Ce chiffre dément ainsi certaines informations qui parlaient de recettes avoisinant les mille milliards de dollars durant la période citée plus haut. En parallèle, et malgré les efforts et le soutien apporté aux différents secteurs économiques du pays (industrie, agriculture et services), les exportations hors hydrocarbures restent très faibles et n'ont été que de 9,95 milliards de dollars ces douze dernières années. Un montant qui ne couvre même pas la facture de deux années d'importations de produits alimentaires de base. Les faibles performances de l'économie algérienne nous renseignent sur cette forte et dangereuse dépendance des finances du pays vis-à-vis des hydrocarbures. Comment donc ont été utilisés les 462 milliards de dollars ? Ces rentrées financières ont servi à financer des importations de biens qui se sont élevées à 254,21 milliards de dollars de 1999 à 2010. Celles-ci ont explosé ces dernières années. En 1999, l'Algérie n'avait importé que pour 8,95 milliards de dollars. En 2010, la facture des importations a atteint un pic de 40,21 milliards de dollars. Mais cette hausse importante des importations constatée ces dernières années a un lien direct avec le lancement des différents plans de développement, mais montre aussi l'aggravation de la facture des importations de biens alimentaires et de médicaments. En moyenne annuelle, l'Algérie importe pour sept milliards de dollars de produits alimentaires, surtout des céréales, des huiles brutes, de la poudre de lait et du sucre. La majorité des entreprises intervenant dans l'agroalimentaire appartiennent aux privés. Donc, l'argent du pétrole sert à financer les importateurs privés intervenant dans le raffinage des huiles alimentaires et du sucre ainsi que la production du lait et dérivés à partir de la poudre importée. Le pétrole a aussi financé les importations de médicaments à hauteur de deux milliards de dollars et pour presque trois milliards de dollars celles des véhicules. Ainsi, les importateurs privés de médicaments et les concessionnaires automobiles ont largement bénéficié de la manne pétrolière ces dernières années. Cet argent a, entre autres, servi à importé des biens d'équipements, du ciment et du rond à béton pour la réalisation des différents projets autoroutiers et routiers ainsi que celle des logements, écoles, universités, etc. Mais l'argent du pétrole n'a pas seulement servi à couvrir les importations de biens de 1999 à 2010. Un lourd déficit de la balance des services non facteurs importés s'est creusé ces dernières années suite au lancement du plan quinquennal de développement. Ces quatre dernières années, l'Algérie a importé de plus en plus de services dans le domaine des transports, du bâtiment et des travaux publics ainsi que des services techniques aux entreprises. En 2009, les services non facteurs importés par le pays ont été de 11,63 milliards de dollars. Ces importations n'ont été que de 2,44 milliards de dollars en 2001. De 1999 à 2010, les recettes des exportations des hydrocarbures ont permis de couvrir 32,19 milliards de dollars de déficit de la balance des services importés. L'argent du pétrole en Algérie a aussi servi à régler le problème de l'endettement extérieur. En 2005, et profitant d'une embellie financière résultat d'une amélioration sensible des prix du baril de pétrole, l'Algérie décide de rembourser par anticipation sa dette extérieur. Quelques mois plus tard, 16 milliards de dollars de dette publique détenue par le Club de Paris seront remboursés. Un autre accord avec le Club de Londres permettra de rembourser par anticipation 8,5 autres milliards de dollars de dettes privées. Enfin, 3,1 milliards de dollars le seront au profit des autres institutions financières internationales. Au total, 27,6 milliards de dollars de dettes seront remboursés en l'espace d'une année. Tandis qu'une dette de 4,7 milliards de dollars détenue par la Russie sera annulée en contre-partie d'achat d'armes de ce pays. Du coup, la dette extérieure du pays passera de 28,14 milliards de dollars en 1999 à seulement 5,41 milliards de dollars en 2009. Enfin, le reste des rentrées en devises est allé renforcer les réserves de change du pays. En 1999, elles n'étaient que de 4,40 milliards de dollars, ne pouvant couvrir que cinq mois d'importations de biens et de services. En 2009, les réserves de change avaient atteint 148,91 milliards de dollars, couvrant ainsi 36,41 mois d'importation de biens et de services. En 2010, les réserves de change, selon la Banque d'Algérie, ont atteint les 155 milliards de dollars. En clair, entre 1999 et 2010, pas moins de 150 milliards de dollars de l'argent du pétrole sont venus renforcer les réserves de change. Concernant la partie dinars de ces rentrées pétrolières en devises, elles ont servi à financer le budget dans sa partie fonctionnement et équipement, et surtout permis au gouvernement de lancer les plans de développement. Mais reste tout de même ce constat. Cette manne pétrolière, qui n'est pas aussi importante qu'on le croit, n'a pas aidé le pays à sortir de sa forte dépendance des hydrocarbures.