Mokdad Sifi n'y va pas de main morte pour descendre en flammes le bilan de la mandature de Bouteflika. Pour l'ancien chef du gouvernement, en cinq ans de gouvernance «il y a eu un semblant d'actions». Abordant le sujet des réformes lancées par le chef de l'Etat dés sa prise de fonction, Sifi estime que par rapport à la justice «il lui est reproché (à Bouteflika DNLR) le viol de la loi», allusion sans doute au dossier FLN. La réforme de l'éducation et des structures de l'Etat sont, à en croire l'ex-Premier ministre, au point mort. A ce propos, il insiste sur l'absence de crédibilité de ce même Etat que le président de la République veut réformer. Au plan économique, Mokdad Sifi dresse un tableau noir des actions des différents gouvernement, de Bouteflika. Il met en exergue, pour ce faire, l'amendement apporté à la loi sur les privatisations dont il a été l'initiateur en 1995. Cet état de fait a conduit, selon lui à une absence quasi-totale d'investissements en Algérie. «Il n'y a pas d'économie parce qu'il n'y a pas de stratégie», accuse-t-il. Et d'ajouter: «le gouvernement ne fait que gérer une rente». Il estime par ailleurs que les actions menées dans le cadre du plan de relance économique n'ont aucun impact réel sur la nation, puisqu'elle concerne des réalisations qui peuvent être facilement prises en charge au niveau des collectivités locales. Pour Sifi, la mission de l'Etat en ce qui concerne les infrastructures de base consiste en «la réalisation de 3000 km de voie ferrée et pas moins d'une centaine de barrages». Cela en sus de «l'autoroute Est-Ouest et celle des hauts Plateaux» qui, à ses yeux constituent la priorité des autorités centrales. Seul point positif, selon Sifi, c'est le programme de location-vente qui «peut contribuer à régler le problème du logement en Algérie». Hormis cet aspect de la gouvernance, l'ancien premier ministre estime globalement que rien de bien sérieux n'a été réalisé, notamment au plan sécuritaire, puisqu'il affirme que la loi sur la Rahma de Zeroual a eu un impact considérable (2000 repentis) que Bouteflika «a repris à son propre compte avec la concorde civile». Quant à la concorde nationale, elle «cache une tentative de récupération de la tragédie nationale, sans justice». En ce qui concerne le travail du président à l'échelle internationale, Sifi se pose une question qui contient en elle sa propre réponse: «l'image de l'Algérie se traduit dans les faits: Est-ce que l'Algérien qui demande un visa est bien reçu par les consulats étrangers?»