Photo : APS De notre envoyé spécial à Toyako Hokkaido (Japon) Moumene Belghoul Le phénomène du changement climatique, un des thèmes phares du sommet du G8, a été longuement évoqué hier à Toyako par le président de la République. Il a prononcé un discours au cours de la rencontre entre les huit puissances et l'Afrique lors d'une première journée du G8 qualifiée d'africaine. «Le phénomène des changements climatiques fait courir de graves risques sur le devenir même de la planète et sur celui des générations futures», a déclaré le Président. Et c'est bien le continent noir qui en pâtit le plus car «les effets de ce phénomène affectent de manière désastreuse le développement». De ce fait, «le phénomène des changements climatiques est encore davantage ressenti par les peuples africains», soutient le Président. Et la situation est d'autant plus fâcheuse que «l'Afrique reste marginalisée dans le financement des projets dans le cadre du Mécanisme de développement propre créé par le protocole de Kyoto». Dans son plaidoyer pour l'Afrique, le Président a exhorté la communauté internationale à essayer de «parvenir dans les meilleurs délais à un accord sur le nouveau régime climatique mondial post-Kyoto. La conférence de Bali en 2007 avait pu enregistrer des avances notables et ouvrir des brèches vers une meilleure prise en charge des problèmes du continent sur le plan environnemental. Les dirigeants des pays riches du G8, qui ont entamé leurs travaux par des discussions avec les sept Etats africains, ont semblé vouloir beaucoup plus parler du phénomène de l'envolée des prix du pétrole et de la crise alimentaire mondiale. Ainsi, à l'abri du tumulte des médias, les chefs d'Etat et de gouvernement du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) et les autres pays africains invités (Afrique du Sud, Algérie, Ethiopie, Ghana, Nigeria, Sénégal, Tanzanie, plus l'Union africaine) se sont retrouvés pour un déjeuner suivi d'une séance de travail. Les pays africains attendent notamment du G8 qu'il confirme l'engagement pris lors du sommet de Gleneagles en Ecosse en 2005, consistant à doubler son aide annuelle à l'Afrique en 2010 par rapport à son niveau de 2004 estimé à 25 milliards de dollars. Une nouvelle proposition de l'Union européenne parle de créer un fonds doté d'un milliard d'euros pour soutenir le stratégique secteur agricole jugé désastreux dans les pays pauvres. Ce fonds, financé par des excédents budgétaires inutilisés de l'UE, «sera consacré pour améliorer l'accès à la production agricole, y compris les engrais et les semences, sans doute par le biais de crédits» selon la partie européenne. Le montant total de l'aide de l'UE débloquée pour faire face aux conséquences de la crise alimentaire atteindrait alors 1,8 milliard d'euros. Les pays africains et les Nations unies semblent attendre les dirigeants du G8 au tournant. Les engagements d'aide non matérialisés décrédibilisent les Etats prometteurs. En effet, seulement un quart des 25 milliards de dollars supplémentaires d'aide promis à Gleneagles pour 2010 a effectivement été ébloqué. «Les dirigeants africains attendent du G8 qu'il transforme ses promesses en actions. La crédibilité des engagements internationaux est en jeu», avait averti à juste titre la semaine dernière le président de la commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping. La situation politique au Zimbabwe a été également au centre des entretiens entre le G8 et ses invités de l'Afrique. Après cette «journée africaine» de Toyako, les huit se rencontreront entre eux pour discuter des problèmes «économiques et politiques mondiaux». Après la rencontre G8-Afrique, le président de la République a eu en marge du sommet des rencontres bilatérales respectivement avec le Premier ministre japonais, le président du conseil italien et le président français.