Concernant le deuxième aspect, les pays du Maghreb dans leur ensemble ont globalement réussi leur stabilisation macro-économique, encore que les derniers évènements 2006/2008 avec la flambée des produits alimentaires au niveau mondial (phénomène structurel et non conjoncturel) montrent leur vulnérabilité. Pourtant, ils doivent continuer leur effort pour un taux d'inflation inférieur à 3% passant par la maîtrise des dépenses publiques. La réussite de ce processus constitue un objectif des gouvernements du Maghreb aussi bien que de l'UE dans le cadre du partenariat euro -méditerranéen et le développement des échanges avec les voisins sud -méditerranéens. L'intégration maghrébine est vitale afin d'augmenter la taille des marchés et garantirait les économies d'échelles requises pour l'amortissement de l'investissement. Sur le plan de la garantie des droit de propriété , c'est plus la mise en application des textes de lois édictés qui est mise en cause, que la qualité même de ces lois. Il s'agira de le ver plusieurs faiblesses : le très faible niveau d'investissements étrangers même si une bonne progression a été constatée qui reflète une franche amélioration du cadre légal des IDE ; diversifier la production pour le Maghreb dans son ensemble tenant compte de ses avantages comparatifs au sein de l'espace à la fois euro méditerranéen et africain. En effet, la faible ouverture aux échanges relativement à la population du pays et son extrême spécialisation dans les hydrocarbures pour l'Algérie, le couple agriculture/tourisme pour le Maroc et le couple tourisme/ certains segments des PME pour la Tunisie sont un obstacle pour un développement durable et diversifiée plus soutenue afin de lutter efficacement contre le chômage. Car, les niveaux de croissance nécessaires pour entraîner une amélioration significative de la situation sont estimés à 7-8% par an sur 10 années. Et seule l'intégration économique peut lever ce s obstacles. Ce qui m'amène à analyser la situation des économies maghrébines et le nécessaire dynamisation de la coopération Europe/Maghreb. II situation des économies maghrébines et nécessaire dynamisation de la coopération entre le Maghreb et l'Europe 1. Situation des économies maghrébines Le Maghreb a un poids économique insignifiant au sein du commerce mondial et même les échanges intra- maghrébins sont dérisoires moins de 2/3% de leurs échanges globaux. Or l'Europe du Sud (Italie - France - Grèce - Espagne) totalisent 168 millions d'habitants (horizon 2010). L'Algérie, le Maroc et la Tunisie totaliseront 94 millions d'habitants soit un total de 262 millions d'âmes. Si l'on inclut les riverains méditerranéens dont la Syrie, le Liban, Israël, l'Egypte, Malte, la Turquie, l'Albanie, la Libye et l'ex Yougoslavie dont la stabilité conditionne le développement de l'ensemble des Balkans, nous aurons une population en 2010 qui dépassera les 500 millions. Cette région est frappée actuellement par une récession économique avec un écart croissant, les pays de l'UMA ayant un revenu PNB par tête qui représente moins de 15 % de ceux de la CEE. Cette récession s'explique par différents facteurs dont le manque d'homogénéisation économique pour des raisons essentiellement historiques et sociologiques et qui fait fuir les capitaux vers d'autres cieux plus propices à un moment où la concentration des échanges est dans le Nord, la Chine accaparant plus de 5O% pour la zone Sud. Mais la raison essentielle. Comme souligné précédemment, les pays du Maghreb ont un niveau de développement qui ne reflète pas leurs potentialités, et elles sont énormes. La majorité des entreprises publiques sont fortement imbriquées dans le système administratif lieu de relation de clientèles. Quant à certaines entreprises privées elles ne sont pas autonomes mais trouvent leur prospérité ou leur déclin dans la part des avantages financiers, fiscaux, leurs parts de marché auprès des entreprises publiques et des administrations. Cette organisation spécifique où l'autonomisation de la décision économique est faible engendre peu d'innovation, d'esprit d'entreprise. Aussi certaines entreprises publiques ou privées sous traitantes ce secteur, vivant du transfert de la rente exercent des pressions pour accroître le protectionnisme néfaste à terme et sont peu enclins à la concurrence internationale. Mais il faut reconnaître que depuis quelques temps avec la formation plus élevée, et l'ouverture sur l'extérieur, nous assistons à la naissance de nouvelles entreprises mues par de véritables entreprenants. Pourtant les multitudes pressions administratives, combinées avec l'absence de motivation ne leur permettent pas la créativité et l'imagination. Ainsi la seule sphère réellement autonome vis à vis des sphères du pouvoir est la sphère marchande ou industrielle informelle. Du point de vue des relations maghrébines, cela explique qu'au lieu que l'intégration soit dominée par des économies contractuelles ou organisées, nous assistons à une dynamique informelle caractérisée par une identité culturelle qui permet à des milliers de maghrébins surtout aux frontières de contourner la myopie des bureaucraties nationales. La raison essentielle trouve un fondement socio-historique qui rend d'actualité les analyses ibn khaldouniennes avec le poids du politique dans les sociétés maghrébines accentué par des structures familiales et des tribales qui se consolident en période de récession économique. Il s'agira impérativement d'intégrer cette sphère dominante au niveau du Maghreb par la délivrance des titres de propriété devenant citoyenne, car acquise aux réformes pouvant constituer une force sociale dynamisante. Dès lors s'impose la nécessité d'une véritable révolution culturelle pour inculquer l'esprit d'entreprise et libérer l'ensemble des énergies créatrices. Au niveau des pays du Maghreb notamment, cela passe par la création d'une monnaie maghrébine. La coordination des politiques commerciales, fiscales, douanières, des banques centrales est un objectif vital et il serait souhaitable la mise sur place d'une banque centrale maghrébine qui serait un maillon du système européen des banques centrales afin de favoriser la création de la zone de libre échange Europe - Maghreb et accélérer la convertibilité intégrale des monnaies ce qui dynamiserait les échanges. Cette action aura comme support une institution financière méditerranéenne à l'instar de la banque européenne pour la reconstruction et le développement actuellement orientée vers les pays de l'Est. Cette banque pourrait être scindée en deux compartiments en privilégiant des relations avec le Fonds Monétaire International ainsi que les structures de la Communauté Economique Européenne. Le premier compartiment fonctionnerait comme une banque normale qui se finance sur le marché international accordant des prêts aux taux du marché ; le deuxième compartiment grâce à des dons et à des crédits d'aide (aligné sur le taux d'inflation du G7) avec une période de grâce de 5 ans et une période d'amortissement entre 15 et 20 ans financerait des projets de développement notamment la formation professionnelle, favorisant l'émergence de managers et d'entreprenants par une adaptation technologique et des systèmes modernes de gestion ainsi que de projets importants aidant à la construction du réseau de l'espace économique méditerranéen par des sous-réseaux imbriqués dont les PMI - PME, le transport, les télécommunications par la promotion des nouvelles technologies, en sont la pierre angulaire. 2.1- Les relations futures concerneront entre 2OO8/2O15 l'espace Europe -Maghreb et plus globalement l'espace euro méditerranéen. Je pense fermement et après analyse que l'intensification de la coopération entre l'Europe- et le Maghreb fondée sur un véritable co-développement, le partenariat, l'introduction de l'investissement direct permettrait, de bouleverser ces comportements et les inscrire dans une perspective dynamique profitable aux populations de la région et faire du bassin méditerranéen un lac de paix et de prospérité. C'est que l'espace méditerranéen peut être ce lieu de création de réseaux rationnels. Car l'économie de marché concurrentielle répond à des lois universelles, mais il existe des spécificités sociales nationales dont il convient de tenir compte car source d'enrichissement mutuel permettant de communiquer avec des cultures lointaines. Ce réseau doit favoriser les liens communicationnels, les ères de liberté dans la mesure où les excès du volontarisme collectif inhibent tout esprit de créativité. Comme souligné précédemment, il y a lieu d'accorder une attention particulière à l'action éducative car l'homme pensant et créateur devra être à l'avenir le bénéficiaire et l'acteur principal du processus de développement. C'est pourquoi je préconise la création d'une université euro-maghrébine ainsi qu'un centre culturel de la jeunesse méditerranéenne comme moyen de fécondation réciproque des cultures, et la concrétisation du dialogue soutenu pour éviter les préjugés et les conflits sources de tensions inutiles. Les différents programmes initiés par la communauté économique européenne devraient favoriser l'émergence de nouveaux comportements pour un devenir solidaire. C'est que le Maghreb et l'Europe sont deux régions géographiques présentant une expérience millénaire d'ouverture sur la latinité et le monde arabe avec des liens naturels et dans son ensemble porte de culture et d'influences anglo-saxonnes. Economiquement l'Europe et le Maghreb présentent l'un et l'autre des atouts et des potentialités pour la promotion d'activités diverses et cette expérience peut être un exemple de ce partenariat global devenant l'axe privilégié du rééquilibrage du Sud de l'Europe par l'amplification et le resserrement des liens et des échanges sous différentes formes. Il est indispensable que l'Europe développe toutes les actions qui peuvent être mises en œuvre pour réaliser des équilibres souhaitables à l'intérieur de cet ensemble. En fait la constitution d'espaces régionaux économiques faibles est une étape d'adaptation structurelle au sein de l'économie mondialisée. Et afin de favoriser un quadruple objectif solidaire:la démocratie politique ; l'économie de marché concurrentielle ; la concertation sociale et les échanges culturels par des débats contradictoires d'idées et enfin la mise en œuvre d'affaires communes n'oubliant jamais que les entreprises sont mues par la seule logique du profit et dans la pratique des affaires il n' y a pas de sentiments. Dans ce cadre l'émigration maghrébine ciment des liens culturels peut être la pierre angulaire de la consolidation de cette coopération. C'est un élément essentiel de ce rapprochement du fait qu'elle recèle d'importantes des potentialités économiques et financières. Car la promotion des relations entre le Maghreb et sa communauté émigrée doit mobiliser à divers stades d'intervention l'initiative de l'ensemble des parties concernées, à savoir le Gouvernement, les missions diplomatiques, les entrepreneurs, les commerçants et les compétences individuelles. L'engagement implicite caractérisant les relations entre nos communautés émigrées et les pays d'origine, ne doit pas occulter les légitimes intérêts strictement économiques des parties concernées pour garantir la rentabilité et la pérennité des opérations engagées. Les pouvoirs exécutifs devraient veiller, dans le cadre organisationnel et législatif, à alléger l'ensemble des procédures administratives, afin de favoriser la promotion de l'investissement et les échanges commerciaux, à l'instar de pays qui utilisent leurs compétences nationales localisées à l'étranger comme point d'appui au développement national. En conclusion : entreprendre ensemble. Les relations tant entre les pays du Maghreb qu'entre le Maghreb et l'Europe sont souvent passionnées pour des raisons historiques. Mais, soucieux de concilier la modernité et notre authenticité, je suis convaincu du fait de la densité de nos rapports culturels qu'elles seront transgressées dans le cadre des intérêts bien compris de chaque nation. L'accélération des réformes économiques, sociales, culturelles (le droit à la différence) politiques et sécuritaires le terrorisme étant une menace planétaire) conditionnent largement la réussite de cette grande entreprise qui interpelle notre conscience maghrébine et plus globalement méditerranéenne. Privilégiant en premier lieu ses intérêts stratégiques, partie prenante du dialogue méditerranéen (DM), le Maghreb se doit d'agir en fonction d'un certain nombre de principes et à partir d'une volonté avérée de contribuer à la promotion de la sécurité et de stabilité dans la région que ce soit dans le cadre d'une coopération avec l' Otan, en fait avec les USA, avec les structures de défense que l'Union Européenne entend mettre en place, la Russie ou la Chine pour ne citer que les principaux acteurs. C'est que la fin de la guerre froide marquée par l'effondrement du bloc soviétique et les attentats survenus aux Etats-Unis le 11 septembre 2001 représente un tournant capital dans l'histoire contemporaine. Aux tensions et aux conflits doivent se substituer la coopération et un dialogue soutenu pour éviter des factures douloureuses. Le Maghreb doit être un véritable espace économique, un relais puissant entre l'Europe, le Moyen Orient et l'Afrique et un lieu de brassage des cultures, la culture étant entendue comme processus historique et relationnel. Car il est suicidaire pour chaque pays du Maghreb de faire cavalier seul à l'heure des importantes mutations mondiales. Le repli sur soi serait préjudiciable à notre prospérité commune et engendrerait d'inéluctables tensions sociales. L'histoire commune nous impose d'entreprendre ensemble. Car comme le dit l'adage arabe avec une profonde philosophie, une seule main ne saurait applaudir. C'est le modeste message de cette contribution aux dirigeants européens et maghrébins. suite et fin. Docteur Pr -Abderrahmane MEBTOUL Expert International Président ADEM