Cette affaire de chantage par téléphone portable n'est malheureusement ni la première ni la dernière en Algérie. Si M. N. a perdu, entre autres, près de 40 millions de centimes, d'autres ont subi des problèmes beaucoup plus graves. Ce sont surtout les jeunes filles qui en sont les victimes. Les téléphones portables deviennent de plus en plus dangereux chez nous. Un danger public qui ne dit pas son nom, mais dont l'effet néfaste prend de plus en plus d'ampleur. Il ne s'agit pas des risques (d'ailleurs controversés) sur la santé des consommateurs, mais de leur utilisation en tant que moyen de chantage et d'extorsion de fonds. Hier matin, nous avons eu à connaître une énième histoire de chantage dont s'occupent les services de la Gendarmerie nationale. Ces derniers ont interpellé jeudi dernier, aux environs de 18h, au niveau du quartier Safsafa (Gué-de-Constantine, Alger) S. O., 26 ans, alors qu'il recevait 10 000 DA des mains de M. N., une jeune fille de 16 ans. Un guet-apens préparé par les services de sécurité en collaboration avec la famille de M. N. dans l'intention de capturer l'accusé en flagrant délit. Selon le lieutenant Abdaoui Badredine, le chef (par intérim) de la brigade territoriale de la Gendarmerie nationale de Bir-Mourad-Raïs, rencontré hier matin à son bureau, “il s'agit d'une affaire de chantage sur personne mineure. Le jeune homme était en relation avec la fille depuis près d'une année et demie. Lui faisant confiance, elle lui avait remis deux photos d'identité. Aussi grâce à son portable, le jeune homme avait pris une photo d'elle alors qu'il l'enlaçait. C'est avec ça qu'il la faisait chanter depuis en la menaçant de montrer la photo à son frère si elle ne lui ramenait pas de l'argent”. L'officier nous affirmera que M. N. a ainsi payé deux fois 20 000 DA et une autre fois 15 000 DA “en vendant une chaîne et une bague en or qui appartenaient à sa famille. Devant les menaces incessantes de S. O., elle lui avait remis 600 euros avant de lui ajouter le 23 juillet dernier 2 500 euros en échange évidemment de ne rien dévoiler à son frère”. C'est cette somme de 2 500 euros qui aurait fait “tiquer” le frère de la victime. Après avoir fait pression sur sa sœur, elle a finalement tout dévoilé “c'est le 30 juillet dernier que la fille, son frère et leur mère ont déposé une plainte auprès du procureur de la République du tribunal de Hussein-Dey”, nous dira le lieutenant Abdaoui qui ajoutera avec un air dépité “en plus du fait que la fille est mineure, le plus grave aussi c'est qu'il est fiancé”. Cette affaire de chantage par téléphone portable n'est malheureusement ni la première ni la dernière en Algérie. Si M. N. a perdu, entre autres, près de 40 millions de centimes, d'autres ont subi des problèmes beaucoup plus graves. Ce sont surtout les jeunes filles qui en sont les victimes. Les atteintes à la vie privée en utilisant les images et les vidéos des téléphones portables comme moyens de pression deviennent de plus en plus nombreuses chez nous. Les histoires pullulent à travers toutes les régions du pays. Des vidéos de filles (à visage découvert) se trouvant dans des “positions compromettantes” s'échangeaient (et s'échangent encore) entre les jeunes. Les maîtres chanteurs utilisent tous les moyens pour aboutir à leur fin. Ça va du fiancé éconduit qui veut le retour de sa “bien-aimée” au voisin qui demande de l'argent pour ne pas dénoncer la fille à sa famille et à “awlad el-houma”. Dans la majorité des cas, les victimes abdiquent et acceptent tout pour ne pas subir la honte et les foudres de leurs proches. Cette situation a engendré beaucoup de dégâts dans les familles. L'histoire de la jeune lycéenne, qui s'est suicidée, il y a plusieurs mois à cause d'une vidéo qui circulait dans son lycée, est connue de beaucoup de jeunes Algérois. Même le Net n'a pas été “épargné”. On peut y retrouver beaucoup de séquences de vidéos intimes de jeunes filles Algériennes avec des hommes dans des situations très intimes et relevant de leur vie privée. Il suffit de faire un tour du côté des sites de Youtube.com ou de Dailymotion.com. Transformer ces moyens de communication en des armes de destruction de vies privées semble malheureusement le “dada” de plusieurs de nos jeunes. La liste des victimes s'allongent de plus en plus surtout devant l'insouciance et la naïveté des jeunes filles. Une utilisation frauduleuse avec des intentions malveillantes qui nous font rappeler cette histoire qui circule ces derniers temps. C'est un Chinois qui interpelle un Algérien en lui disant “dès que vous avez connu le portable, vous ne cessez de l'utiliser à outrance. Même plus que nous. Par contre chez nous, dès qu'on l'a découvert on l'a ouvert pour savoir comment ça marche”. Au bout, l'Algérie se retrouve avec plus de 20 millions d'utilisateurs et beaucoup de problèmes sociaux alors que les Chinois produisent plus de 50% des mobiles circulant sur le marché mondial. Là est toute la différence. Salim KOUDIL