Le public chélifien a tenu son rendez-vous au musée régional. La piéce théâtrale «Akd El Djouher», tant attendue, a été jouée. Le texte dramatique a été écrit par M'hamed Ben Guettaf (1983). Les metteurs en scène sont Djamel Guermi et Zafoun Kadour. La pièce, produite par l'Association des amis de l'art, regroupe 25 comédiens. Deux d'entre eux sont des professionnels, Mohamed Adar et Malika Youssef. C'est la première fois qu'ils se produisent sur scène. C'est une épopée qui relate l'histoire de l'Algérie, dès les premières années de la colonisation française jusqu'en 1945. La ma-tière historique n'était qu'un prétexte pour exposer aux spectateurs une autre vision, et d'autres issues de l'actualité vécue. En sus, elle les invite à puiser dans notre passé. Le plus important, c'est les potentialités inertes dans l'esprit des jeunes. Elle est argumentée par la citation de Larbi Ben M'Hidi «Jetez la guerre dans la rue, et vous la verrez portée par les jeunes ». En outre, tout ce qui est pris par la force, ne sera arraché que par la force. Et comme le dit Alfred Sauvy, l'opinion publique est souvent une force politique, et cette force n'est prévue par aucune constitution. D'ailleurs, le pivot, et dans un coin, une vieille femme a vécu l'époque coloniale. Elle a témoigné à propos des crimes commis par la France en Algérie. De même, elle vit et palpe l'actualité des jeunes Algériens et leurs souffrances, dans un pays indépendant depuis 1962. Des jeunes avec d'immenses potentialités transformés en robots désarticulés. C'est ce qu'expriment les premiers tableaux, avec une chorégraphie du Break Danse. Dans son coin, la comédienne Malika Youssef relate à son bébé l'histoire de Saâd, et d'une Algérie lointaine. Et plus précisément comment des jeunes algériens dépourvus de tous les moyens ont pu arracher leur liberté. Dès le jour où l'Algérie est tombée aux mains des troupes françaises du général de Bourmont. Et puis la résistance conduite par l'Emir Abdelkader qui a duré dix-huit ans. Les soldats français n'ont pas reculé devant le meurtre des vieux, des enfants, et des femmes. Ces dernières furent tuées après avoir été déshonorées. Pis, l'administration française n'hésita pas à « recruter » les Algériens durant les deux guerres mondiales. Et le combat entre le nazisme et les Algériens était présent sur scéne. En remerciement des sacrifices algériens, c'est par la répression que répliquera en-core une fois la France. Ce qui a abouti à une autre conviction. C'est bien l'idée de l'indépendance qui a fait son chemin. La langue utilisée varie entre le dialecte et le classique. Les tableaux qui défilent l'un après l'autre sont riches de musiques expressives de cha-que époque. Et de photos en data show qui les attestent.