RESUME : Salim la tient responsable de son renvoi. Il la menace. Son ancien patron l'appelle et la prie de revenir. Comme elle refuse, il lui donne encore du temps pour y réfléchir. Ses propositions sont intéressantes mais, connaissant Salim, elle sait qu'il ne la laissera pas tranquille. Le lendemain, en se rendant à son travail, elle se sent observée. Serait-elle devenue paranoïaque ? 36iéme partie Pendant un long quart d'heure, le sentiment est renforcé. Besma tente de se concentrer ailleurs, de penser à autre chose. Mais c'est comme si elle est transpercée. Même si elle ne voit pas celui ou celle qui l'observe, elle sait qu'il ou elle est là. Pourquoi ? “Je suis en train de devenir folle ! pense-t-elle. Qui pourrait me fixer dans le dos ?” Elle ne connaît personne à en être capable : Salim. Mais le connaissant aussi dans sa façon d'être, elle sait qu'il ne tiendrait pas en place longtemps. Avec son caractère emporté, si c'était lui, il lui aurait sauté à la gorge depuis un moment. Non, il n'est pas du genre à rester tapi dans un coin, à la regarder. Elle ne peut pas se l'imaginer ainsi. Se sentant mal, elle décide d'appeler son frère Samir et lui demande de venir à elle et de regarder ceux qui l'observent. - Hé ! psst ! Préoccupée et mal, elle n'a pas entendu le coup de klaxon et vu la voiture s'arrêter à sa hauteur. Le chauffeur a dû ouvrir la portière et attendre. - Oh, je m'excuse ! s'écrie-t-elle en s'engouffrant dans l'arrière de la voiture. Bonjour ! - Bonjour ! bougonne le chauffeur en la regardant dans le rétroviseur. Mais où aviez-vous la tête de si bon matin ? - Je ne vous ai pas vu arriver, répond-elle. - Vous étiez occupée à regarder autour de vous. Comme si vous surveillez quelqu'un, ajoute le chauffeur. Est-ce qu'on vous a ennuyée en attendant mon passage ? - Non, non. J'étais distraite. - Par quoi ? - Je me sentais observée, lui confie-t-elle, au point d'être mal. Le chauffeur sourit. - Qui n'observerait pas une jolie fille de bon matin ? Besma secoue la tête. Il ne peut pas comprendre. Elle a l'habitude de croiser des regards admiratifs, certains osent même s'adresser poliment à elle mais, ce qu'elle a vécu ce matin est différent. Ils s'arrêtent un peu plus loin et prennent leurs deux collègues. L'ambiance bon enfant lui permet d'oublier ce moment stressant. Durant toute la journée, n'ayant pas une seconde de répit, elle n'a plus le temps d'y penser. Il est près de seize heures lorsque son portable sonne. Son fiancé Idir est désolé. Il ne peut pas venir la chercher. Un contretemps au travail. - Ce n'est rien, dit-elle. Le transport du travail n'est pas encore parti. Besma se presse de raccrocher et ramasse ses affaires sans perdre une seconde. Depuis qu'elle travaille ici, elle n'a jamais pris celui de la fin de journée. Elle a pris l'habitude d'être ramenée par Idir et le transport ne l'a pas attendue. Elle n'a plus le choix. Elle doit prendre le transport commun et vu comment il est bondé, elle n'a pas le courage d'aller se frotter aux autres. Les taxis se font rares. Et lorsqu'il en passe un, il n'y a pas de place. - Ce n'est pas vrai ! Au bout d'une demi-heure d'attente, elle sort son portable et appelle son père. - Il n'y a pas de transport. Viens me chercher ! - Quelque chose ne va pas ? demande-t-il, en sentant son impatience. - Fais vite, s'il te plaît, le prie-t-elle. Même si elle ne le lui dit pas, il sent qu'elle est morte de peur. A. K. (À suivre)