Le grand défi des temps modernes consiste à garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le monde, en développant durablement l'agriculture, a affirmé, hier, à Rome, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, devant la 37e conférence de la FAO. «Aujourd'hui, grâce au travail mené au niveau des pays, mais aussi au sein de la FAO (...), l'agriculture, son développement durable, les industries agroalimentaires et la protection sanitaire des consommateurs sont devenus un enjeu central», a souligné M. Benaïssa. Il a averti que «des menaces sérieuses de crise alimentaire persistent encore et suscitent des inquiétudes légitimes, amplifiées par des conditions climatiques de plus en plus difficiles, une crise économique et financière qui perdure et une volatilité des prix des produits de base». Le ministre a rappelé que l'Afrique était «la première région du monde à en pâtir», précisant qu'en dépit de l'existence de «potentialités agricoles prometteuses», ce continent restait «le plus affecté par le phénomène de la famine et de la malnutrition», nécessitant l'attention de tous. Pour faire face à cette situation, M. Benaïssa a estimé que l'Afrique avait besoin «aujourd'hui, plus qu'avant d'une stratégie qui privilégie entre autres, l'accroissement des superficies cultivées de manière durable, la sécurisation des approvisionnements alimentaires, l'amélioration des infrastructures rurales ainsi que la promotion de la recherche agricole et l'adoption et la diffusion des technologies modernes». L'Afrique, «consciente de ces enjeux, a lancé elle-même le concept de nouveau partenariat pour le développement (Nepad)», soulignant également l'appel du continent noir à la communauté internationale et à ses partenaires «pour l'accompagner à réaliser son objectif et participer à la réduction de la faim dans le monde». Pour M. Benaïssa, «cet appel est plein d'espoir parce qu'un autre événement majeur a marqué cette session (de la FAO) et a prouvé que la coopération internationale peut atteindre des résultats concrets», en allusion à l'éradication mondiale de la peste bovine. Abordant la politique du renouveau agricole et rural en Algérie, il a souligné qu'elle tenait compte des «expériences menées au niveau national et international, inscrivant le renouveau et l'accompagnement des acteurs créateurs de richesse, aussi petits soient-ils, dans des conditions leur permettant non seulement de survivre et de se développer, mais aussi de pouvoir intégrer les acquis de la science et des nouvelles technologies pour un développement durable». Le ministre a précisé que «cette politique qui s'adresse à tous les acteurs est construite sur trois piliers : le renouveau agricole, le renouveau rural et le renforcement des capacités humaines et techniques», ajoutant qu'elle vise «l'amélioration de la sécurité alimentaire». Relevant qu'une «place particulière» y a été réservée aux hommes et aux femmes, il a indiqué que «des décisions importantes ont été prises comme la facilitation de l'accès aux terres et au foncier agricole avec des crédits bancaires avantageux». M. Benaïssa a fait savoir, par ailleurs, que l'Algérie accordait «une très grande importance» à la protection des ressources naturelles et, qu'à travers la politique de renouveau rural, elle engageait «près d'un milliard de dollars par an pour la lutte contre la désertification, la protection des patrimoines forestiers ainsi que celle des écosystèmes». «Pour (l'Algérie), le développement ne sera durable que s'il touche toutes les zones sans exclusion et sans marginalisation aucune», a souligné le ministre, relevant le principe selon lequel «il n'y a pas de territoire sans avenir, mais uniquement des territoires sans projets». Pour M. Benaïssa, «ces ambitions ne sont pas uniquement algériennes», mais «sont également au cœur des fondements» de la FAO. Enfin, évoquant «l'impact des changements climatiques sur l'agriculture et le développement durable», il a annoncé que l'Algérie, qui préside le groupe africain chargé de la lutte contre la désertification, organisera une Conférence ministérielle sur ce phénomène les 8 et 9 septembre 2011 à Alger. Le nouveau directeur général de la FAO veut réformer l'organisation onusienne Le nouveau directeur général de la FAO, le Brésilien José Graziano da Silva, a affirmé, hier, lundi, qu'il allait réformer l'organisation onusienne lorsqu'il aura pris ses fonctions en janvier 2012. «Il faut ouvrir une nouvelle ère pour la FAO», a souligné da Silva, premier Latino-américain à être désigné à la tête de cette organisation depuis sa création il y a plus de 60 ans, dans une conférence de presse. «Je vais avoir des consultations avec les groupes régionaux pour négocier une base de travail, en comptant sur la confiance des Etats-membres pour piloter la FAO», a-t-il ajouté. Da Silva a également annoncé qu'il comptait travailler en étroite collaboration avec le Programme alimentaire mondial (PAM) «pour une meilleure gouvernance en matière de sécurité alimentaire», précisant que les deux organisations se complétaient dans leur travail contre la faim et pour la sécurité alimentaire. Le nouveau responsable de la FAO a, par ailleurs, souligné que la poiroté de cette organisation restait l'Afrique, soulignant que la sécurité alimentaire se trouvait menacée aussi bien dans ce continent que partout dans le monde, à cause de la volatilité des prix des produits alimentaires. Relevant les clivages entre les pays du sud et ceux du nord, apparus lors de l'élection, dimanche, du nouveau DG de la FAO, da Silva a affirmé qu'il travaillerait à réduire ces divisions pour vaincre la faim dans le monde et en finir avec la malnutrition. Evoquant la hausse des prix alimentaires, il a estimé qu'elle va encore se maintenir pour quelques années, accusant les marchés financiers avec les vagues spéculatives sur les produits alimentaires. Il a fait part, cependant, de son optimisme quant à la stabilité des cours dans les prochaines années grâce à l'implication du G20 dans la problématique de la sécurité alimentaire. José Graziano da Silva, qui a été élu par 92 voix contre 88 face à l'Espagnol Miguel Angel Moratinos, sur 180 suffrages exprimés, remplacera à la tête de la FAO, le Sénégalais Jacques Diouf, qui a dirigé l'organisation pendant 17 ans.