Qui aurait pu penser un jour que la petite localité de Tamzoura, dont la population est connue par son conservatisme, puisse être secouée par une affaire aussi scandaleuse et scabreuse à la fois que celle de la présence d'un groupe de pédophiles spécialisé dans la propagation de films vidéo et l'exploitation de la situation sociale des jeunes filles – pour la plupart des mineures – en les incitant à la débauche sous la contrainte et le chantage ? Le fait est nouveau au niveau de la wilaya de Aïn-Témouchent et mérite donc qu'on y attache une attention particulière. En effet, agissant suite à des informations faisant état de la présence de films vidéo où étaient impliqués un groupe de fillettes et jeunes garçons issus du patelin dans des scènes de sexe choquantes, les gendarmes n'ont pas perdu de temps pour déclencher leur plan d'investigation qui a abouti en un laps d'une semaine à l'identification, puis à l'arrestation des trois auteurs et membres du réseau de cette sale besogne qui touche à l'honneur des familles et de la réputation de Tamzoura. Il s'agit, en fait, d'une certaine T. B., 27 ans, originaire de Hammam Bou-Hadjar et ses deux acolytes, M. S. 23 ans et O. K. 29 ans, tous deux issus de la commune de Tamzoura. Pas moins de huit films vidéo pornographiques ont été réalisés à l'aide de deux portables de qualité avec des filles de la localité. Ce réseau “d'abuseurs”, même s'il est encore à l'état embryonnaire, a déjà fait des ravages au sein de plusieurs familles qui tentent de garder le silence. D'après les premiers éléments de l'enquête, les membres du réseau s'apprêtaient à faire beaucoup plus mal avec l'implication d'un grand nombre de filles, en particulier des collégiennes en exploitant leur situation sociale et la misère de leurs parents pour louer les vertus du plaisir sexuel et de la prostitution. Une fois leurs corps dans le zoom de l'appareil, et qui sera ensuite emmagasiné dans la mémoire du téléphone portable, les pédophiles utiliseront le harcèlement et le chantage comme armes au cas où leurs victimes refuseraient de collaborer à l'avenir. Le bluetooth et le site Internet Youtub seront tout simplement mis en branle pour la diffusion de ces films. D'ailleurs, ce genre de vidéo a déjà été diffusé à travers plusieurs villes rattachées aux daïras de Hammam Bou-Hadjar, Aïn El-Arba et Aïn Témouchent. L'enquête a aussi révélé que suite à une longue période de surveillance des mouvements des membres de ce réseau de pédophiles, ces derniers ont tenté vainement de se rapprocher des établissements scolaires pour inciter d'autres jeunes écolières et collégiennes à rejoindre les autres victimes pour la réalisation d'autres films vidéo. Le phénomène ne doit pas être tabou et nos enfants doivent être protégés des mains de ces “abuseurs”. L'on sait que la pauvreté et l'exclusion sont l'une des causes de ce phénomène, mais il ne faut pas perdre de vue que la violation des droits socioéconomiques de l'enfant, le manque d'éducation sexuelle et des droits de l'homme à l'école et dans le milieu familial, l'éclatement de la cellule familiale et la maltraitance, sans oublier le travail précoce des enfants… sont autant d'arguments qui incitent les pédophiles à redoubler de férocité. C'est pourquoi, il faudra tout simplement briser le silence sur ce fléau qui risque de prendre de l'ampleur et que le travail de sensibilisation entamé par le groupement de la gendarmerie au niveau des lycées et autres établissements scolaires, à travers toutes les communes de la wilaya, soit soutenu par d'autres initiatives qui seront le fait d'associations, des médias, des magistrats, des enseignants en direction des familles et de leur progéniture. Enfin, il y a lieu de signaler que les trois mis en cause ont été présentés devant le procureur de la République près le tribunal de Hammam Bou-Hadjar pour répondre de leurs méfaits. M. Laradj