Les brutalités policières, tortures, viols, disparitions et assassinats, qui auraient été commis à Sidi Ifni par les services de police, selon les défenseurs marocains des droits de l'homme, continuent à faire du bruit au Maroc, où le gouvernement s'attelle à démontrer le contraire par le biais d'une commission d'enquête parlementaire. Brahim Sbaâ Allil, membre du bureau national du Centre marocain des droits humains (CMDH) et président de section à Sidi Ifni, est poursuivi pour “outrage” aux autorités publiques et doit comparaître aujourd'hui devant le tribunal pour avoir affirmé qu'il y a eu “des morts et des viols” au cours des émeutes du 7juin dernier, survenus à Sidi Ifni. Il a été arrêté vendredi passé par des policiers, à Rabat, à la suite de sa participation jeudi soir, avec M. Khaled Charkaoui Semouni, président du CMDH, à une conférence de presse, au cours de laquelle, a été présenté un rapport préliminaire, sur les émeutes de Sidi Ifni. Brahim Sbaâ Allil avait notamment déclaré, qu'il n'est pas exclu qu'il ait eu des pertes humaines parmi les manifestants, à Sidi Ifni, au cours de la journée du 7 juin passé, pendant laquelle de graves atteintes aux droits de l'homme, ont été signalées par les ONG et rapportées par la presse. D'après le président du Centre marocain des droits de l'homme (CMDH) Khaled Cherkaoui, le président local du CMDH à Sidi Ifni était “présent à Rabat pour présenter un rapport préliminaire sur les causes des émeutes et les violations commises depuis le 7 juin”. Il ajoutera que “c'est un acteur important dans ce dossier et il a des sources d'informations. Mais il est devenu gênant pour le gouvernement”. Cette rapide traduction devant les juges montre que les autorités marocaines sont hantées par ce qui s'est passé à Sidi Ifni et veulent classer ce dossier gênant le plus vite possible. Outre cette action en justice, une commission d'enquête parlementaire a été dépêchée à Sidi Ifni pour déterminer les éventuelles responsabilités des forces de l'ordre et des autorités dans les émeutes qui ont touché la ville le 7 juin dernier. Un communiqué officiel a indiqué que “face aux rumeurs et aux informations contradictoires”, une commission parlementaire a été dépêchée, vendredi, à Sidi Ifni, afin de vérifier les allégations de mauvais traitements lors des émeutes du 7 juin dernier. La commission, composée de 15 membres de tous bords politiques, est chargée de faire toute la lumière sur ce qui s'est réellement passé. Les organisations de défense des droits de l'homme, qui les accusent de graves violations des droits de l'homme, ne sont guère optimistes quant aux résultats de l'enquête, car ce n'est pas la première fois que des commissions sont créées dans ce genre d'affaires sans que cela n'aboutisse à des résultats concrets. Dans des déclarations à la presse marocaine, Khadija Ryadi, présidente de l'AMDH, ces commissions “ne donnent aucun résultat et c'est surtout très formel”. Ceci étant, en dépit du retrait des militaires quelques jours auparavant de Sidi Ifni, “la situation n'est pas complètement stabilisée”, a affirmé Abdellah Birdaha, président local de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH). Selon lui, “des manifestations ont lieu régulièrement comme signe de soutien aux habitants de la ville”. Ainsi, près de 9 000 personnes ont ainsi manifesté avec la population locale, dimanche dernier, à l'appel de l'association Attac Maroc et avec le soutien de partis politiques, syndicats et ONG, des “caravanes”. K. ABDELKAMEL