L'appel pour la «reconnaissance officielle» des massacres du 17 octobre 1961 à Paris a récolté samedi, à la veille de la commémoration du cinquantenaire de la répression sanglante de centaines d'Algériens en plein cœur de la capitale française, plus de 4 000 signatures, dont celles d'intellectuels, anciens ministres et partis politiques. A la tête des adhérents à l'appel, lancé le 12 octobre à l'initiative du journal en ligne Mediapart et de l'association Au nom de la Mémoire, figurent l'humaniste, philosophe et ancien diplomate Stéphane Hessel, le sociologue Edgard Morin, les historiens Benjamin Stora, Jean-Luc Einaudi et Gilles Manceron, l'écrivain et ancien éditeur François Maspero, le mathématicien Michel Broué et le fondateur du Nouvel Observateur Jean Daniel. Aux avocats Henri Leclerc, Jean-Pierre Mignard et Roland Rappaport, sont venus se joindre Florence Malraux, fille du célèbre bibliophile et écrivain André Malraux, Alain Joxe, président du Centre international pour la paix et les études stratégiques, fils de Louis Joxe, ministre du général Charles De Gaulle et frère de Pierre Joxe, ministre de François Mitterrand, Mireille Fanon-Mendès France, fille de l'écrivain et psychiatre Frantz Fanon ainsi que de l'ancien Premier ministre Michel Rocard. Figurent dans la liste les dirigeants du Parti socialiste (Martine Aubry, François Hollande et le premier secrétaire du PS Harlem Désir), d'Europe Ecologie-Les Verts (la secrétaire nationale Cécile Duflot, et de nombreux élus nationaux et européens, parmi lesquels Daniel Cohn Bendit), du Parti de gauche (ses coprésidents Jean-Luc Mélenchon et Martine Billard), du Parti communiste (son secrétaire national Pierre Laurent compte) et du Nouveau Parti anticapitaliste. Pour les initiateurs de l'appel, le temps est venu d'une «reconnaissance officielle de cette tragédie, dont la mémoire est aussi bien française qu'algérienne». Ils estiment que reconnaître les crimes du 17 octobre 1961, c'est aussi ouvrir les pages d'une «histoire apaisée» entre les deux rives de la Méditerranée. Le président de l'association Au nom de la Mémoire, Mehdi Lallaloui, avait affirmé que l'appel ouvert aux signatures en ligne sur Mediapart sera porté devant les institutions de la République, dont Matignon (Premier ministère) et l'Elysée pour «leur réclamer enfin la reconnaissance des crimes du 17 octobre 1961». Selon le président de l'association des moudjahidine de la Fédération du FLN en France 1954-1962, Akli Benyounes, la chasse à l'homme sanglante déclenchée contre les Algériens le 17 octobre 1961 à Paris a été accompagnée de 12 000 à 15 000 interpellations. «300 à 400 morts par balle, par coups de crosse ou par noyade dans la Seine, 2 400 blessés et 400 disparus ont été dénombrés».