Jeudi 16 juin 2011, 9h. A l'entrée du complexe olympique Imam-Lyès de Médéa, on ne voyait que des petites têtes. Des jeunes volleyeurs sont venus de 20 wilayas du pays pour prendre part au plus grand rassemblement de mini-volley au niveau national. Une date coïncidant aussi avec la Journée de l'enfant africain et la Journée nationale du volley-ball. Pendant que certains clubs font déjà la queue pour entrer dans l'enceinte du stade, des bus continuent de déverser des grappes de jeunes sportifs dont certains affichent une fatigue non contenue. Il faut dire qu'ils viennent de partout : Alger, Béjaïa, Chlef, Bouira, Tlemcen, Ouargla, Djelfa, Tiaret, Laghouat, Illizi, Adrar, Tindouf, Tizi Ouzou, Ghardaïa, Tipasa, Médéa, Boumerdès, Blida, Tissemsilt, Aïn Defla et Tamanrasset. Le voyage de deux jours en bus, effectué par certains, ne les a pas découragés, bien au contraire. Ils n'auraient manqué pour rien au monde cet événement sportif, premier du genre. La fête est grandiose. Les organisateurs semblent avoir fait les choses avec faste, puisqu'on entend déjà la fanfare à des dizaines de mètres à la ronde. Peu à peu, les équipes se placent sur le terrain. Un terrain qui, soit dit en passant, présente une pelouse impeccable, sur laquelle ont été délimités 36 terrains de 12 m sur 6 m, divisés en deux camps, séparés par un filet de 2 mètres de haut et ce, en prévision des matchs qui devront s'y dérouler. 10h15, les invités de marque et tous les officiels sont là : les présidents de la FIVB, de la FAVB, le wali de Médéa, le président de l'APC de Médéa, le représentant du ministre de la Jeunesse et des Sports ainsi que les autorités civiles et militaires. La cérémonie commence avec l'hymne national, suivi des allocutions de bienvenue des premiers responsables de la wilaya et du secteur des sports. A cet effet, le président de la Fédération algérienne de volley-ball, Mustapha Lemouchi, déclare accréditer Médéa du statut de «capitale nationale du volley-ball». La délégation officielle foule, ensuite, la pelouse pour se rapprocher des jeunes sportifs. Le président de la Fédération internationale de volley-ball, M. Jizhong Wei, est la star incontestée des jeunes volleyeurs. Normal, il représente l'instance suprême de la discipline au niveau mondial. Profitant de ce petit bain de foule, et acculé par les questions des journalistes, il fera savoir qu'«en Afrique, plusieurs pays organisent ce genre de manifestation. Cette année, j'ai choisi de venir en Algérie pour soutenir un champion». «Un enfant, un ballon» Alors que le volley-ball est une tradition ancrée dans les mœurs sportives de plusieurs nations, chez-nous, ce sport collectif demeure quelque peu marginalisé, notamment par les jeunes qui lui préfèrent d'autres disciplines comme le football. C'est pourquoi, les instances du volley-ball algérien ont, en partenariat avec le ministère de tutelle, initié cette journée, sous le slogan «Un enfant, un ballon» afin d'aider à la promotion de cette discipline, en espérant que cela donnera envie aux jeunes d'adhérer aux dizaines de clubs qu'ils soient professionnels ou amateurs, disséminés à travers tout le territoire national. Sur les 5 000 jeunes licenciés attendus au niveau des quatre villes choisies par les responsables de la FAVB : Aïn Témouchent, Médéa, Guelma et Batna, plus de 2 000 étaient regroupés à l'OPOW de Médéa. Au cours de cette journée, des matchs ont été disputés, permettant ainsi aux différentes équipes participantes de jauger leur niveau et de mesurer leurs capacités sur le terrain. Malheureusement, il est à noter un cafouillage au niveau de l'organisation. Des équipes ont, en effet, été lésées du fait qu'elles n'ont pas pu jouer, ni même se restaurer ou recevoir les casquettes offertes pour la circonstance. D'ailleurs, elles ont quitté le complexe, dépitées. Les enfants étaient déçus d'avoir fait le déplacement jusqu'à Médéa, d'avoir subi une chaleur écrasante pour, en fin de compte, rentrer bredouille, sans même avoir touché au ballon ! ? Une discipline… des attentes ! Rencontrés sur la pelouse du stade de Médéa, plusieurs participants ont fait part de leurs attentes concernant la prise en charge et la promotion de la discipline en Algérie. Bien qu'ils viennent des quatre coins d'Algérie, leurs attentes demeurent les mêmes car confrontés à la même réalité du terrain. Ainsi, M. Yousfi, entraîneur de Affak El-Attaf et cadre à la DJS de Aïn Defla, nous fera savoir que son équipe recèle de véritables potentialités. «Nos jeunes sont vraiment motivés et nous faisons tout ce que nous pouvons pour les aider à percer dans cette discipline.» Mais il ne manquera pas l'occasion de lancer un appel aux autorités compétentes pour la création d'une ligue de volley-ball au niveau de Aïn Defla. De son côté, Mouloud Belmadani, du NRB Hamamet (Alger) indiquera que c'est la première participation de son équipe à une rencontre hors wilaya. «C'est une bonne initiative à portée éducative, car elle permet l'échange entre les enfants, autour d'une discipline sportive.» Concernant les moyens dont dispose le club, M. Belmadani notera certaines insuffisances tant au niveau matériel qu'humain, aussi, il espère que le club bénéficiera à l'avenir de subventions un peu plus conséquentes afin d'aider à une meilleure prise en charge du volley-ball au niveau de Hamamet. «Notre objectif est de former des jeunes pour l'avenir. Chaque année, nous faisons une promotion au niveau local, afin, d'attirer les jeunes vers la discipline.» Fethi Benouar, du club sportif femmes de Temacine, dans la wilaya de Ouargla, est venu accompagné de 10 volleyeuses, bien que le club communal, crée en 1999, en compte 26. «Le volley-ball occupe une bonne place dans le paysage sportif de la commune de Temacine. Malheureusement, nous n'avons pas de terrain pour nous entraîner.» En effet, ces détentrices du titre de championnes de wilaya dans les catégories minimes et cadettes s'entraînent au niveau des «établissement scolaires et nous aimerions avoir notre propre espace d'entraînement», dira-t-il encore. Le président de la section volley-ball de l'AO Mouzaïa, Farid Gherbaï, fera savoir, pour sa part, que même si le volley-ball a sa place dans la configuration sportive de la localité de Mouzaïa, une meilleure promotion au niveau de la masse et des écoles ne pourrait qu'être bénéfique pour mieux faire connaître la discipline. Revenant, par ailleurs, sur les moyens dont dispose le club, M. Gherbaï dira espérer «une amélioration des infrastructures, tels qu'un tableau d'affichage électronique et des poteaux électriques au niveau de la salle omnisports mais aussi et surtout un meilleur soutien, à la fois moral et financier, de la part des élus locaux». Même son de cloche du côté de l'ES Djelfa. Fayçal Saheb nous confiera, en effet, que «le club a eu les moyens que ce soit du fonds de wilaya, de l'APW ou de l'APC mais cela demeure insuffisant au vu du nombre d'adhérents mais aussi des ambitions affichées par les dirigeants du clubs pour promouvoir la discipline». A noter que l'ES Djelfa a disputé les matchs barrages pour l'accession en Nationale 1, sans y parvenir. «Ce n'est que partie remise», dira-t-il optimiste. Pour M. Nouichi, un des responsables du CASA Mohammadia (Alger), «nous ne sommes pas confrontés à un problème financier. Nous avons un budget que nous répartissons au mieux suivant les besoins du club. Par contre, nous souffrons d'un problème administratif, du fait que nous sommes trois clubs à nous entraîner dans la même salle. La programmation des séances d'entraînement reste insuffisante». L'autre souci du club réside dans le manque de matériel, notamment les ballons : «Nous avons des difficultés à trouver des ballons de volley-ball de qualité, car il n'y a pas de fournisseur officiel. Donc, les responsables devraient se pencher sur le problème car je suppose que nous ne sommes pas les seuls à y être confrontés.»