Le nombre d'entreprises recensées hors agriculture, privées et publiques, sur le territoire national a été évalué à 1 020 058 entités à décembre 2011, selon les résultats préli-minaires du premier recensement économique (RE) effectué par l'Office national des statistiques (ONS), données reprises par l'organe officiel APS en date du 2 février 2012. Selon l'ONS, il existait au 1er janvier 2012, 959 718 entités économiques (94%) et 60 340 entités administratives. Mais, fait marquant, cette enquête montre la faiblesse pour ne pas dire l'inexistence de management stratégique, et l'impossibilité pour la majorité des entreprises algériennes de faire face à la concurrence internationale. Le gouvernement algérien ayant demandé pour le dégrèvement tarifaire à l'Union européenne à laquelle il est lié par un Accord de libre-échange depuis le 1er septembre 2005 3 années de sursis (la réponse de l'UE n'ayant pas encore été donnée) trois ans suffiront-ils à mettre à niveau un tissu économique totalement délabré, sachant par ailleurs que l'Algérie est en éternelle transition vers l'économie de marché depuis sa demande d'adhésion à l'OMC qui date de juin 1987 ? Selon cette importante enquête, les personnes physiques représentent 90,6% contre 9,4 % pour les personnes morales (entreprises) dont sur ces 9,4% reposant essentiellement sur des micro-entités. Sur le plan spatial, 959 718 entités économiques sont implantées en milieu urbain (83,5%) et 16,5% en milieu rural, et la wilaya d'Alger totalise 33,8% des entités morales, suivie de Tizi-Ouzou (7,2%) et Béjaïa (6,7%). Le tissu industriel est en déclin, avec seulement 97 202, dont 23,4% dans les industries agroalimentaires, 22,7% dans la fabrication de produits métalliques et 10,5% dans l'habillement. L'ONS note par ailleurs que pour le secteur de la construction, elles sont de très petites entreprises (TPE) constituées essentiellement de métiers de plomberie, bâtiment et peinture, ne disposant pas d'un local fixe et visible, et sont donc difficiles à repérer sur le terrain. Ce sont là donc des données officielles qui, pour la première fois, montrent l'urgence d'une réorientation de la politique de développement fiable, supposant de revoir la gouvernance et d'avoir une meil-leure gestion de la dépense publique, corroborant tant les rapports de janvier 2012 de la Banque mondiale et du FMI, n'existant pas de proportionnalité entre l'importance de la dépense publique et les impacts économiques et sociaux et la déclaration de la directrice du FMI, je la cite : «L'Algérie dépense sans compter», voulant dire sans gérer par des distributions de salaires sans contrepartie productive pour assurer une paix sociale éphémère. En effet, face à une aisance financière de conjoncture pas due au travail et à l'intelligence, le FMI et la BM dans leurs rapports constatent une relative stabilisation macroéconomique tout en soulignant que cela est dû à la rente des hydrocarbures et à la timidité, voire le freinage des réformes microéconomiques et institutionnelles condition sine qua non des segments hors hydrocarbures soumis à une détérioration de l'environnement des affaires. Cela ne peut que conduire à terme à une impasse économique, sociale, voire politique. Car les réserves de change produites essentiellement des recettes des hydrocarbures sont une richesse virtuelle. Force est de reconnaître que l'Algérie en ce mois de février 2012 est en plein syndrome hollandais. Elle a exporté 98% d'hydrocarbures à l'état brut et semi-brut et importé 70/75% des besoins des ménages (gonflement faramineux de la facture alimentaire entre 2008/2011 alors que le secteur agricole a absorbé des montants extraordinaires de plusieurs centaines de milliards de centimes algériens dans le programme du PNDA dont aucun bilan n'a été fait à ce jour) et des entreprises dont le taux d'intégration-public/privé - ne dépasse pas 15%. Du point de vue du développement, que les indicateurs officiels macro- économiques et macrosociaux sont des indicateurs artificiels. Il est clair que la croissance algérienne est volatile, tirée par la dépense publique via les hydrocarbures; le taux de chômage est dominé par les emplois-rentes; le taux d'inflation est comprimé par les subventions mal ciblées et mal gérées et que la cotation du dinar sans les hydrocarbures s'établirait entre 30 et 40 dinars pour un euro. L'affectation des ressources pose la problématique de sa rationalité, l'Algérie dépensant deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats par rapport à des pays similaires, selon un rapport récent de l'OCDE concernant la région Mena. Où en est la politique de développement au sein d'une économie ouverte, où nous assistons à un dépérissement du tissu productif malgré l'accroissement de la dépense publique ? Et se pose cette question : le gonflement de la facture des importations malgré le passage du Remdoc au Crédoc a été clôturé fin 2011 à plus de 46 milliards de dollars auquel il faut ajouter 11/12 milliards de dollars de services, soit une sortie de devises de 57/58 milliards de dollars. Exemple: la facture du médicament est passée de 1 milliard de dollars en 2006/2007 à 2 milliards en 2012; l'ensemble de la facture alimentaire, elle, est estimée en 2011 à 10 milliards de dollars, et extrapolée à plus de 14 milliards de dollars horizon 2015 en cas de léthargie du tissu économique. Paradoxalement l'Algérie exportatrice d'hydrocarbures est importatrice de gasoil et d'essence super sans plomb pour plusieurs centaines de millions de dollars. D'une manière générale l'on peut établir une règle de l'évolution des réformes de l'Algérie durant ces trois dernières décennies : plus les cours des hydrocarbures sont élevés, plus les réformes structurelles qui forcément déplacent des segments de pouvoir, les gagnants d'aujourd'hui ne sont pas forcément ceux de demain, sont freinés et vice- versa alors que la logique économique verrait l'inverse l'aisance financière permettrait d'atténuer les ajustements sociaux douloureux de ces réformes. Ainsi, l'économie est sous perfusion de la rente des hydrocarbures, existant des liens dialectiques entre la logique rentière et l'extension et la sphère informelle, entre le niveau des réserves de change et l'évolution du cours des hydrocarbures déterminés essentiellement par des facteurs externes. Il y a urgence d'une transparence dans la gestion des réserves de change pour éviter les pratiques occultes posant la problématique de la démocratisation de la gestion des hydrocarbures, une transparence dans la gestion du système financier lieu de distribution de cette rente afin de lutter efficacement contre la corruption, les lois et la création d'institutions bureaucratiques inefficientes étant contredites par les pratiques sociales.