Hillary Clinton, longtemps considérée comme favorite puis contrainte de s'incliner face à son rival, Barack Obama, à l'issue de primaires éprouvantes, devait enterrer la hache de guerre, hier, à la convention démocrate de Denver au nom de l'unité du parti. « Il n'y a aucun doute dans l'esprit de quiconque que cette convention est la convention de Barack Obama », a déclaré, lundi, la sénatrice de New York avant l'ouverture des travaux de la convention qui doit désigner le sénateur de l'Illinois comme candidat à la Maison-Blanche. Toute la journée, les équipes de Mme Clinton et de M. Obama ont tenté d'aplanir leurs différences. Les deux équipes ont notamment travaillé sur la façon d'organiser le vote prévu aujourd'hui Etat par Etat. Selon toute vraisemblance, Mme Clinton devrait annoncer à cette occasion qu'elle vote pour M. Obama et inviter ses partisans à suivre son exemple. De récents sondages indiquent qu'entre 20% et 30% des partisans de Mme Clinton voteront pour le candidat républicain John McCain ou pour le candidat d'un autre parti. Les plus acharnés des partisans de la sénatrice de New York avaient prévu de se rassembler, hier, dans la matinée aux abords de la convention pour célébrer « les 18 millions de voix » recueillies par Mme Clinton au cours des primaires. Certains de ses partisans, qui avaient espéré jusqu'au bout que Mme Clinton soit la colistière de M. Obama, ne cachent pas leur amertume. Le camp républicain tente d'exploiter les divisions démocrates et diffuse sur les chaînes de télévision des spots publicitaires reprenant des discours critiques de Mme Clinton à l'encontre de M. Obama. « La sénatrice (Hillary) et le président (Bill) Clinton soutiennent complètement le ticket Obama-Biden et ont l'intention de s'adresser à la convention et au pays en insistant sur la grande importance d'une victoire cet automne », ont affirmé, lundi, dans un communiqué conjoint le principal stratège de M. Obama, David Axelrod et Maggie Williams, une conseillère de Mme Clinton. « Ne vous y trompez pas. Nous sommes unis pour le changement. Bien sûr, nous sommes démocrates alors ça peut prendre du temps », a dit Mme Clinton, lundi, à des délégués de New York. Elle a encouragé ses partisans à « tout faire » pour que M. Obama soit « le prochain président des Etats-Unis ». Pour ses partisans, qui louent sa compétence et son expérience, le nom de Mme Clinton est associé aux années de prospérité de la présidence de Bill Clinton (1993-2000). Au cours des débats télévisés auxquels elle a participé durant les primaires, elle s'est souvent montrée la plus précise sinon la plus convaincante dans le détail des dossiers. Ses détracteurs, nombreux, sont d'un autre avis. Pour une partie de l'Amérique, le nom de Clinton est synonyme de dureté, de cynisme ou de rouerie. Barack Obama lui a reproché son « erreur de jugement » sur l'Irak à cause de son vote favorable à la guerre en 2002. Au nom de l'unité du parti, ces reproches ont été mis sous le boisseau. La campagne présidentielle avait longtemps eu l'allure d'un sacre annoncé pour l'ex-première dame, venue à la politique avec la contestation de la guerre du Vietnam. Ses campagnes sénatoriales dans l'Etat de New York en 2000 et 2006 étaient apparues comme des rodages. Mais la montée en puissance de Barack Obama a détraqué la machine. Mettre en avant son appartenance au système pour mieux s'en distancier, insister sur sa proximité avec Washington pour mieux en critiquer les rouages : le message a sonné faux. Et malgré des succès importants lors des primaires (elle a gagné New York, la Californie, la Floride, l'Ohio, la Pennsylvanie...) et la séduction qu'elle exerce auprès des femmes, des ouvriers blancs, des personnes âgées et des Américains d'origine hispanique, cela n'a pas été suffisant pour empêcher le sénateur de l'Illinois d'emporter la mise.