La campagne d'évaluation des ressources halieutique lancée le 18 septembre dernier, à l'aide d'un bateau scientifique et des moyens sophistiqués nationaux, sur tout le littoral, est 100 % algérienne, a déclaré sur les ondes de la chaîne 3 de la radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, Abdallah Khanafou, ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques. L'assistance de deux experts coréens, fait-il observer, ne porte que sur le calibrage des équipements. Il s'agit de mieux connaître les stocks pêchables. La ressource est renouvelable mais, souligne le ministre, n'est pas inépuisable. Il faut, explique-t-il, savoir la gérer pour assurer la pérennité de l'activité. Il est nécessaire, dit-il, de mener une campagne tous les cinq ans car les données ont peut être changé. Cette campagne, a-t-il précisé, concerne les espèces pélagiques, le poisson de surface, le poisson bleu comme la sardine, l'anchois, la sole, le maquereau. Ces espèces pélagiques constituent 80% de la production nationale, fait-il savoir. L'évaluation permettra de cartographier les bancs de poissons en fonction de la température, de la salinité et des saisons, puis d'élaborer sur cette base, un plan de gestion de la ressource halieutique et fixer les investissements à projeter. «Nous ne naviguerons plus à vue», lance-t-il. Tout sera fait en fonction de l'évaluation de la ressource halieutique. La modernisation, annonce-t-il, se fera par région et par espèce. L'évaluation aidera à adapter les moyens de pêche, fait remarquer le ministre qui envisage, à ce propos, d'interdire le filet de pêche quatre faces à double poches. A ce jour, tout l'est algérien a été fait, la campagne est actuellement sur le littoral centre, précise le ministre qui ajoute que ce qui a été fait à l'est du pays a donné des résultats intéressants. A l'appui, il donne l'exemple du mois de septembre qui a connu une production record de la sardine entraînant la chute des prix de ce poisson et dans certains ports la mévente du poisson. Il cite le port de Mostaganem avec une production de 580 tonnes ainsi que les ports de Jijel et Ghazaouet. Il pense, au vu de l'évaluation qui est faite, que cette année il y aura une augmentation de la production. La campagne démersale, sur le poisson de fond, sera lancée en hiver. Le ministre annonce que son département travaillera avec l'Agence spatiale algérienne (Asal) pour consolider les résultats à travers les images par satellite et pour orienter la flottille de pêche en fonction des images satellite. A propos de la production nationale, le ministre précise qu'elle a baissé de 20%. Quant à l'immobilisation de la flottille de pêche, dans certains ports elle est à 50% mais la moyenne nationale est de 30%. Le ministre a évoqué la question de la gestion des ports de pêche. On ne peut pas, dit-il, donner la gestion d'un port à un organisme dont la seule motivation est la rentabilité. Le port est un espace public, il doit être géré par un établissement public, insiste-t-il. Pour gérer la ressource halieutique, il faut gérer les ports de pêche, estime M. Khanafou. Un dossier est à l'étude au niveau du gouvernement sur la gestion des ports de pêche. On ne peut pas continuer avec la situation actuelle. Nous espérons, dit-il, mettre de l'ordre face à l'anarchie qui règne dans les ports de pêche. Concernant le thon rouge, le ministre rappelle que depuis l'interdiction de recourir aux armements étrangers, l'Algérie n'a pas pu pêcher son quota ces deux dernières années. En Algérie, il n'y a pas de flotille de pêche capable de pêcher ce quota. Il annonce que l'année prochaine, l'Algérie participera à la campagne de pêche du thon. Trois armateurs pourront y participer. Cinq autres sont poursuivis en justice pour le remboursement de la contribution de l'Etat qui leur a été accordée, c'est-à-dire 60% de la valeur du thonier. Enfin, le ministre annonce que les marins pêcheurs contraints à l'inactivité durant la période de repos biologique, de mai à août, vont recevoir pendant cette période une compensation égale au SNMG, c'est dans le projet de la loi de finances pour 2012. Le ministre veut également faire passer une autre disposition applicable à la taxe qui frappe les importations de poissons destinés à la transformation qui sont taxés comme s'ils étaient importés pour la revente en l'état, alors que les unités de transformation créent de la valeur ajoutée et de l'emploi.