” des atteintes aux droits de l'Homme. Une commission parlementaire s'est récemment constituée pour faire la lumière sur les affrontements de Sidi Ifni qui avaient fait officiellement 44 blessés. Pour 2007, l'AMDH a affirmé que les élections législatives ont été organisées dans le cadre d'une “Constitution non démocratique”. Elle a assuré avoir relevé en 2007 sept cas d'enlèvements de citoyens, et dénoncé des poursuites judiciaires engagées contre des militants de l'AMDH “pour atteinte aux valeurs sacrées”, c'est-à-dire à la monarchie, à l'islam ou à la position officielle sur le conflit du Sahara occidental. L'AMDH a également dénoncé l'emprisonnement du journaliste Mustapha Hormatallah condamné en 2007 à sept mois de prison ferme “pour diffusion de documents confidentiels” sur la lutte antiterroriste, et le retrait récent de l'accréditation au directeur de la chaîne Al Jazira à Rabat, Hassan Rachidi. Sa chaîne ayant annoncé que l'intervention des forces de l'ordre à Sidi Ifni avait fait des morts, ce que nient les autorités. M. Rachidi est également poursuivi en justice pour avoir “diffusé de fausses informations” sur ces affrontements. “L'année 2007 a connu au Maroc des reculs concernant à la fois les droits civiques et politiques, et les droits économiques, sociaux et culturels”, résument les rédacteurs du rapport de l'AMDH. “C'est la même tendance qui a été observée pendant les premiers mois de 2008”, a ajouté Mme Riadi. R. I./Agences