L'Algérie a signifié une fin de non-recevoir à l'émissaire du général Mohamed Ould Cheikh Ahmed, qui a pris le pouvoir en Mauritanie, suite à un coup d'?tat. Abdelkader Messahel avait rappelé à l'envoyé spécial de la junte militaire la position “constante” de l'Algérie qui “condamne les changements de pouvoir en violation des règles constitutionnelles”. Cette position a été réitérée jeudi passé par le chef de la diplomatie algérienne, lors de son passage sur la Radio internationale. La position algérienne se base sur la résolution de l'OUA, lors de son sommet tenu à Alger en 1999 et qui mettait au ban tous les régimes issus de coups d'?tat. Quand bien même la Mauritanie serait un pays voisin avec lequel l'Algérie entretient d'excellents rapports, la position de principe de l'Algérie ne pouvait souffrir d'aucune ambiguïté, au risque de se discréditer. Pour le chef de la diplomatie algérienne, l'UMA a un grand rôle à jouer dans la gestion de la crise née en Mauritanie : “Je crois que l'UMA va continuer à travailler dans le sens du raffermissement du dialogue et elle est extrêmement soucieuse de la préservation de la démocratie dans le pays (Mauritanie).” Toutefois, au sein de l'UMA, un pays, comme le Maroc, applaudit le coup de force en Mauritanie. Le roi du Maroc s'est empressé de dépêcher Mohamed Yassine Mansouri, le patron des services de renseignement, à Nouakchott pour s'entretenir avec le chef de la junte militaire. Officiellement, cette visite s'inscrit “dans le souci (marocain) de préserver constamment le bon voisinage”. Tout en affirmant qu'il respecte le choix des Mauritaniens et qu'il tient à la stabilité de ce pays, le Maroc ne manque pas de rappeler que la Mauritanie constitue “sa profondeur stratégique”. Voilà qui remet au goût du jour les vieilles visées expansionnistes du Maroc et voilà qui explique, peut-être, les raisons qui font que Rabat espère tirer profit d'un régime anti-démocratique pour enfoncer davantage sa tête dans le sable du Sahara occidental occupé. Par ailleurs, Mourad Medelci est revenu sur la visite du président de la République en Iran, pour réaffirmer la position algérienne concernant le dossier nucléaire iranien. M. Medelci a réitéré la position de l'Algérie qui soutient le développement nucléaire à des fins pacifiques, exprimant par ailleurs sa désapprobation quant à la politique de “deux poids, deux mesures” qui fait, a-t-il dit, que “certains pays peuvent avoir des possibilités ou des degrés de liberté, alors qu'on les refuse à d'autres”, et d'appeler à la poursuite du dialogue entre l'Iran et les grandes puissances mondiales en vue de parvenir à un accord mutuellement acceptable. Concernant le dossier des détenus algériens en Libye et libyens en Algérie, M. Medelci a indiqué que, sur la base de l'accord signé en mai dernier entre les deux pays, l'Algérie commencera à appliquer “graduellement” l'accord dans les semaines à venir. Quant au dossier du Sahara occidental, le ministre a émis le vœu de voir les négociations, qui ont débuté depuis un an, se poursuivre, indiquant que l'Algérie attend la décision du secrétaire général de l'ONU “d'établir l'agenda des négociations pour le 5e round et de désigner celui qui le représentera”. En clair, Peter Van Valsum, l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, décrié par la partie sahraouie, pour son parti pris flagrant, ne devrait pas présider le prochain round de négociations, au risque de voir les Sahraouis bouder ces négociations. Sur un autre chapitre, le chef de la diplomatie algérienne a évoqué la prochaine réunion au sommet, qui devrait se tenir en octobre prochain entre les chefs d'?tat de la région du Sahel, autour de la coopération dans la lutte antiterroriste. M. Medelci a indiqué que “non seulement cette coopération est envisageable, mais elle existe déjà”, affirmant que l'Algérie est “partie prenante”, dans la zone du Sahel, d'un système de collaboration qui permet à tous les pays de la région de coopérer pour “prévenir” et “traiter” la question sécuritaire. Il a précisé que la conférence sera une opportunité pour évaluer le système de coopération entre les pays de la région et dégager des pistes nouvelles pour le consolider et l'améliorer. Il s'agit d'une action “permanente” qui doit, a-t-il dit, “évoluer qualitativement”, ajoutant que cette coordination doit être “améliorée” afin de trouver également des solutions aux problèmes des populations pour les mettre “davantage” à l'abri des terroristes ou des “tentations condamnables”. Une allusion aux mouvements de rébellion qui se déclenchent cycliquement dans la région. Concernant l'Union pour la Méditerranée (UPM), M. Medelci a souligné que l'Algérie reste un acteur “important” de cet espace méditerranéen, rappelant, par ailleurs, que dans le processus de Barcelone, il y avait une sorte de “déséquilibre”, dans la mesure où les pays du Sud, a-t-il relevé, “n'avaient pas accès à la décision de manière paritaire avec les pays du Nord de la Méditerranée”. “Aujourd'hui, le principe de la parité est inscrit au frontal de l'UPM et cette parité va s'exprimer à double un niveau”, a-il précisé. Il s'agit d'un niveau présidentiel où un chef d'?tat du sud de la Méditerranée coprésidera pendant deux ans l'UPM, ainsi qu'au niveau du secrétariat devant prendre en charge les projets. “Le sommet de Paris a décidé que les modalités de fonctionnement du secrétariat doivent faire l'objet d'un examen au niveau des hauts fonctionnaires et des propositions seront faites aux ministres des Affaires étrangères qui doivent se réunir à Marseille en novembre”, a déclaré M. Medelci. “Nous allons pouvoir d'abord situer d'une manière plus précise le format de ce secrétariat, son organisation, sa localisation et les moyens de son financement”, a-t-il ajouté. Azzeddine Bensouiah