«Depuis 1988, ce pays est mal géré par une gouvernance qui s'est accaparée le pouvoir par la violence dans le but de se servir», a affirmé Mokdad Sifi, hier à Alger. Animant une conférence de presse sous la thématique «50 ans d'indépendance-Quel bilan ?», l'ex-chef du gouvernement a appelé à un passage du pouvoir aux jeunes pour «faire de ce pays une vraie République». Le conférencier, malgré qu'il a affirmé être dans l'incapacité d'établir un bilan, s'est pourtant prononcé sur la situation «catastrophique» qui prédomine en Algérie, remettant en cause, à l'occasion de cette rencontre, la gouvernance qui gère le pays avec un régime qui «perdure,malgré le changement des têtes». Selon l'orateur, le slogan de « Algérie,dignité et fierté, utilisé par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika durant sa campagne en 1999, ne s'est pas concrétisé», a-t-il affirmé. Pour le conférencier, «rien n'a été fait durant la décennie rouge, malgré des ressources exceptionnelles dont disposait l'Etat» situation imputée à un système mafieux qui gérait le pays entre 1996-1999. Sur sa lancée, l'ex-Premier ministre a estimé que parvenir au changement idéal est synonyme «d'utopie et irréalisable tant que le pouvoir persiste à empêcher les citoyens d'accéder à une réelle démocratie». Evaluant la période durant laquelle il a été chef du gouvernement, Mokdad Sifi a considéré que sa mission a été un «franc succès». Néanmoins, l'orateur a utilisé la langue de bois sur quelques questions liées à cette période, notamment les discussions entreprises par le gouvernement avec le FIS ainsi que les clauses d'accord avec le fonds monétaire international (FMI), «je me tenais loin de tout ce qui concernait la politique, qui ne m'intéressait pas», a-t-il argumenté. Revenant sur les prochaines élections législatives, prévues pour le 10 mai prochain, Mokdad Sifi a affiché sa crainte quant au transfert de «ce mal» autrement dit «gouvernance corrompue» par le biais d'élections trafiquées.