Le discours de Sarah Palin à la convention républicaine a été jugé par la presse républicaine comme celui d'un “pitbull avec du rouge-à-lèvres”. “Connaissez-vous la différence entre un pitbull et une maman qui emmène ses enfants au hockey”, demande-t-elle à l'ouverture de son discours : “C'est le rouge-à-lèvre !” Bien qu'elle traîne des casseroles, la colistière du candidat républicain à la succession de Bush est passée comme une lettre à la poste à la convention d'investiture. Une star républicaine est née. Quasi inconnue des Américains il y a une semaine, Sarah a gagné son grand oral, à St-Paul. Et le monde entier a découvert pourquoi elle était surnommée “Sarah Barracuda” quand elle jouait au basket. D'abord un coup médiatique pour régler la question de son aînée âgée de 17 ans, enceinte de sept mois. Elle était au premier rang avec son futur mari. Cerise sur le gâteau, il rejoindra bientôt l'Irak où les Américains y sont “par la volonté de Dieu !” Autre coup, le mari de Sarah se trimbalait avec leur cinquième enfant, Trig, un bébé trisomique. Bref, une famille comme les autres, qui vient d'une petite ville, et une mère comme les autres, jalouse de sa famille. Des valeurs sûres et l'opération a réussi. La salle n'arrête pas d'applaudir et on aura remarqué la partie communautariste qui fait la richesse des Etats-Unis très clairsemée. Peu de Noirs et d'Hispaniques. La pêche de l'électorat de la démocrate Hillary Clinton, malheureuse rivale d'Obama, est en cours. Palin va récolter les voix des petits Blancs, voilà pourquoi McCain l'a choisi. La gouverneure de l'Alaska, qui n'a pas sa langue dans la poche, est tombée à bras raccourcis sur le rival Obama. Elle est plus experte en politique politicienne que son mentor. Elle n'a pas oublié non plus de railler la remarque d'Obama sur l'amertume “des petites gens qui se raccrochent à leur fusil et à la religion”. Ne mâchant pas ses mots, Sarah s'est même payée le luxe de griffer la presse pourtant indispensable pour sa campagne : “Je ne vais pas à Washington pour plaire aux médias”. Même si les journalistes ne lui feront pas de cadeaux, Sarah est déterminée à leur tenir la dragée haute. Un bras de fer en perspective ; mais qui gagnera ? D. B.