Mémoire n L'histoire de l'Algérie, à la veille de la colonisation jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, a été revisitée, jeudi, sur les planches du théâtre national, à travers Aqd el Djawhar. La pièce est écrite par le dramaturge M'hamed Benguettaf et conjointement mise en scène par Djamel Guermi et Zaâfoun Kadour. Elle aborde un pan de l'histoire de l'Algérie, notamment les souffrances qu'a endurées le peuple algérien sous le joug colonial. De par son déroulement, la pièce, qui est un spectacle à costume, se veut une épopée historique, mais aussi dramatique tant la charge émotionnelle intense et fusionnelle imprègne de part en part l'atmosphère scénique. Cela s'est illustré à travers les deux personnages, Saâdia et Saâd qui sont liés l'un à l'autre par les liens de l'amour et de la fidélité à la terre, à la patrie, à l'identité ancestrale. Et ces valeurs humaines se sont distinguées à travers un jeu aisé et consistant. Le jeu s'est révélé avéré et convaincant en conséquence. Il y avait une certitude historique à laquelle s'ajoute une réalité dramatique ; ces deux éléments ont conféré au jeu, fluide et transparent, sa substance scénique. Effectivement, le jeu s'est dévoilé dans une mise en scène élaborée, aussi bien sur le plan technique qu'esthétique. Toute la poétique y était. Elle donnait à l'interprétation par laquelle les comédiens et comédiennes se sont bien distingués, sa portée dramaturgique, son élan scénique. Il s'agissait à coup sûr d'un travail théâtral soigné, ponctué et valorisé par le talent de chacun. Chose intéressante dans cette pièce, c'est que le texte joué certes dans un langage, mêlant arabe classique et dialectal, est construit, outre sur le langage esthétique ou poétique rendu perceptible grâce à la scénographie, à la lumière ou à la musique, sur un troisième langage, celui du visuel, c'est-à-dire un discours imagé qui facilite la perception du jeu. La pièce témoigne alors d'un travail théâtral privilégiant l'image, le signe et surtout l'émotion qui est facile à ressentir et à faire ressentir, d'où d'ailleurs la performance du jeu. Autrement dit, la mise en scène se veut non pas de jouer le texte, mais de décrire une atmosphère, d'exprimer des sentiments, de dépeindre des situations ; le jeu est donc basé sur des situations et des émotions, c'est-à-dire des faits et comportements dramatiques. Quant au côté historique de la pièce, il n'a servi que de prétexte pour dire toute sa profondeur dramaturgique. La pièce, qui a déjà été jouée en 1984, a été reprise et produite, dans le cadre de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011», par l'association Les amis du théâtre de Chlef. «Cette pièce a été réalisée à l'issue d'un atelier», dira le président de l'association Missoum Laâroussi qui ajoutera : «Ce projet, encadré par des professionnels, entre autres, de l'Institut supérieur des métiers du spectacle, a associé une trentaine de compagnies et coopératives théâtrales de toute la région de Chlef, soit 120 jeunes.» Il s'agit là, selon Missoum Laâroussi, d'une première au niveau régional. «C'est la première fois que la région de Chlef mène une opération pareille», souligne-t-il, et d'insister : «Cela nous a permis de créer des postes d'emploi direct et indirect.Cela nous a aussi permis de gagner une nouvelle génération de comédiens et surtout de comédiennes, chose rare à Chlef ».