Face aux bouleversements mondiaux, aux grands espaces économiques, l'accélération des réformes économiques conciliant efficacité économique, cohésion sociale et démocratisation au Maghreb passe, au préalable, par l'instauration d'un Etat de droit qui peut, dans une première phase, ne pas recouper la démocratie. La raison essentielle trouve un fondement socio-historique qui rend d'actualité les analyses ibn-khaldouniennes avec le poids du politique dans les sociétés maghrébines, accentué par des structures tribales qui se consolident en période de récession économique. Il s'agira impérativement d'intégrer cette sphère dominante au niveau du Maghreb par la délivrance des titres de propriété devenant citoyenne, car acquise aux réformes pouvant constituer une force sociale dynamisante. Dès lors s'impose la nécessité d'une véritable révolution culturelle pour inculquer l'esprit d'entreprise et libérer l'ensemble des énergies créatrices. Au niveau des pays du Maghreb, cela passe par la coordination des politiques commerciales, fiscales, douanières et des banques centrales. Il serait souhaitable la mise sur place d'une banque centrale maghrébine (condition préalable avant de lancer une monnaie maghrébine) qui serait un maillon du système européen des banques centrales et à l'avenir du projet de la banque et de la Bourse centrale euro-méditerranéenne à l'horizon 2020, ce qui dynamiserait les échanges intermaghrébins. Nous ne comprenons toujours pas pourquoi ce retard dans la concrétisation pourtant prévue de la Banque d'investissement maghrébine. Nous pensons fermement et après analyse que l'intensification de la coopération entre l'Europe et le Maghreb, le Maghreb et les Etats-Unis d'Amérique, le Maghreb et les pays émergents, fondée sur la démocratisation de la région et le partenariat, l'introduction de l'investissement direct permettrait de bouleverser ces comportements et de les inscrire dans une perspective dynamique et faire du bassin méditerranéen un lac de paix et de prospérité. C'est que l'espace méditerranéen peut être ce lieu de création de réseaux rationnels. Car l'économie de marché concurrentielle répond à des lois universelles, mais il existe des spécificités sociales nationales dont il convient de tenir compte car source d'enrichissement mutuel permettant de communiquer avec des cultures lointaines et favorisant la symbiose des apports de l'Orient et de l'Occident. Ce réseau doit favoriser les liens communicationnels, les ères de liberté dans la mesure où les excès du volontarisme collectif inhibent tout esprit de créativité. Il y a lieu d'accorder une attention particulière à l'action éducative, l'homme pensant et créateur devant être à l'avenir le bénéficiaire et l'acteur principal du processus de développement. C'est pourquoi nous préconisons la création d'une université maghrébine ainsi qu'un centre culturel de la jeunesse méditerranéenne comme moyen de fécondation réciproque des cultures et la concrétisation du dialogue soutenu pour éviter les préjugés et les conflits, sources de tensions inutiles, afin de favoriser l'émergence de nouveaux comportements pour un devenir solidaire. C'est que le Maghreb est une région géographique présentant une expérience millénaire d'ouverture sur la latinité et le monde arabe avec des liens naturels et, dans son ensemble, porte de culture et d'influences anglo-saxonnes. Economiquement le Maghreb présente des potentialités pour la promotion d'activités diverses et cette intégration peut être un exemple de ce partenariat global par l'amplification et le resserrement des liens et des échanges sous différentes formes. Il est indispensable que le Maghreb développe toutes les actions qui peuvent être mises en œuvre pour réaliser des équilibres souhaitables à l'intérieur de cet ensemble. En fait, la constitution d'espaces régionaux économiques faibles est une étape d'adaptation structurelle au sein de l'économie mondialisée. Et afin de favoriser un quadruple objectif solidaire, la démocratie politique, une économie de marché concurrentielle à base de concertation sociale, les débats contradictoires d'idées par des actions sociales et culturelles pour combattre l'extrémisme et le racisme, la mise en œuvre d'affaires communes n'oubliant jamais que les entreprises sont mues par la seule logique du profit et, dans la pratique des affaires, il n' y a pas de sentiments. Dans ce cadre, l'émigration maghrébine, ciment des liens culturels, peut être la pierre angulaire de la consolidation de cette coopération. C'est un élément essentiel de ce rapprochement du fait qu'elle recèle d'importantes potentialités économiques et financières. La promotion des relations entre le Maghreb et sa communauté émigrée doit mobiliser à divers stades d'intervention l'initiative de l'ensemble des parties concernées, à savoir le gouvernement, les missions diplomatiques, les entrepreneurs, les commerçants et les compétences individuelles. L'engagement implicite caractérisant les relations entre nos communautés émigrées et les pays d'origine ne doit pas occulter les légitimes intérêts strictement économiques des parties concernées pour garantir la rentabilité et la pérennité des opérations engagées. Les pouvoirs exécutifs devraient veiller, dans le cadre organisationnel et législatif, à alléger l'ensemble des procédures administratives afin de favoriser la promotion de l'investissement et les échanges commerciaux, à l'instar de pays qui utilisent leurs compétences localisées à l'étranger comme point d'appui au développement. (Suite et fin)