Atteindre la rive nord de la Méditerranée devient l'obsession de centaines, voire de milliers d'Algériens qui bravent tous les dangers pour toucher de près leur rêve. L'Espagne est l'une des destinations la plus prisée, par les candidats algériens à la traversée clandestine qui s'essayent aussi au voyage vers l'Europe à partir du Maroc en profitant de sa proximité géographique. Nombreux sont ces clandestins à se voir arrêter puis refouler des territoires marocain ou encore espagnol. M. Nourredine Belmedah, président de la Fédération européenne des associations algériennes (FEAA), et représentant de l'Association des ressortissants algériens en Espagne, a évoqué, les conditions de détention des harragas et des détenus en Europe. Rien qu'en Espagne, la fédération a recensé 70 détenus algériens dont 48 ont été innocentés, 13 inculpés et 9 autres sont encore en détention provisoire. Selon notre interlocuteur, ces arrestations interviennent dans le cadre des lois antiterroristes. “Il n'existe aucune preuve tangible de l'implication de ces détenus dans des affaires liées au terrorisme. Leur inculpation a été basée sur des soupçons”, a déclaré, hier, Nourredine Belmedah, lors d'un point de presse tenu au siège du ministère de la Solidarité, à Birkhadem. S'agissant des conditions de détention des Algériens en Europe, notre interlocuteur a cité des dépassements et abus de pouvoir notamment des cas d'agression physiques précisément dans les prisons espagnole et italienne. Les mêmes conditions ont été, également, signalées dans les centres de détention des émigrés clandestins. À ce sujet, le président de la fédération a eu une séance de travail au niveau du ministère des Affaires étrangère, où il a exposé les problèmes des sans- papiers détenus à l'étranger. “Nous avons proposé au MAE d'établir des passeports aux sans-papiers algériens détenus à l'étranger afin de leur faciliter leur rapatriement notamment pour les corps repêchés sur le territoire espagnol. Les autorités, pour leur part, ont promis d'étudier la proposition”, a-t-il dit Sur la question des disparus et le repêchage des dépouilles des émigrés clandestins ainsi que leur rapatriement, la fédération a mis en place une commission nommée Phénix qui travaille en étroite collaboration avec les autorités espagnoles afin d'identifier les cadavres. Sa mission consiste à l'identification de l'ADN. Par ailleurs, une commission nationale des harragas a été, récemment, installée en Algérie. Elle s'occupera de dresser des listes et de faire un travail de proximité avec les familles des disparus. Le président de la fédération, nous a avoué que, selon les autorités espagnoles et algériennes, que le phénomène des harragas a sensiblement diminué. Une déclaration dépourvue de statistiques et qui est contredite par la réalité du terrain. Nabila Afroun