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MOKDAD SIFI D�CLINE L�INVITATION ET �CRIT � ABDELKADER BENSALAH
�C�est le pouvoir qui est le principal probl�me du pays�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 02 - 06 - 2011


Mokdad Sifi dit non � Bensalah
L�ancien chef du gouvernement Mokdad Sifi d�cline officiellement l�invitation que lui a adress�e la commission Bensalah, � prendre part aux �consultations politiques�. Une position que Sifi explique longuement dans une lettre adress�e, hier mercredi, � Abdelkader Bensalah. Mais qui, en r�alit�, dresse un bilan sans concession du r�gime Bouteflika.
�Au plan personnel, ma consid�ration pour vous est sinc�re�, �crit Sifi � Bensalah lui rappelant ses �positions patriotiques durant la d�cennie 90 qui nous avait r�unis, en 1994 et 1995, dans la m�me �quipe gouvernement-CNT, soud�s par la cause nationale, au moment o� l�Alg�rie, en cessation de paiement et dont le tiers des communes �chappaient � l�autorit� de l�Etat, subissait de plein fouet le terrorisme int�griste, l�isolement international et la l�chet� de beaucoup de personnalit�s politiques qui avaient pr�f�r� se terrer et se taire au moment o� des Alg�riennes et des Alg�riens tombaient tous les jours, assassin�s par les terroristes et au moment o� le pays, mena�ant de sombrer, avait le plus besoin d�eux� �. M�me s�il utilise le pluriel, Sifi fait allusion, ici, en parlant de �la l�chet� de personnalit�s politiques� � un seul homme : Abdelaziz Bouteflika. �Aujourd�hui, nous n�avons plus les m�mes positions politiques �, fera remarquer Sifi � Bensalah. Avant de lui rappeler son discours de A�n Defla, du temps o� il �tait chef du gouvernement, durant la pire p�riode qu�a connue l�histoire de l�Alg�rie ind�pendante. Il y d�clarait, notamment, que �c�est parce que les gouvernants ont failli que le sous-d�veloppement �conomique, la mis�re sociale et le sentiment de hogra ont favoris� l��mergence de la violence et de l�extr�misme (�) C�est une le�on terrible que nul Alg�rien, � quelque niveau que ce soit, ne doit oublier�. Il demande � Bensalah de s�y inspirer en ce qu�il �est susceptible de vous projeter en 1995, au moment o� nous avions les m�mes positions politiques�. Mais pas que cela... �Je compte sur vous pour bien transmettre ce message � qui de droit.� C'est-�-dire � Bouteflika. L�ancien chef du gouvernement de Liamine Zeroual, tout comme Ghozali d�ailleurs et dont il �tait le chef de cabinet, rejette et le fond et la forme de la d�marche du pouvoir, les consultations politiques en cours, en l�occurrence. �Je ne vous ferai pas l�injure, � vous et aux membres de votre commission, de croire que quiconque puisse penser que les solutions aux probl�mes politiques, �conomiques et sociaux du pays se r�sument � un simple r�am�nagement du texte de la Constitution ou des textes de lois�. Il constatera � juste titre que � depuis 12 ans�, la Constitution et toutes les lois soumises � amendement depuis le 15 avril dernier sont viol�es � r�p�tition, que �les partis et les personnalit�s oppos�es au r�gime dont certains sont invit�s aujourd�hui � votre d�bat ont �t� emp�ch�s de faire entendre leur voix�. Pour Sifi, il ne sert absolument � rien de changer de lois qu�on n�a jamais respect�es. �Le probl�me du pays n�est donc pas d�ordre juridique, mais d�essence politique.� Pour Mokdad Sifi, les choses sont d�une simplicit� criante : �C�est le pouvoir qui est le v�ritable probl�me du pays.� Car � quoi bon changer de Constitution et maintenir celui qui la viole, amender la loi �lectorale et reconduire ceux qui fraudent� Il ne manquera pas, ensuite, de constater que �la crise profonde que vit actuellement le pays co�ncide avec un environnement r�gional explosif qui voit les r�gimes arabes scl�ros�s et corrompus, tomber l�un apr�s l�autre�. Ce � quoi, le r�gime Bouteflika r�pond �en r�duisant la solution de cette crise majeure � de simples r�formes juridiques�. Pour l�ancien chef du gouvernement, nul doute que, comme en Tunisie, en Egypte, au Y�men, en Syrie, le peuple alg�rien aussi �veut un changement radical du syst�me�. Ce qu�il dit souhaiter se produire sans d�g�ts. �A mon humble avis, il importe au plus t�t d�instaurer une p�riode de transition, conduite par un gouvernement de transition repr�sentatif adoss� � un conseil de transition�. Certes, admet-il, �cela sera tr�s difficile (� r�aliser) mais le prix � payer sera mille fois moindre que celui que la Nation devra payer � la rue si le pouvoir continue � se murer dans son arrogance�, mettra-t-il en garde.
K. A.
Lettre de Mokdad Sifi � Abdelkader Bensalah
Monsieur le Pr�sident,
Vous avez bien voulu m�adresser une lettre d�invitation � vous rencontrer pour participer � ce que vous qualifiez de �d�bat sur les r�formes politiques cruciales et d�terminantes pour l�avenir de notre pays�, et � vous faire part de �mes opinions et propositions sur ces r�formes attendues� telles qu�initi�es par le pr�sident de la R�publique. Je vous remercie pour cette invitation et pour la consid�ration que vous y manifestez � mon �gard. Je voudrais aussi vous exprimer tout le respect que je vous porte eu �gard � vos positions patriotiques durant la d�cennie 90 qui nous avait r�unis, en 1994-1995, dans la m�me �quipe gouvernement- CNT, soud�e pour la cause nationale, au moment o� l�Alg�rie, en cessation de paiement et dont le tiers des communes �chappait � l�autorit� de l�Etat, subissait de plein fouet le terrorisme int�griste, l�isolement international et la l�chet� de beaucoup de personnalit�s politiques qui avaient pr�f�r� se terrer et se taire au moment o� des Alg�riennes et des Alg�riens tombaient tous les jours, assassin�s par les terroristes, et au moment o� le pays, mena�ant de sombrer, avait le plus besoin d�eux. Au plan personnel, ma consid�ration pour vous est sinc�re, parce que je n�oublie pas que vous n�aviez ni craint ni h�sit� � prendre des risques majeurs en acceptant de m�accompagner dans la d�l�gation gouvernementale que j�avais conduite, par route, le 31 octobre 1995, � A�n Defla, alors fief du terrorisme, et qu�au retour, entre A�n Defla et Chlef, notre long cort�ge avait travers�, � la nuit tomb�e, une zone d�accrochage entre l�ANP et un groupe de terroristes, sans que les cr�pitements des armes, francs et intenses et semblant tr�s proches, ne perturbent ni notre engagement, ni notre conversation, malgr� la peur naturelle qui affecte tout un chacun. Ceci pour vous rappeler que notre Alg�rie �tait revenue de loin � l�occasion des �lections pr�sidentielles du 16 novembre 1995, gr�ce � la mar�e populaire qui y avait particip�, le peuple ayant renouvel� sa confiance envers ses dirigeants et mis le hol� � la d�rive du pays. Aujourd�hui, nous n�avons plus les m�mes positions politiques et vous �tes charg�, de par votre statut, de noter et de rapporter � qui de droit, les messages de vos interlocuteurs. Voici mon message principal qui est r�sum� dans un passage du discours du chef du gouvernement que j��tais et que j�avais adress�, au nom des pouvoirs publics, � la population de A�n Defla le 31 octobre 1995, il y a 16 ans, et diffus�, le soir m�me, par la t�l�vision nationale : �Je sais les souffrances de la population de A�n Defla qui n�a pas b�n�fici� suffisamment d�actions de d�veloppement et qui, apr�s avoir endur� les affres du colonialisme, a continu�, bien longtemps apr�s l�ind�pendance, � �tre oubli�e des d�cideurs centraux. C�est parce que les gouvernants ont failli que le sous-d�veloppement �conomique, la mis�re sociale et le sentiment de hogra ont favoris� l��mergence de la violence et de l�extr�misme. C�est une le�on terrible que l�Alg�rie paie dans le sang de ses enfants et les larmes des veuves et des orphelins. C�est une le�on que nul Alg�rien, � quelque niveau que ce soit, ne doit oublier, une le�on qui dit que : Quand on s�me la hogra, on r�colte la d�fiance�. Au cas o� cela peut apporter un plus, je vous joins, en annexe, le contenu de tout le discours de A�n Defla, dont vous aviez bien pris connaissance en son temps, et qui, � mon humble avis, est plein de le�ons et est susceptible de vous projeter en 1995, au moment o� nous avions les m�mes positions politiques. Je compte sur vous pour bien transmettre ce message � qui de droit. Vous �tes le mieux � m�me de le faire. Peut-�tre que le pouvoir saura tirer les le�ons qu�il n�a pas encore su tirer depuis seize ans et qu�il cessera enfin de louvoyer en se voilant la face sur la mis�re et la hogra subies par le peuple. C�est fort de ces principes qui m�ont toujours anim�, que, s�agissant de cette initiative de consultation, je consid�re qu�il n�y a absolument aucune utilit� pour le pays � ce que j�y souscrive. Depuis pr�s de 12 ann�es, les partis et les personnalit�s oppos�s au r�gime dont certains sont invit�s aujourd�hui � votre d�bat, ont �t� emp�ch�s de faire entendre leur voix et d�exprimer leurs opinions politiques face � l�autoritarisme du pouvoir qui a verrouill� les paysages politique et m�diatique et impos�, par la force et la fraude, le viol de la Constitution et la gestion corrompue des ressources nationales. Votre lettre m�invite formellement � formuler une opinion sur des �r�formes politiques cruciales et d�terminantes pour l�avenir de notre pays�, alors qu�en r�alit� il n�est attendu de moi, comme des autres invit�s, qu�une simple d�claration verbale succincte � enregistrer, sans lendemain, portant avis et propositions sur de simples annonces d�am�nagement des textes de la Constitution et des lois portant sur le syst�me �lectoral, les partis politiques, la repr�sentation de la femme dans les instances �lues, le mouvement associatif, le code de wilaya, l�information et les cas d�incompatibilit� avec la l�gislature parlementaire.
Monsieur le Pr�sident,
Je ne vous ferai pas l�injure, � vous et aux membres de votre commission, de croire que quiconque puisse penser que les solutions aux probl�mes politiques, �conomiques et sociaux du pays se r�sument � un simple r�am�nagement du texte de la Constitution ou des textes de lois. Pour ma part, je pense que la crise que nous vivons aujourd�hui est pr�cis�ment due au non-respect de la Constitution et des textes qui en d�coulent et au fait que des centres de pouvoir se placent d�lib�r�ment au-dessus des lois. La Constitution est viol�e dans ses fondements et dans tous les domaines qu�elle recouvre. Faut-il faire une autre constitution pour la violer de nouveau ? Quelle est alors la solution ? Le syst�me �lectoral p�che syst�matiquement et publiquement par la fraude av�r�e des �lections, ce qui d�l�gitime les pouvoirs l�gislatif et ex�cutif, fait perdre totalement la confiance de la population dans ses gouvernants, alimente la suspicion et nourrit le ph�nom�ne de d�sob�issance civile et l�instabilit� du pays. Faut-il changer la loi �lectorale et maintenir la fraude ? Ou bien changer ceux qui sont responsables de cette fraude ? La loi sur les partis politiques autorise la cr�ation des partis que le pouvoir bloque ill�galement depuis plus de 12 ans. Faut-il changer la loi ou le pouvoir ? La Constitution fait de la femme l��gale de l�homme alors que le code de la famille, anticonstitutionnel, bride la femme jusque dans son int�grit� morale. Faut-il ignorer l�ali�nation fondamentale de la femme et veiller plut�t � sa repr�sentation dans les institutions �lues ? Et cela tout en continuant � violer la Constitution en brimant la femme ? Le probl�me du mouvement associatif, actuellement totalement ligot�, r�side dans son ali�nation au pouvoir qui le g�re par la r�pression et la corruption pour neutraliser toute initiative qui �chappe � son contr�le. La solution ne consiste-t-elle pas, par une simple d�cision politique, � rendre son autonomie � la soci�t� civile ? S�agissant du code de wilaya, la r�alit� est que le pouvoir, en violation de l�esprit de la Constitution donne des pr�rogatives exorbitantes aux walis, au d�triment de celles des assembl�es �lues. Faut-il traiter de ce code, au titre de cette consultation, pour qu�ensuite il subisse le m�me sort que le code communal ? A quoi sert-il alors de traiter de ces lois et codes et des consultations les concernant si le probl�me se situe au niveau des pouvoirs ? Il faut donc traiter des pouvoirs. Pour ce qui concerne la loi sur l�information, la libert� d�expression est consacr�e par la Constitution mais elle est, dans les faits, brim�e et r�prim�e. Les m�dias publics et notamment lourds sont ill�galement monopolis�s par le pouvoir � son profit exclusif et demeurent ferm�s � toute opinion diff�rente au m�pris de leurs missions de service public. Encore une fois, c�est le pouvoir qui est le v�ritable probl�me du pays. Que faut-il faire alors dans ces cas de viol permanent et g�n�ralis� de la Constitution par le pouvoir ? Sur les plans �conomique et social, d�j� caract�ris�s par l�absence flagrante de strat�gie et de visibilit�, les lois qui ne sont pas appliqu�es et celles qui sont viol�es sont l�gion, y compris les lois de finances, par circulaire, voire oralement, par ceux-l� m�mes qui sont charg�s de veiller � leur stricte application, portant ainsi gravement atteinte � l�autorit�, au s�rieux et � la cr�dibilit� de l�Etat lui-m�me, ainsi qu�� la saine gestion des affaires dont il a la haute charge au plan national comme au plan international. En v�rit�, tous les probl�mes �voqu�s r�sultent �galement de l�absence d�une r�elle opposition politique et d�autres contre-pouvoirs cons�quents et d�instruments de contr�le efficaces, absence voulue et impos�e par le pouvoir, avec pour cons�quences des d�rives morales ayant profond�ment affect� la soci�t� dans ses valeurs les plus nobles, au point de menacer sa coh�sion et sa stabilit�. Un exemple illustratif de ce mode de gouvernance autoritariste est donn� par la neutralisation du Conseil national �conomique et social, qui n�avait pourtant qu�un simple r�le consultatif, mais qui a fini par g�ner par ses publications et ses prises de position quelque peu critiques � l��gard de l�ex�cutif. C�est dire que le probl�me du pays n�est donc pas d�ordre juridique, mais d�essence politique. Il d�coule de la volont� d�lib�r�e et d�clar�e du pouvoir, ill�gitime d�ailleurs, de se situer audessus de la loi, allant � contre-courant des aspirations l�gitimes du peuple et notamment de la jeunesse, y compris universitaire, abandonn�e, brim�e, d�sempar�e, sans projet, sans perspectives, sans possibilit� de recours et pouss�e, ainsi, � tous les extr�mismes, comme la harga, la drogue, la criminalit� et autres d�linquances et violences, � l�immolation et autres suicides. Et pourtant, le pouvoir ne cesse d��taler la richesse du pays en ressources financi�res qu�il dilapide et distribue � toutva. O� se trouve alors la solution du probl�me ? Certainement pas dans les simples r�am�nagements des textes de lois. Cette grave d�viance a conduit � substituer � la souverainet� de la loi, des m�thodes d�exercice du pouvoir bas�es essentiellement sur des crit�res n�potiques, client�listes et claniques. Cette forme de gestion permissive a eu pour corollaire, la d�liquescence de l�Etat et de son administration, laissant le champ libre � la pesante et scl�rosante bureaucratie, l��conomie informelle, encourag�e d�ailleurs, la corruption qui semble d�sormais s�imposer � l�Etat apparemment noy� qui s��vertue � la combattre par le discours et le slogan et des textes sans lendemain, aux pratiques maffieuses qui se g�n�ralisent et d�une mani�re g�n�rale aux forces de r�gression qui disputent � l�Etat leur part d�influence et de gouvernance informelle. La crise profonde que vit actuellement le pays co�ncide avec un environnement r�gional explosif qui voit les r�gimes arabes scl�ros�s et corrompus tomber, l�un apr�s l�autre, dans un tragique jeu de dominos qu�exploitent, dans leur int�r�t, certaines puissances occidentales. Cette exploitation est d�clench�e, facilit�e et encourag�e par la faiblesse des pays concern�s r�sultant de l�ill�gitimit� des r�gimes en place et de l�absence de solidarit� et de coh�sion des populations autour de leurs gouvernants. En r�duisant la solution de cette crise majeure � de simples r�formes juridiques, le pouvoir alg�rien, par c�cit� politique et culturelle, incomp�tence et l�thargie, n�a pas saisi la v�ritable nature ainsi que la port�e des r�volutions des peuples arabes. Ce sont ces analyses erron�es qui poussent nos dirigeants � croire qu�ils seront �pargn�s parce que �l�Alg�rie n�est pas la Tunisie, n�est pas l�Egypte et n�est pas la Libye !�. En 1995, c�est le peuple alg�rien qui s�est lev� comme un seul homme un certain 16 novembre pour participer, massivement, malgr� l�interdiction et les menaces de mort des GIA (Urne �gale Cercueil, disaient-ils), � des �lections pr�sidentielles sans pr�c�dent autour d�un seul mot d�ordre : Non au terrorisme ! Cet engagement et cet enthousiasme populaires exceptionnels, exprim�s dans une conjoncture pourtant difficile, n�ont malheureusement pas trouv� l��cho qu�ils m�ritaient aupr�s du pouvoir qui n�a pas su se hisser � la hauteur des sacrifices consentis par le peuple. Bien au contraire, c�est l�autoritarisme, la suffisance et l�arrogance en direction du peuple qui ont toujours caract�ris� la gouvernance du pouvoir depuis les �lections pr�sidentielles de 1995. Aujourd�hui, ce peuple a perdu toute confiance dans ses gouvernants, et n�accorde plus aucun cr�dit � tout ce qui en �mane. Le r�gime a �t� gravement discr�dit� aux yeux des citoyens, notamment par les affaires de corruption sans pr�c�dent dans l�histoire du pays, �tal�es longuement dans les m�dias nationaux et �trangers, et fortement d�cri� du fait de la dilapidation des ressources nationales. A cet �gard, vous n�ignorez pas que depuis plusieurs mois, la rue gronde dans l�ensemble du pays, les citoyens n�h�sitent plus, malgr� la dissuasion et la r�pression, � exprimer leur m�contentement. Cette agitation, au-del� des demandes sociales qu�elle exprime, traduit un d�ficit profond de confiance, de dialogue et de concertation, lui-m�me cons�quence de la non-repr�sentativit� des ��lus�, tant locaux que nationaux et de l�autisme du pouvoir et de ses appareils.
Monsieur le Pr�sident,
C�est vous dire combien la situation ainsi bri�vement d�crite met en relief l�inanit� de la d�marche adopt�e, fond�e sur une simple r�vision de textes, pour le traitement d�une crise majeure de nature �minemment politique. Le pouvoir, qui n�admet pas d�alternance, s�est toujours donn� comme priorit� absolue de combattre et d�annihiler l��mergence d�une saine, s�rieuse et n�cessaire opposition politique organis�e, en utilisant tous les moyens possibles, y compris la manipulation, la fraude, la corruption et la r�pression, et il a r�ussi � maintenir cette opposition � l��tat embryonnaire, sans poids cons�quent, sans capacit� de mobilisation et sans v�ritable cr�dibilit�. Aujourd�hui, paniqu� et accul� par une crise majeure, cons�quence de sa propre gouvernance erratique, il cherche � n�gocier un semblant de r�formes avec une opposition squelettique. En cons�quence, faute d�avoir affaire � une opposition dont il n�avait jamais voulu, il a aujourd�hui affaire au peuple face auquel il ne veut pas se retrouver tout seul. C�est l�impasse dans laquelle ce pouvoir s�est finalement lui-m�me enferm�. A mon avis, le pays n�a pas besoin de ce genre de r�formes, il a besoin d�un changement radical. Le peuple doit pouvoir choisir et �lire d�mocratiquement ses dirigeants. Le pays doit b�n�ficier d�une v�ritable politique de d�veloppement bas�e sur une strat�gie rationnelle et un programme coh�rent et transparent sans corruption, qui r�ponde r�ellement aux besoins de la population dans tous les domaines. La justice doit devenir r�ellement ind�pendante et servir de base � la construction d�une paix civile bas�e sur la justice et la v�rit�, sans impunit� pour les voleurs, les criminels et les terroristes. Le Pr�sident n�as pas besoin d��couter les avis des partis et des personnalit�s nationales pour savoir ce que le peuple veut. Il n�a qu�� �couter le peuple et surtout les jeunes qui sont les plus concern�s par l�avenir du pays. Or, � interpr�ter les multitudes d��meutes et de manifestations qui secouent quotidiennement le pays dans la quasi-totalit� des wilayas et des secteurs d�activit� de l�Etat, et comme les Tunisiens, comme les Egyptiens, comme les Y�m�nites, comme les Syriens, comme tous les peuples opprim�s, les Alg�riens veulent un changement radical du syst�me de gouvernance. Aujourd�hui que la r�volution frappe aux portes des dictatures arabes, je ne souhaite pas que l�Alg�rie s�embrase. Je ne souhaite pas � notre peuple un retour � la violence des ann�es de feu. Nous avons eu trop de morts, trop de disparus. Les larmes de dizaines de milliers de m�res, d��pouses et d�enfants n�ont pas encore s�ch�. L�Alg�rie a les moyens financiers et les comp�tences humaines pour devenir rapidement un grand pays d�mocratique, fort surtout de la confiance et de la coh�sion de son peuple. Il faut pour cela agir vite et avoir la lucidit� et le courage de prendre des d�cisions historiques. Ces d�cisions urgentes doivent �tre prises maintenant, pacifiquement, avant que le peuple ne les impose dans le chaos des �meutes violentes, avec le risque de la destruction de la Nation. A mon humble avis, il importe au plus t�t d�instaurer une p�riode de transition, conduite par un gouvernement de transition repr�sentatif adoss� � un conseil de sages, charg� d�amender la Constitution, d�organiser des �lections pr�sidentielle et l�gislatives et de veiller � lib�rer imm�diatement le champ politique et le champ m�diatique de toute entrave. L�Arm�e nationale populaire devra s�engager � accompagner ce processus et � �uvrer � son succ�s. Cela sera tr�s difficile mais le prix � payer sera mille fois moindre que celui que la Nation devra payer � la rue si le pouvoir continue � se murer dans son arrogance.
Monsieur le Pr�sident,
Vous comprendrez ais�ment les raisons qui m�ont amen� � r�pondre de la sorte � votre invitation, car je n�aurais pas souhait�, en vous rencontrant, cautionner, par ma pr�sence, la d�marche retenue dans le cadre de vos consultations, d�marche que je consid�re inappropri�e face � l�enjeu �minemment politique de la crise. D�marche qui fera perdre un temps pr�cieux au pays et susceptible, par ses atermoiements et temporisations, d�exacerber et de pr�cipiter un d�nouement violent de cette crise, d�nouement que nous voudrions tous �viter � notre Nation et � notre Peuple. Nous vivons un moment historique o� de graves responsabilit�s historiques doivent �tre assum�es par nos gouvernants et par chacun de nous. Avec l�expression de ma haute consid�ration.
Alger le 1er juin 2011 Mokdad Sifi


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