L'intensification des raids aériens de l'Otan sur Tripoli, quelques heures avant l'assaut des insurgés de dimanche soir sur la capitale Libyenne, s'est accentuée depuis, particulièrement sur Bab Azizia, demeure du leader libyen, Maâmar El-Guedaffi. L'attaque de Tripoli ayant été élaborée «conjointement» par les responsables militaires de l'Otan et leurs homologues du Conseil national de transition (CNT), selon leur porte-parole, a eu aussi son plan médiatique d'accompagnement. Ceci d'autant plus que le traitement médiatique de la crise libyenne n'a pas été en marge dans la confection et le cours des évènements en Libye. L'assaut des insurgés sur Tripoli dimanche soir, après les raids aériens de l'Otan sur la capitale libyenne, a été accompagné par l'annonce de «la capture» du fils de Maâmar El Gueddafi, Seif El Islam. Information affirmée quelques instants après le début des opérations des rebelles du CNT par son président, Mustapha Abdeljalil, qui, à moins de 24 heures après, Seif El Islam apparaît lundi soir, libre dans les rues de Tripoli. Apparition non fortuite du fils du leader libyen, aux côtés de Libyens et des Libyennes brandissant des drapeaux verts, mettant en branle la crédibilité de Mustapha Abdeljalil et de surcroît, le CNT et a semé le doute en son sein. La sortie médiatique de Seif El Islam s'est répandue comme une traînée de poudre au sein des insurgés libyens qui se sont retrouvés face à des interrogations de suspicions à l'adresse du CNT en ce qui concerne la mobilité diplomatique et de déclaration politique de membres du Groupe de contact sur la Libye, de membres de l'Otant ou de responsables occidentaux. Au lendemain de la déclaration d'Alain Juppé annonçant la tenue à Paris la semaine prochaine de la réunion du Groupe de contact sur la Libye, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, en visite, hier, à Benghazi, annonce sa tenue demain, jeudi à Ankara. Le déplacement d'Ahmet Davutoglu hier à l'Est de la Libyie n'est pas fortuit. Ankara, selon certains membres du CNT, qui a adopté une position ambiguë à leur égard au début de la crise libyenne par la première visite qu'effectue un ministre des Affaires étrangères à Benghazi, avec la nouvelle situation qui prévaut à Tripoli, espère se rattraper. Ceci d'autant plus que le rôle et l'engagement de Paris dès les premiers instants de la crise libyenne ont été au centre des déclarations d'Alain juppé lundi. Ce qui illustre, par ailleurs, la teneur des rivalités entre Paris et Ankara et de surcroît en direction de l'après-Gudaffi. Londres et Ankara ont appelé successivement au dégel des comptes libyens au profit du CNT, en «soutien sans faille de Londres au CNT», selon David Cameron dans ses propos lundi. Ce qui a été de même dans les propos tenus, hier, à partir de Benghazi par le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, dans son appel pour le dégel des comptes libyens au profit du CNT. Washington, en adoptant un profil discret dans ses réactions aux nouvelles donnes survenues depuis dimanche soir, suit de très près les évènements en Libye, selon le porte-parole de la Maison Blanche. Lundi soir, le président américain a exprimé ses craintes de voire «le sentiment vengeance» prendre le dessus en Libye. Au moment où les déclarations politiques se tiennent de part et d'autre, le Pentagone annonce lundi soir que 5 316 sorties aériennes en Libye depuis le début de l'opération «Protecteur unifié», à savoir près de 27% des missions de l'Otan et dont le coût du matériel militaire américain est élevé. Ceci étant, la bataille sur Tripoli est loin d'avoir commencé, dimanche soir, sur fond des incessantes frappes aériennes de l'Otan depuis 19 mars sur la capitale libyenne. Depuis dimanche soir, Tripoli entame une nouvelle phase ; la guerre des rues entre les insurgés libyens et les fidèles au régime E-Gueddafi, au rythme des frappes de l'Otan et la guerre médiatique.