C'est la fin des vacances en Algérie marquée par un retour contraignant fait de longues heures d'attente au niveau de la gare maritime du port d'Alger. Il est 15h30 à bord du car-ferry algérien “Tarik-Ibn-Zyad”. Ilyes, 7 ans à peine, fait partie des 1 300 passagers qui prendront le large à partir de 18h en direction de Marseille. C'est la fin des vacances en Algérie marquée par un retour contraignant fait de longues heures d'attente au niveau de la gare maritime du port d'Alger. Ilyes n'en a cure, il repart la tête bien pleine de souvenirs emportés notamment de sa visite à Yemma Gouraya, à Béjaïa. “J'ai vu des singes et j'ai même réussi à les approcher d'assez près pour leur donner à manger”, raconte-t-il tout joyeux, ravi de sa première visite en Algérie. Sa sœur Kahina, son aînée de trois années, n'en est pas moins heureuse et relate ses vacances avec beaucoup d'enthousiasme sans omettre une miette de son précieux voyage à bord d'un bateau. C'est la première fois que Kahina est tellement pressée d'aller raconter à ses petites camarades qu'elle doit retrouver à l'école dès le 2 septembre prochain. C'est la rentrée des classes en France, et c'est ce qui motive les parents à décider du retour, à regret, en dépassant souvent la date fixée initialement sur le billet. “Mes parents ont insisté pour que je reste plus longtemps pour ne pas rater le mariage d'une cousine, et je n'ai pas pu refuser sachant pertinemment que j'allais rencontrer des problèmes pour rentrer. Mais je m'assume, je me contente d'un fauteuil même si j'ai payé pour une cabine”, nous confie une passagère accompagnée de ses trois enfants. Ils sont nombreux aussi à ne pas respecter la date du retour, mais très peu à se montrer aussi raisonnables. “Souvent, ils acceptent ce qui leur est proposé à défaut, mais une fois à bord ils exigent de nous ce que nous devons réserver en priorité à ceux qui respectent les dates”, nous a déclaré un responsable à bord pour expliquer les scandales produits sans embarras par certains mécontents. La réception du bateau est prise d'assaut par les passagers entre satisfaits et mécontents déjà excédés par les tracas des formalités qui, selon eux, n'en finissent pas. “Je suis venue de Sétif et je suis au port avec cinq enfants depuis 6h du matin. La gare maritime est dépourvue de commodités et je n'ai même pas trouvé que donner à manger à mes enfants. Ensuite, c'était le cafouillage au niveau du traitement des voitures qui prend des heures interminables”, se plaint cette mère de famille, qui malgré tout, reprendra le bateau l'année prochaine. “Je préfère voyager sur un bateau algérien. Je me sens encore en Algérie et je suis plus à l'aise”, confie-t-elle, avec une pointe de nostalgie pour ces vacances finies sur un goût d'inachevé. La visite familiale s'installe comme un rite sacré. Baume au cœur de ce séjour de détente, bain de soleil et pour certains, l'occasion de se recueillir sur la tombe des parents et autres proches. Pour d'autres, c'est carrément joindre l'utile à l'agréable en profitant des vacances agrémentées de petites affaires bien rentables. Quelques petits cadeaux pour la famille tronqués contre de réels achats entre électroménager, tapis, banquettes, costumes de marque et autres vêtements, matelas, etc. C'est le commerce à l'inverse de ce qui se faisait auparavant. “Passer des vacances en Algérie nous revient très cher heureusement que nous sommes accueillis par la famille. Alors, on se débrouille comme on peut”, nous dit un passager accompagné de sa femme et de ses deux enfants rencontrés hier à bord du bateau “Tarik-Ibn-Ziad”, consacré le plus souvent par l'Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV) pour les traversées Alger-Marseille-Alger. Vingt heures de traversée souvent pénibles pour l'équipage de gérer plus de 1 300 passagers avec plus de 450 véhicules. C'est l'équivalent d'une petite commune qu'il faut contenter à tout prix. “L'été, c'est la haute saison et c'est normal que nous ayons à gérer plus de monde. En général, la venue des vacanciers se passe sans encombres. À partir du 10 août et jusqu'au 5 septembre, c'est full speed car c'est le retour massif qui exige de nous mobilisation et vigilance”, nous a déclaré M. Amir, le commandant de bord qui doit assurer la traversée. Celui-ci autant que son équipage sont carrément sur le pied de guerre. Le bateau grouille de monde et M. Khiar, commissaire au bord, veille au bon grain. 16h tapantes, l'état-major se réunit. Le responsable du précontrôle à terre arrive pour un point de la situation. “Notre organisation l'exige et il existe toujours des petits réajustements à faire avant notre départ prévu pour 18h au plus tard. Le temps, pour nous, a un coût et c'est pour cela qu'il nous est impératif d'être rapides et efficaces”, continue à expliquer M. Khiar, rejoint par le médecin de bord. Ce dernier n'a pas le temps de nous saluer que déjà il est accosté par un passager aux traits tirés. Il est vite pris en charge, alors que le bateau n'a même pas encore largué ses amarres. “Les passagers qui viennent nous voir pour soigner le mal de mer sont très peu nombreux, mais toute autre pathologie est prise en charge et je vous assure que les cas ne manquent pas”, a-t-il affirmé, rapportant au passage qu'au cours d'une traversée effectuée cet été, une dame a failli accoucher à bord. Les passagers commencent à s'impatienter. L'attente se fait trop longue. Environ 17h et des voitures continuent à avancer lentement pour embarquer. Les différents ponts du bateau grouillent de monde. Les bambins gesticulent dans tous les sens. On se croirait être prêts à partir pour une croisière. L'animation à bord est prévue pour occuper les passagers, il en a été ainsi durant tout l'été comme programmé par les responsables de l'ENTV qui n'ont pas manqué de communiquer aussi, à travers les médias et des spots radiophoniques, pour sensibiliser les passagers à respecter les dates prévues sur leurs billets pour ne rencontrer aucun désagrément. “Nous faisons tout notre possible pour offrir des prestations de qualité à nos clients et honorer le pavillon national”, nous a déclaré M. Ahcène Grairia, P-DG de l'ENTMV rencontré sur les lieux. Peu de temps nous sépare de l'heure du départ et l'effervescence à bord du car-ferry est à son comble. Des familles entières désertent leurs fauteuils pour s'entasser dans les couloirs des différents ponts. L'équipage se montre très tolérant et semble maîtriser la situation. C'est une bonne saison pour l'ENTMV qui aspire au renforcement de sa flotte pour augmenter ses capacités. Les Algériens sont de plus en plus enclins à voyager par bateau à plus forte raison que les tarifs des billets restent très abordables. “Il nous arrive de venir en visite en Algérie deux à trois fois par an grâce au prix des billets proposés par l'ENTMV qui pratique des tarifs promotionnels en basse saison. C'est une aubaine pour nous”, assure un habitué du “Tarik” depuis sa mise à l'eau il y a déjà plusieurs années. La clientèle se diversifie de plus en plus et nous retrouvons des passagers de France, de Belgique, de Suède, du Royaume-Uni, d'Irlande, du Bénélux, etc. qui se mêlent à la clientèle nationale qui pour l'ENTMV est aussi importante. N. S.