Les chefs d'Etat et de gouvernement du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) et ceux des pays africains invités (Algérie, Afrique du Sud, Ethiopie, Ghana, Nigeria, Sénégal, Tanzanie, plus l'Union africaine) se sont retrouvés pour un déjeuner, suivi d'une séance de travail, dans un hôtel de luxe isolé dans les montagnes de Hokkaido. “Mais en plus de ses propres efforts, l'Afrique continue d'avoir besoin aujourd'hui plus que par le passé de l'accompagnement de ses partenaires au développement. Un accompagnement qu'elle a choisi d'inscrire depuis le lancement du Nepad dans une logique de partenariat et de gagnant-gagnant. Car la prospérité de l'Afrique est aussi celle de ses partenaires”, a déclaré hier le président Bouteflika dans une allocution prononcée lors de cette réunion. Pour le chef de l'Etat, “cet accompagnement pourrait permettre en particulier l'amélioration de nos instruments financiers, fiscaux, et commerciaux de soutien, de stimulation et d'intéressement des entreprises des pays développés aux opportunités actuelles d'investissement dans les secteurs structurants des économies africaines”. Le transfert du savoir-faire et des technologies se pose ainsi en toile de fond des besoins du continent noir pour aspirer à des lendemains prospères. Tout en saluant “l'intérêt constant porté par le Japon à l'Afrique, à sa stabilité politique et à son développement socioéconomique”, le président Bouteflika estime que “les préoccupations de l'Afrique restent nombreuses, importantes et urgentes… Et la grave crise alimentaire est venue rappeler l'urgence de remettre le développement du secteur de l'agriculture, plus particulièrement en Afrique, au centre des préoccupations de la communauté internationale”. Ainsi et au-delà de leur attente à ce que le G8 confirme l'engagement pris lors du sommet de Gleneagles (Ecosse) en 2005, consistant à doubler son aide annuelle à l'Afrique en 2010 par rapport à son niveau de 2004 (25 milliards de dollars), les pays africains veulent du concret en ce sens que le sommet de Hokkaido ne soit pas une pâle copie des précédents. En fait, la crise alimentaire touche de plein fouet beaucoup plus les pays en développement, même si les pays riches se plaignent aujourd'hui de la baisse de la consommation et des coûts exorbitants de production. D'où les politiques de délocalisation qui semblent atteindre leur limite. Ainsi, un plus grand intérêt est porté vers l'Afrique, un continent plein de richesses naturelles sous-exploitées et du fait aussi qu'il constitue un marché potentiel pour la relance de la croissance mondiale en dépit du prix “élevé” du baril. Pour le président Bouteflika, “l'Afrique est très attentive à l'évolution actuelle de l'économie mondiale. La crise alimentaire, l'instabilité des marchés financiers et ses effets inflationnistes, la persistance des politiques protectionnistes, la nette régression de l'aide publique au développement, le blocage continu des négociations commerciales dans le cadre du cycle de Doha et l'impact nocif des changements climatiques sont autant de facteurs générateurs d'effets adverses importants sur les économies africaines et sur la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement”. Déplorant le fait que le “système bancaire africain reste très hésitant, encourageant les importations au détriment des investissements locaux”, le chef de l'Etat a, toutefois, reconnu que le continent “connaît depuis quelques années une croissance économique positive soutenue”. “Mais, poursuit Bouteflika, il s'agit d'inscrire cette tendance dans la durée. Pour ce faire, des efforts sont entrepris pour diversifier nos économies en réduisant leur trop grande dépendance des cours des matières premières”, avant d'expliquer que “ces efforts portent sur la promotion de l'investissement privé national et étranger dans les grands projets d'infrastructures, le développement d'une industrie locale de transformation des ressources africaines, la résorption du chômage endémique et la création de processus endogènes d'accumulation du capital dont les économies africaines ont tant besoin”. Relevant que “des progrès ont été réalisés en matière de bonne gouvernance, de lutte contre la corruption, d'instauration d'Etat de droit et de transparence dans la gestion des ressources publiques…”, le président estime que “ce sont là des avancées à inscrire à l'actif d'un continent qui s'est résolument tourné vers la recherche d'instruments modernes pour se développer, valoriser ses immenses potentialités et bénéficier lui aussi des retombées positives de la globalisation”. S. T.