Le récent déplacement en Libye de Sadek Bouguetaya, membre du comité central au titre de représentant de Abdelaziz Belkhadem secrétaire général du FLN, n'en finit pas d'entraîner des réactions sur l'ensemble du territoire national. C'est que celui qui avait fait campagne contre la candidature de Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la République a mis réellement les deux pieds dans le plat. Son soutien clairement exprimé au dictateur libyen au nom de son parti politique et, sans avoir le mandat du peuple algérien a surpris tout le monde. Même à Souk-Ahras, sa région natale, cet ex-élu à l'Assemblée populaire nationale déchu par son propre parti politique puis récupéré par Belkhadem lors du dernier congrès du FLN, s'est attiré la colère de ses anciens compagnons de route. La même réaction est enregistrée dans la majorité des wilayas de l'Est du pays. C'est dire que le vent de la révolte contre la démarche de Belkhadem a pris de l'ampleur. A Souk-Ahras, Annaba, Tarf, Batna, Oum El Bouaghi, Khenchela, Biskra, Tébessa, Guelma, Constantine notamment, se sont multipliées les dissidences des cadres et des militants restés jusqu'ici fidèles à Belkhadem. Plusieurs ont rejoint le Mouvement de redressement et d'authentification (MRA) du FLN. D'autres à Annaba ont créé une cellule de crise à l'effet de collecter les signatures de ceux se démarquant de la démarche de Saddek Bouguetaya. C'est le cas de MM. Allioui et Brahmi, tous deux membres du comité central, le sénateur Dib et le P/APW de Annaba, Zeroual. Ils se sont réunis récemment à Annaba et ont couché noir sur blanc leur refus de l'ingérence de notre pays dans le conflit fratricide libyen. La même crise est signalée dans les autres régions du pays. «Ce déplacement en Libye est une véritable infamie. Connu pour son opportunisme de tout instant et nullement mandaté, il n'a pas hésité à parler au nom du peuple algérien qui ne l'a pas mandaté pour cette mission», ont affirmé plusieurs de ces dissidents. La démarche de Bouguetaya a activé les hostilités latentes du grand nombre. Elle a ainsi largement fédéré autour de la question de la démission de Abdelaziz Belkhadem de son poste de secrétaire général. Certains parlent même de nécessité d'une réunion au sommet du parti pour dessiner un nouveau FLN au diapason de la modernité contre l'actuel animé par ceux qui n'ont rien d'autre que leur opportunisme pour avancer. Cette proposition a manifestement trouvé des suffrages au sein des militants et des cadres ; pour preuve, les communiqués qui affluent des structures locales du MRA. «Jamais de mémoire de véritable militant, le FLN n'a atteint un tel niveau de pourrissement. A de rares exceptions, il n'y a plus que des opportunistes et des lèche-bottes qui pour sauvegarder des privilèges, sont prêts à s'allier avec le diable. Il faut que cela cesse», répètent plusieurs anciens militants du FLN à Annaba. Réformes politiques : les cinq groupes de travail remettront leurs propositions Les cinq groupes de travail devant travailler sur les propositions du Front de libération nationale (FLN) sur les réformes politiques, remettront leurs rapports au secrétaire général du FLN, a indiqué mercredi à Alger le vice-président du groupe parlementaire de cette formation politique, M. Hocine Khaldoun. Le SG du FLN, M. Abdelaziz Belkhadem, doit à son tour soumettre ces rapports au comité central du parti, dont la réunion est prévue début juin, a encore affirmé M. Khaldoun lors d'un exposé sur les réformes politiques au Forum d'El Moudjahid. Le 27 avril passé, cinq groupes de travail avaient été installés par M. Belkhadem pour déterminer les propositions de leur parti sur les principaux points des réformes politiques annoncées, notamment une série de révisions de lois, outre la révision constitutionnelle : loi électorale, loi sur les partis politiques et les associations, loi sur l'information, loi organique sur la promotion de la participation de la femme dans les institutions élues. Evoquant la révision prochaine de la loi électorale, le vice-président du groupe parlementaire du FLN a estimé que ce pas était «nécessaire», en particulier pour mettre fin à la «corruption» qui caractérise l'activité politique, y compris au sein des partis. Abordant la proposition relative à la révision de la loi sur l'information, M. Khaldoun, tout en rappelant qu'il s'agissait d'une revendication d'une majorité de journalistes, a expliqué que cette révision était nécessaire pour pouvoir prendre en charge des situations de fait comme celles relatives à la réhabilitation de la profession et à la situation sociale et professionnelle des journalistes. Il a notamment cité les dispositions des articles 41 et 42 de l'actuelle loi qui engagent une chaîne de responsabilités dans les cas de diffamation, tout en considérant qu'il s'agit de dispositions copiées de la loi française qui consacre la responsabilité pénale «en cascade» dans les cas de diffamation. Dans ce cas, est engagée la responsabilité à la fois du journaliste, du rédacteur en chef et du directeur de la publication, ce que les juristes, a noté M. Khaldoun, n'arrivent pas à expliquer. Il a même estimé que le secteur de la presse pouvait se passer d'un ministère de la Communication et se suffire d'un Conseil supérieur de l'Information. A. Djabali