Au lendemain de son installation à la tête de la wilaya, Mohamed Ouchen a programmé plusieurs sorties sur le terrain afin de s'enquérir de l'état des projets dans les différents secteurs. Cinq cents jours après son installation, nous lui avons demandé de faire une synthèse des résultats de ses visites et de nous énumérer les nouveaux projets dont la wilaya a bénéficiés. La Nouvelle République : Quelles appréciations avez-vous tirées de vos différentes sorties depuis votre installation à la tête de la wilaya de Blida ? Mohamed Ouchen : Ces visites cycliques répondent à des impératifs : s'enquérir de l'état d'avancement des projets et préparer le plan annuel en procédant à des réajustement parfois sur la base de simples opérations de montage financier. C'est aussi une opportunité pour nous de tâter le pouls de la société civile lors des rencontres organisées avec ses représentants pour, d'une part, recenser leurs préoccupations et, d'autre part, les associer dans la hiérarchisation des priorités avant l'élaboration finale du programme annuel de développement local. Cette approche jette les bases d'une participation du citoyen à la gouvernance locale. C'est à ce titre que celui-ci devient acteur du développement en adhérant pleinement aux actions qu'il aura lui-même suggérées. Ces visites de chantiers sont suivies par l'élaboration des plans de développement d'aménagement concertés communaux (PACC), qui constituent pour les responsables locaux un tableau de bord de tous les projets de développement de quelque nature qu'ils soient et quelque soit leurs sources de financement public éventuellement programmés sur leurs territoires respectifs. Cet outil est très utile pour la bonne raison que les rencontres organisées avec la société civile ont révélé un déficit criant dans la communication au point où certains élus et partant les administrés ignorent tout des projets parfois de grande envergure implantés dans leur commune et qui ont un impact sur l'amélioration de leur cadre de vie. Servant de base arrière pour la capitale, pensez-vous que la wilaya de Blida dispose de moyens lui permettant de jouer son rôle ? La wilaya de Blida est effectivement considérée comme la profondeur stratégique de la capitale. L'agriculture et les industries agro-alimentaires qui constituent ses fonctions économiques de base ont connu des taux de croissance importants, générés respectivement par des investissements publics directs à travers les fonds nationaux (FNDA, PNDA) et, partant, les effets induits de ces apports financiers produits par le secteur agricole. Par ailleurs, il y a lieu de souligner l'essor de la petite et moyenne entreprise qui constitue le tissu industriel essentiel de la wilaya grâce à l'impact positif de la politique du gouvernement de soutien et d'assistance de cette branche économique. A ceci s'ajoute l'évolution qualitative des fonctions du territoire supérieur, à savoir les services, renforcées par la situation géographique de Blida de par sa proximité de la capitale d'une part et l'émergence de pôles d'excellence à travers l'université Saad-Dahleb et le nouveau pôle universitaire d'El-Affroun (27 000 places pédagogiques), d'autre part, autour duquel seront implantées de grandes écoles dont la prestigieuse école des Douanes, celle des cadres du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, celle des notaires et des greffiers et une école paramédicale africaine. Ce qui ne manquera pas de conférer une place de choix à la wilaya de Blida en termes de croissance économique, d'emploi et de production de richesse. Il est dit que la wilaya de Blida est une collectivité riche, or, elle se caractérise par un manque flagrant de moyens de développement. Comment pensez-vous y remédier ? Les moyens de développement qu'ils soient humains ou matériels existent, c'est plutôt l'organisation et la gestion de toutes ces capacités qui est problématique. C'est ce à quoi nous nous attelons pour rationaliser et optimiser ces moyens par la relance des chantiers du programme en cours (PEC) et le lancement de nouveaux projets de développement ainsi que la redynamisation d'opérations en cours de réalisation. L'essentiel pour nous étant de faire converger toutes ces énergies vers le même objectif, le développement local tous azimuts pour répondre graduellement aux besoins exprimés par la population en vue d'améliorer ses conditions et son cadre de vie. Vous n'êtes pas sans le savoir que la wilaya de Blida a bénéficié de projets importants à travers les trois programmes quinquennaux à savoir : PSRE (2000/2004), 2,7 milliards de DA ; PCSC (2005 / 2009), 73 milliards de DA ; PCCPE (2010 / 2014), 146 milliards de DA. Ces programmes ont engendré une croissance induite importante. Les secteurs prioritaires ont engrangé un volume d'investissement de l'ordre : logements (habitat et urbanisme), 9,2 milliards de DA ; hydraulique, agriculture et forêts, 7 milliards de DA ; éducation, 13 milliards de DA ; enseignement supérieur, 16 milliards de DA. Je cite à titre d'exemple quelques indicateurs qui sont symptomatiques des projets réalisés dans certains secteurs d'activité. L'agriculture qui est la vocation première de la wilaya a connu une croissance de 13%, la réalisation du parc logement a permis de réduire le Top ( taux d'occupation par pièce) de 7,4 en 2005 à 5,34 en 2011, alors que le ratio national est situé à 6. L'autre secteur qui a connu un bond qualitatif est celui de l'énergie lequel a enregistré un taux de raccordement en gaz naturel de 63,98% et le taux de branchement à l'énergie électrique est de 99,57%. Quant au secteur de l'hydraulique, il a connu une performance avec un taux de raccordement de 92%, or, le point noir, à savoir l'assainissement, a bénéficié de nombreux projets qui ont permis une couverture de 85% actuellement. Le logement et le travail sont les problèmes majeurs que connaissent les wilaya du pays. Pour Blida, comment entendez-vous répondre aux attentes des populations ? Comme j'ai eu à le préciser à chaque fois que l'opportunité m'est offerte de rencontrer les représentants de la société civile, les demandes de logement et de l'emploi viennent en pole position des requêtes formulées par les citoyens en général. Pour lever toute équivoque, je tiens à rappeler que les commissions ad hoc d'attribution de logements publics locatifs sont mises en place au niveau des 10 daïras que compte la wilaya conformément aux dispositions du décret exécutif n°04/334 du 20/10/2004 et du décret exécutif n°08/142 du 11/08/2008. Ces commissions sont à pied d'œuvre et travaillent sur les dossiers des postulants aux logements publics locatifs pour distribuer d'ici la fin du premier semestre de l'année en cours les logements qui seront réceptionnés sans aucune réserve et avec les commodités, y compris les aménagements extérieurs. Pour faire face à la demande sans cesse croissante qui s'exprime d'une manière cruciale, ces commissions planchent sur les dossiers des citoyens au fur et à mesure de la livraison des programmes. C'est ainsi que durant l'année précédente, 2 481 logements, toutes formules confondues, ont été réceptionnés et attribués aux bénéficiaires et 721 familles ont été relogées dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire dans les communes de Larba, Méftah, Oued el-Alleug, Mouzaïa et Chebli. Ce qui nous a permis de récupérer les assiettes foncières pour les ériger en sites urbanisables susceptibles d'accueillir des équipements publics. Je vous signale qu'au 31 décembre 2011, la situation fait ressortir 24 474 unités toutes formules confondues accordées dans le cadre dans le cadre des deux plans quinquennaux. Sur ce programme global, 4 991 logements ont été déjà réalisés, 12 112 sont en cours de réalisation et les 7 372 restants sont au stade des procédures administratives et des consultations et seront lancés incessamment. La réalisation de logements est un processus complexe qui nécessite du temps, par conséquent, je lance un appel aux postulants en leur demandant de faire preuve de patience. Je veillerai personnellement à ce que ces programmes de logements soient réalisés dans les délais impartis et attribués d'une manière équitable et dans la transparence la plus totale aux citoyens qui sont dans le besoin. La distribution de logements se fera donc d'une manière graduelle, conformément aux critères définis par les textes réglementaires qui régissent l'attribution de logement par les commissions de daïra et si d'aventure des indus bénéficiaires venaient à passer entre les mailles du filet, ils seront automatiquement débusqués par la commission de recours de wilaya. En ce qui concerne l'emploi qui est un volet névralgique, je précise que des efforts sont également consentis dans le recrutement si bien que sur les 56 323 demandes enregistrés a été créé en 2011, 18 650 emplois dans le cadre du dispositif d'aide à l'emploi des jeunes et 7 459 jeunes ont été intégrés contractuellement dans des postes de travail relevant des secteurs économique administratif, artisanal et d'insertion professionnelles. L'Ansej a donné son accord pour 2 637 projets d'investissement qui ont généré 6 593 postes d'emploi, l'Angem a examiné avec un avis favorable 3 303 projets qui ont contribué à la création de 6 210 emplois, la Cnac a initié 691 projets qui ont contribué à la création de 746 emplois et la distribution de 1 119 locaux à usage professionnel pour les jeunes porteurs de projets qui ont engendré 1 678 postes de travail. Pour la population du chef-lieu de la wilaya, vous avez entamé votre mission avec une main de fer dans un gant de velours. Plusieurs actions ont été lancées ou relancées de fort belle manière, c'est le cas du volet environnement. Quel programme envisagez-vous d'établir pour le chef-lieu qui a trop souffert d'une sous-administration, pour ne pas dire d'un manque de prise en charge ? Malgré son aisance financière, la commune de Blida se débattait dans de grandes difficultés de gestion des services basiques et des réseaux divers qui ont un important impact sur la vie quotidienne des habitants. A titre d'exemple, la collecte et le traitement des ordures ménagères sont devenus problématiques. Les déchets jonchaient les coins de rue à n'importe quel moment de la journée sans compter les lits d'oued et les cités d'habitations qui défigurent l'environnement par des amas d'ordures qui s'entassent ici et là pour se transformer en dépotoir. Par ailleurs, les espaces verts, les aires de jeux et les jardins publics qui faisaient par le passé la fierté des Blidéens ont été complètement abandonnés et sont tombés en décrépitude. A noter l'absence de prise en charge du mobilier urbain et des supports de régulation de circulation qui connaît une saturation au niveau des artères principales. Aussi, malgré la place importante qu'occupait la ville de Blida dans la vie culturelle, il est déplorable de constater que ces activités sont embryonnaires et sporadiques faute d'un outil de gestion de promotion adéquat. Et pour remédier à toutes ces imperfections qui se répercutent négativement sur le cadre de vie des citoyens, nous avons été amenés à mettre en place de nouveaux instruments dans la ville de Blida. Il s'agit de la création de six établissements à caractère industriel et commercial (Epic) : collecte et traitement des ordures ménagères et des déchets inertes ; entretien de la voirie urbaine et assainissement ; développement et entretien des espaces verts ; gestion de la circulation et du transport ; réalisation, réhabilitation et entretien du réseau d'éclairage en zone urbaine ; promotion des arts et des activités culturelles. Pour rendre à Blida son lustre d'antan, nous avons chargé l'Epic espace verts de développer l'horticulture par la restructuration des trois pépinières en lui accordant une enveloppe de 75,4 millions de DA. Cette cagnotte sera utilisée aussi pour la réhabilitation des 11 jardins publics que compte le chef-lieu de la wilaya. L'amélioration du cadre de vie des citoyens constitue pour nous une priorité et pour laquelle nous avons dégagé une subvention de 143 milliards de centimes pour relooker les six principales artères en état de dégradation et donner un visage plus avenant à la ville. Toujours dans le cadre des aménagements urbains ; la route de Chréa a bénéficié d'une enveloppe de 19 milliards de centimes pour la rénovation du réseau d'assainissement, la réfection des trottoirs, le revêtement de la chaussée et la remise en état de l'éclairage. En plus de ces entreprises, une autre nouveauté dans la gestion des affaires locales consiste en la création d'un comité de coordination et d'aménagement urbanistique et architectural de la ville de Blida. Ce comité se réunit mensuellement sous la présidence du wali pour examiner tous les points relatifs à l'amélioration du cadre de vie des citoyens d'une part, et asseoir les outils et instruments à une gestion rationnelle et efficace des service,s d'autre part.