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Les décharges sauvages pullulent
Publié dans La Nouvelle République le 02 - 05 - 2011

Trois douars relevant de la daïra d'El-Hachem, à savoir : Aïn-Mansour, Hadjar et Remaikia, vivent en dehors du temps et de l'espace. Ils végètent dans l'enclavement et la misère profonde.
Trois douars relevant de la daïra d'El-Hachem, à savoir : Aïn-Mansour, Hadjar et Remaikia, vivent en dehors du temps et de l'espace. Ils végètent dans l'enclavement et la misère profonde. Le douar d'Aïn-Mansour est distant de sept kilomètres de la commune –mère, et nous empruntons le CW N°35, une route sinueuse complètement avachie des deux côtés, aux ornières escarpées. Le conducteur était obligé de s'écarter à plusieurs reprises de la route pour laisser passer les seuls camions d'une entreprise des travaux publics qui empruntent ce chemin. Les trois douars, à l'exemple des autres hameaux de la région sous la coupe de la wilaya, demeurent ignorés des responsables locaux, sauf par le nouveau chef de daïra d'El-Hachem, dont on nous fera savoir qu'il demeure à l'écoute de la population, et les gens qu'on a côtoyés parleront en ces termes : «Il est injuste de notre part de dénigrer le nouveau chef de daïra qui fait dans la transparence et le travail de proximité. Il demeure que dans cette optique, c'est le président de l'assemblée par intérim à qui il incombe cette tâche, et nous dénonçons ce laxisme envers les populations de la commune mère et des douars, où nous vivons la misère, la hogra et l'exclusion sociale. Le président de l'assemblée par intérim est impuissant à administrer les populations». En effet, ici les informations qui circulent font état que le président de l'assemblée populaire communale délégué par intérim, activant sous la bannière du Rassemblement national démocratique (RND), n'a plus la cote dans sa propre circonscription, où la majorité des populations approchées au cours de notre déplacement le définit comme étant «alimentaire et incapable» de gérer l'agglomération, voire même un douar, vu son manque de communication avec la population concernée. Dans ce contexte attristant, les citadins ont l'impression d'être enterrés vivants. La discrétion, la pudeur, la dignité affichées spontanément arrivent à peine à cacher un complexe profond de persécution issu du sentiment d'être marginalisé, rejeté délibérément par l'Etat et ses commis. Nous laissons le soin au premier magistrat de la wilaya, de décider des enseignements qui s'imposent pour remédier à ces faux élus qui écument les destinées des populations. Nous avons de notre côté voulu entendre la version des faits de l'irascible élu, mais peine perdue, la note de service du tout nouveau wali interdit toute communication avec la presse écrite. A Aïn-Mansour, les habitants que nous avons rencontrés, résignés, sont montés au créneau pour s'insurger contre le P/APC par intérim, et ce, en date du 30 mars où une protestation a failli dégénérer en une émeute, si ce n'était l'intervention du nouveau chef de daïra qui su apaiser les esprits. Les 4000 habitants, en plus du douar Hadjar où sont annexés quelque deux cents ruraux, sont confrontés au problème de la décharge publique et ils cohabitent avec les immondices. Les déchets ménagers, ici, ne sont pas ramassés, et par conséquent, ils sont localisés dans des sites à vocation publique et à ciel ouvert : le long de la route, dans des terrains vagues, sous le pont et de manière chaotique à côté des habitations à l'exemple du douar Hadjar. Cette promiscuité n'est pas sans poser de graves problèmes de santé publique, de pollution et de défiguration des paysages qui sont appelés à s'aggraver de jour en jour. En plus de ces problèmes d'immondices, des citoyens rencontrés à la cime du douar Hadjar nous feront savoir qu'au cours de la protesta du 30 mars dernier, ils avaient exigé la fermeture irons-facto, de hangars d'élevages de poulets qui appartenaient à un privé. Les deux hangars de fortune qui sont implantés à Aïn-Mansour centre avaient occasionné des dégâts sur l'environnement et la santé publique des riverains. Sans autorisation de l'administration, il sera fermé. L'autre problème de taille demeure le complexe avicole appartenant à l'Oravio, fort d'environ dix hangars implantés depuis des années, et dont le schéma directeur pour la construction d'un CEM qui a été proposé il y a de cela plus d'une année dans des conditions lamentables a soulevé une vive polémique et a fait l'objet de plusieurs critiques, vu que le nouvel établissement, qui demeure toujours en construction, est distant seulement d'une trentaine de mètres du complexe pointé du doigt. Des discussions sont actuellement en cours au niveau de la direction générale de l'Oravio pour délocaliser le site vers une région de la daïra d'El-Hachem. Depuis cette prise de position citoyenne des populations des deux douars sorties de l'anonymat pour se faire entendre, une annexe de l'assemblée populaire communale, un centre de santé et une agence postale ont été à la va-vite ouverts, sans pour autant apporter les solutions qui s'imposent vis-à-vis de la population en matière de service public. L'amélioration des conditions de vie des populations interrogées est loin d'être résolue et rien ne semble fonctionner dans le bon sens. Les autochtones payent le prix des élus de la commune mère d'El-Hachem, qui n'arrivent plus à régenter les douars peuplés. Manque d'éclairage public, l'asphalte ou plutôt un goudron d'une qualité douteuse, chèrement acquis par la collectivité qui a été posé par un entrepreneur de la région à Hadjar. Les citoyens diront en ce sens : «Ils viennent, ils posent l'asphalte sans étude du sol, ils bouchent les trous, colmatent les brèches et partent avec des milliards, vu que ces chemins communaux ne sont pas traversés par les officiels. Du bricolage en perspective. Vous appelez ça un marché public ?». Ici, même les douars n'ont pas été épargnés par les transactions douteuses où des sommes faramineuses ont été dilapidées à des fins occultes. Des projets fictifs et autres anomalies sont visibles à l'œil nu. Ces «marchés publics» qui s'expédient dans des communes isolées et autres douars fantômes sont devenus au niveau de la wilaya de Mascara, des «contes publics», connus sur la place publique. Le douar Hadjar, comme son nom l'indique, a été construit dans des conditions biscornues, situé en amont du douar Aïn-Mansour, il sera reconnu par l'Etat, où des travaux fluctuants ont été engagés pour, paraît-il, faire un semblant d'assistanat de la politique sociale, où la facture est salement payée par la collectivité. Des trottoirs indescriptibles, un goudron douteux et dégradable à la moindre chute de pluie, éclairage public posé dans des conditions honteuses, etc. Les habitants cohabitent avec les immondices et les fosses septique à ciel ouvert. Un vieux âgé d'environ 75 ans, maîtrisant la langue de Molière, nous interpelle en ces termes : «C'est l'été qu'il faudrait nous rendre visite, quand la puanteur nous rend la vie difficile. Ici, nous cohabitons avec la décharge publique à ciel ouvert mais aussi avec l'élevage pastoral qui nous empoisonne l'existence.» En descendant le chemin escarpé du douar Hadjar, un enfant âgé de neuf printemps, qui nous a accompagné au cours de notre balade pédestre, nous fera savoir qu'au niveau de l'école primaire Mohamed El-Khalifa une cantine scolaire a servi à plusieurs reprises des produits périssables, tels que des fromages douteux distribués aux enfants, y compris au sein de l'annexe Mesraf Djilali. L'information en question, s'il elle s'avère exacte aura des conséquences néfastes, surtout quand elle touche à la santé des enfants. Les produits douteux qui sont distribués illégalement dans les cantines scolaires devront normalement subir des analyses draconiennes avant de les mettre à la table des miséreux. Dans ce contexte déplorable, des enfants nous ont confirmé en ces termes : «Les fromages qu'on nous a refilés à plusieurs reprises s'apparentaient à un produit liquide dégageant une odeur saumâtre, ce qui nous a poussé à nous en débarrasser.» Dans un autre contexte, un citadin nous dira qu'une fillette de huit printemps a été fauchée par un véhicule à proximité de l'école qui se trouve sur le chemin de wilaya 35, et un ralentisseur serait opportun pour sauver d'autres écoliers. Tous vivent dans la misère absolue, pas de café pour tuer le temps, rien que le néant, le vide absolu où on s'ennuie à mourir et les citoyens commencent d'ailleurs à exprimer de plus en plus ouvertement leur colère. Manseur Si Mohamed

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