La démocratie devrait-elle se résumer aux élections et à la garantie de l'alternance ? Dans les pays arabes, il est tenu compte des idéologies qui accèdent au pouvoir. Mais qui devrait être habilité à trancher sur le caractère démocratique de toute idéologie ? Un comité d'éthique ? Un conseil de oulémas, comme le voudrait bien Djaballah, un conseil qui sera chargé de vérifier la conformité des lois à la charia ? Les distances sont tellement grandes entre les idéologies en concurrence dans les pays arabes qu'il est conjuré le fait que celles-ci continuent à se menacer mutuellement au lieu de se surmonter. Dans les pays, il y a des systèmes démocratiques qui représentent la souveraineté nationale car les dirigeants sont issus des urnes, donc du choix populaire. Il y a des régimes autoritaires (pour ne pas dire dictatoriaux) qui ne doivent pas aux populations leur accès au pouvoir. En conséquence, toute élection dans les conditions actuelles d'inconciliation entre idéologies portées par la classe politique implique presque une militarisation des discours et une assimilation des concurrents à des ennemis. Il y a trop de confusions quand on attribue telle position ou telle autre aux pays arabes sans que l'on ne fasse des efforts pour localiser le niveau de la décision à laquelle on s'intéresse. Un pays engage à la fois les institutions et les populations. Ce qui apparaît comme procédant de l'impossibilité ou de l'extrême difficulté à une réconciliation est exploité aussi bien sur le plan national que sur le plan international pour continuer à en faire source permanente d'instabilité, d'insécurité, de confusion et donc d'incertitude. Les conditions de la mise en situation de permanente déstabilisation des pays arabes tiennent au fait que l'accès au pouvoir ne repose pas sur la base de la citoyenneté.