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Economie de «casino», concentration du revenu, déséquilibre mondial et logique spéculative
Publié dans La Nouvelle République le 02 - 11 - 2011

La sphère financière doit être au service de la sphère réelle. Faute d'une véritable révolution culturelle pour inculquer l'esprit d'entreprise et libérer l'ensemble des énergies créatrices, il ne faut pas s'attendre à l'émergence d'entreprenants dynamiques au sein d'une économie de plus en plus mondialisée. La dominance de la mentalité spéculative a un effet négatif sur le développement dans la mesure où, pour tout développement fiable, le capital argent doit se transformer en capital productif. Ce qui m'amène à analyser cette concentration également excessive du revenu spéculatif au niveau mondial.
La suprématie de la sphère financière spéculative sur la sphère réelle et les distorsions entre les profits spéculatifs en hausse, pas ceux de véritables entrepreneurs créateurs de richesses durables, sans oublier la détérioration de notre environnement par un modèle de développement et de consommation énergétique qui a besoin d'une transformation face à une population mondiale qui vient d'atteindre 7 milliard d'âmes et allant rapidement vers 10 milliards expliquent largement l'essence de cette crise. Afin de protéger la banque des activités, certains experts préconisent de séparer les banques de dépôt des banques d'investissement. Les banques seraient autorisées à user de l'épargne qu'elles ont en dépôt pour prêter aux ménages, aux entreprises et à d'autres banques, mais ne devraient plus être autorisées à acheter des titres comme les actions ou les produits financiers titrisés. C'est dans ce cadre qu'il y a lieu globalement de repenser l'essence de la crise mondiale actuelle afin d'éviter du replâtrage en ne s'attaquant pas à l'essence de la crise qui a des similitudes avec celle de 1929, avec une tendance protectionniste néfaste à terme, bien qu'existe une situation différente du fait de l'interdépendance des économies (mondialisation) et l'apparition de nouveaux acteurs (pays émergents d'où le passage du G7 au G20). C'est que, pour 2010, le produit intérieur brut des Etats-Unis pour une population d'environ 380 millions, selon le FMI, est évalué à 61.963 milliards de dollars, la dette publique américaine dépasse les 14.251 milliards de dollars, soit 97 % du PIB évalué à environ 14.624 milliards de dollars. La dette de l'ensemble de la Communauté économique européenne des 27, première zone économique mondiale pour une population de 500 millions d'habitants, selon Eurostat, représente 80 % du PIB évalué à 16.100 milliards de dollars, soit une dette de 12.885 milliards de dollars. Au total, la dette publique des Etats-Unis et de l'Europe représente 27.136 milliards de dollars, soit 43,83 % du PIB mondial. Le cas de la Grèce, qui ne représente que 2 % du PIB européen (environ 350 milliards d'euros), est donc un épiphénomène du fait de la faiblesse de son PIB. Mais fait important, 880 millions d'habitants sur 7 milliards soit 12,57 % concentrent 30.724 milliards de dollars de PIB soit 49,63 % de la richesse mondiale. La Chine, avec 1,3 milliard d'habitants, a un PIB qui ne dépasse pas 6.000 milliards de dollars, soit 18,57 % de la population mondiale et un ratio très faible de 9,52 % du PIB mondial, tirant sa croissance de exportations vers l'Europe en premier lieu et vers les USA en second lieu, expliquant sa stratégie d'aide non désintéressée à ce que ces deux zones reprennent la croissance. Les salaires dans le produit intérieur brut sont en baisse comme le montre une étude récente de l'OCDE où la part des salaires, qui représentait 67 % du PIB en moyenne en 1982, ne représente plus que 57 %. En Algérie, cette part pour 2010/2011 était inférieure à 20 %. Selon Patrick Artus, directeur des études de Natixis, «dans la zone euro, au total, en trente ans, ce sont quelque 150 % du PIB de l'ensemble qui sont partis vers les marchés financiers au lieu d'aller aux salariés et donc à l'Etat, par l'intermédiaire de la TVA, alors que la fortune cumulée des 0,2 % des plus riches de la planète est estimée à 39.000 milliards. Cet argent a-t-il profité à la recherche ou à l'investissement ? Non !» Aussi, existe-il un déphasage entre la dynamique économique et la dynamique sociale comme le montrent les derniers événements mondiaux des nantis de protestation contre l'actuel système financier. Certes, il ne faut pas avoir une vision utopique, le système financier est nécessaire tout comme le sang pour l'homme afin d'éviter la paralysie de la machine économique, mais il doit être au service de l'économie réelle. La monnaie, dont les réserves de change qui ne sont pas un signe de développement, n‘est qu'un signe qui doit accompagner la production et non la dominer. Les fondateurs de la science économique Smith, Ricardo, Karl Marx et plus près de nous Schumpeter et Keynes ont écrit la valeur, c'est-à-dire comment extraire la plus-value à partir du travail, condition sine qua non de la richesse des nations. Actuellement il existe une crise de la théorie économique qui influe sur les politiques économiques, les politiques étant tétanisées face à l'ampleur de la crise mondiale, n'ayant plus de référence, expliquant les tâtonnements et l'absence de vision stratégique en ce monde turbulent en perpétuel mouvement. Le risque d'insolvabilité américain combinée avec l'actuelle crise européenne serait catastrophique pour l'économie mondiale, entraînant une récession généralisée pire que celle d'octobre 1929 et celle de 2008 du fait des interdépendances des économies. La reprise économique mondiale en cours étant encore fragile, on ne peut pas exclure l'hypothèse d'une rechute dans les prochaines années s'il advenait que la dépense publique ralentisse et que la croissance ne soit pas reprise par l'entreprise privée, et ce, à mesure de l'atténuation de l'impact des mesures de relance budgétaires et monétaires sur la croissance. Il y a urgence d'un renouveau qui implique plus de réformes de fond et non des replâtrages (équilibrisme ou statu quo suicidaire, devant s'attaquer à l'essentiel et non au secondaire), la refonte du système économique mondial, plus de moralité surtout des dirigeants qui doivent donner l'exemple et plus de justice sociale qui ne saurait signifier égalitarisme source de démotivation. Je ne saurai trop insister sur les relations dialectiques entre la morale (l'éthique) et le développement souvent négligés par les économistes, expliquant largement d'ailleurs les révoltes sociales récentes tant dans le monde arabe que dans les pays développés. Une gouvernance mondiale et locale mitigée au niveau central et local alors qu'une nouvelle gouvernance par grandes régions et mondiale avec de nouvelles institutions adaptées s'impose à la nouvelle situation par une réelle décentralisation pour une participation citoyenne, la concentration des revenus en faveur des couches spéculatives destructrices de richesses, le manque de visibilité dans les politiques socio-économiques et la dominance des rentes deviennent inquiétants pour le monde de demain.

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