Les lampions de Denver à peine éteints, John McCain se précipitera sur le devant de la scène en annonçant, dans un des Etats charnières de la présidentielle, l'Ohio, le nom de son colistier. “Laissez-moi vous dire exactement ce que signifiera le changement si je suis président.” Barack Obama était attendu, jeudi 28 août, au stade Invesco de Denver, pour son discours d'investiture comme candidat du Parti démocrate à l'élection présidentielle américaine de novembre, sur son programme. Dans un discours marqué par son hymne à la “promesse américaine”, à “l'âme américaine”, à sa volonté de réconcilier les Américains entre eux. Après ce discours plein d'espoir, les démocrates partent galvanisés par les propos de leur candidat à la Maison-Blanche Barack Obama, et enfin unis. Les démocrates, arrivés à leur convention à Denver (Colorado, ouest) encore traumatisés par la longue et cruelle bataille des primaires, sont repartis rassemblés. Hillary Clinton et son mari l'ancien président Bill Clinton ont préféré faire passer l'intérêt de leur parti avant le leur et ont adoubé avec panache le sénateur de l'Illinois. “Obama est mon candidat”, a déclaré Hillary Clinton lors de son discours la semaine dernière, mais les démocrates attendent qu'Obama soit comme un chien sauvage et sans merci pour pouvoir faire face à son rival républicain. Pour sa part, John McCain a gardé son choix secret jusqu'à la tombée du rideau sur la convention démocrate. Le candidat démocrate était attendu, hier, en Pennsylvanie (est) et dans l'Ohio (nord), deux Etats économiquement sinistrés et considérés comme cruciaux dans la perspective de l'élection de novembre. Le républicain John McCain, qui devait fêter vendredi ses 72 ans, ce qui en ferait le plus vieux président à son premier mandat s'il était élu en novembre, était également attendu dans l'Ohio. Selon toute vraisemblance, il devrait annoncer à son tour le nom de son colistier. Plusieurs noms circulaient ces derniers jours : celui de son ancien rival Mitt Romney, celui du gouverneur du Minnesota Tim Pawlenty, Joe Lieberman, ex-démocrate qui fut le colistier d'Al Gore en 2000 et l'ancienne PDG de eBay, Meg Whitman. La convention républicaine débute lundi à St-Paul (Minnesota, nord). Le président George W. Bush et le vice-président Dick Cheney doivent assister à cette réunion. “Le même parti qui vous a apporté deux mandats de George Bush et Dick Cheney va demander à ce pays un troisième mandat”, a affirmé M. Obama jeudi soir. “Et nous sommes ici parce que nous aimons trop ce pays pour laisser les quatre prochaines années ressembler aux huit dernières”, a-t-il dit. M. McCain, un ancien prisonnier de guerre du Vietnam, “a porté l'uniforme de notre pays avec bravoure”, mérite “gratitude et respect” mais, a ajouté M. Obama, “le bilan est clair : John McCain a voté (au Congrès) avec George Bush 90% du temps”. “Le sénateur McCain aime bien parler de jugement, mais vraiment, qu'est-ce que votre jugement veut dire, lorsque vous pensez que George Bush avait raison à plus de 90%?”, a-t-il demandé. “Je ne pense pas que le sénateur McCain se moque de ce qui se passe dans la vie des Américains. Je pense simplement qu'il ne le sait pas”, a dit M. Obama. Les derniers sondages mettent les deux concurrents dans un mouchoir de poche, M. Obama disposant au maximum de six points d'avance sur M. McCain (48% contre 42%), selon une enquête quotidienne Gallup publiée jeudi, des chiffres qu'il faudra réexaminer à la lumière du déroulement des deux conventions. Mais selon Julian Zelizer, professeur d'histoire à Princeton, rien n'est encore joué: le discours de M. Obama a constitué un “bon départ” pour capter les 18 millions d'électeurs de Mme Clinton pendant les primaires, mais le candidat démocrate devra aller bien au-delà pour battre M. McCain. “Je ne pense pas que ce discours ait aidé en quoi que ce soit à conquérir les indécis”, a affirmé l'universitaire. DJAZIA SAFTA/AGENCES