Pas de redressement des exportations hors hydrocarbures, malgré une hausse de plus de 50% en 2010. En fait, l'Etat calcule les exportations hors hydrocarbures en additionnant à celles-ci les produits dérivés du pétrole ! En tout cas, la tyrannie du statu quo des produits manufacturés algériens est un fait. Hausse de 50% des exportations hors hydrocarbures paradoxalement étayée par les produits dérivés ! : Selon l'Agence algérienne de promotion des exportations (Algex), «le redressement des exportations hors hydrocarbures n'est pas le résultat de gros efforts à l'exportation, ni d'une amélioration de la productivité et de la qualité des produits», relevant qu'il est du notamment à «une évolution des exportations des produits dérivés des hydrocarbures et à une augmentation des exportations de sucre dont la matière première est à 100% importée». D'après les statistiques officielles, les exportations hors hydrocarbures de l'Algérie ont enregistré une hausse de près de 52% en 2010 à 1,62 milliard de dollars contre 1,06 milliard de dollars en 2009, année durant laquelle elles ont connu une baisse de 46%. Il s'agit notamment des huiles et produits provenant de la distillation des goudrons, qui ont enregistré une hausse de 66,36% avec 518,7 millions de dollars, contre 311,9 millions de dollars en 2009, selon les Douanes. Analysant la structure de ces exportations l'Agence relève que certes, la liste des produits exportés peut paraître, à priori, relativement importante (827 sous-positions tarifaires), ce qui peut être apprécié comme révélateur d'un large potentiel, mais «la valeur reste relativement faible». Selon l'Agence, les 10 premières sous-positions exportées représentent près de 80% des exportations dominées par les produits dérivés des hydrocarbures. La valeur des produits dérivés des hydrocarbures a enregistré une hausse de près de 62% en 2010 par rapport à 2009, passant de 545,85 millions de dollars à 881,34 millions de dollars. Cette augmentation s'explique, selon Algex, par «la forte demande internationale des produits pétroliers en raison de la reprise de la croissance de l'économie mondiale». L'exportation des produits alimentaires en nette progression Les produits alimentaires, avec une part de 19% des exportations hors hydrocarbures et une évolution de 170% de la valeur par rapport à 2009, ont également contribué au redressement de ces exportations en 2010. Ces produits constitués principalement de sucre (76%) dont la valeur a enregistré un record l'année dernière avec 231,35 millions de dollars contre 7 millions de dollars seulement en 2009, précise l'Agence. Le groupe agroalimentaire Cevital, qui est le premier exportateur de sucre en Algérie avec 400.000 tonnes de sucre en 2010, compte doubler ses exportations à 800.000 tonnes en 2011, selon les chiffres avancés par son PDG récemment. Pour Algex, les exportations hors hydrocarbures «restent faibles et peu diversifiées et ne représentent que 2,86% de la valeur globale des exportations algériennes» de 2010 qui étaient de l'ordre 56,6 milliards de dollars. Malgré une hausse de près de 52% par rapport à 2009, la valeur de ces exportations l'année dernière reste inférieure à celle enregistrée en 2008 (1,94 milliards de dollars) et «ne couvre même pas les importations des médicaments qui se sont chiffrées à 1,66 milliard de dollars», selon la même source. Les mesures d'encadrement et d'accompagnement de l'appareil de production, prises les dernières années, commencent à donner leur fruit et le résultat enregistré en 2010 devrait être plus «important» les années prochaines, dira cet expert. L'avis des exportateurs algériens Pour M. Djebara Omar, de l'Association nationale des exportateurs (Anexal), l'accompagnement professionnel des PME et l'accélération des mesures incitatives pour assainir l'environnement de l'entreprise, demeurent un «préalable déterminant» dans la promotion des exportations hors pétrole. Cette évolution «est conjoncturelle et de faible ampleur, puisque elle est tirée essentiellement par des dérivés des hydrocarbures», selon M. Djebara qui a plaidé pour «une stratégie d'envergure» pour accompagner davantage les exportateurs potentiels. «Il faut une synergie d'efforts et un mouvement d'ensemble pour hisser le volume des exportations au niveau souhaité», a-t-il souligné. Le faible niveau des exportations hors hydrocarbures a incité les pouvoirs publics à tracer une démarche nationale en matière de promotion du développement économique, qui vise la valorisation des ressources naturelles du pays, la substitution à l'importation et la diversification de la production nationale ainsi que la promotion des exportations. Cette démarche s'appuie, selon les explications du Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, lors de la présentation de la déclaration de politique générale du gouvernement devant le Parlement, essentiellement sur le secteur de l'agriculture qui bénéficiera d'un important appui financier d'un montant annuel de 200 milliards de DA. Près de 200 entreprises publiques ont déjà bénéficié de la mise en route de leur processus de modernisation pour un total de plus de 600 milliards de DA, dont près de 500 milliards DA de crédits bancaires sur le long terme et fortement bonifiés. L'apport des PME … insuffisant Pour les petites et moyennes entreprises, le Premier ministre a fait savoir que l'Etat a mis en place un important programme de soutien et un arsenal de dispositions pour garantir leurs crédits bancaires, et d'alléger leurs charges fiscales et parafiscales. Plus de 40 PME exportatrices, sur un total de 600 entreprises à l'échelle nationale, ont été sélectionnées pour bénéficier d'un accompagnement technique durant deux ans, au titre d'un programme renforcement des PME exportatrices hors hydrocarbures (Optimexport).