L'ancien Chef du gouvernement, (1994-1995, du temps du président Liamine Zeroual), Mokdad Sifi, est sorti hier de sa léthargie pour accabler l'actuel régime et mettre en garde contre une “explosion sociale quasi certaine”. “L'idéal serait de permettre un changement pacifique. Un changement auquel devraient participer tous les Algériens à travers un mouvement d'une refondation nationale. Mais, cet idéal relève de l'utopie devant l'entêtement du pouvoir à maintenir le cap. Si le pouvoir continue à empêcher le changement pacifique, l'explosion est inévitable. “Aujourd'hui, je mets en garde contre une déflagration générale !” avertit l'ancien Chef du gouvernement, invité hier aux débats des Mille et une news, organisés par le confrère Algérie News, autour du thème “50 ans d'indépendance : quel bilan ?” Et de renchérir : “Certes, je suis de nature à refuser toute forme de violence, d'où mon idéal pour un changement pacifique, sauf que l'actuel système, fondé sur la mal-gouvernance, ne semble guerre privilégier cette voie salutaire, d'où une explosion sociale devient presque inéluctable. Le régime doit savoir qu'il ne peut pas échapper au verdict de l'histoire (…).” Convaincu que “ce régime disparaîtra d'une manière ou d'une autre”, M. Sifi appelle cependant à l'empêcher de passer le pouvoir à un autre régime de même acabit. Il revendique un changement pour passer le pouvoir au peuple, et non pas un changement de têtes au sein du régime qui perdure. Si M. Sifi n'a pas été tendre avec le régime depuis l'indépendance, dans son discours, il critiquera cependant un peu plus sévèrement l'ère de gouvernance de Bouteflika, depuis 1999 à ce jour. Pour l'ancien Chef du gouvernement, aujourd'hui l'Algérie “stagne dans la mal-gouvernance”. Une gouvernance, juge-t-il, caractérisée essentiellement par “l'incompétence, la corruption, la gabegie, le néhilisme…” Ce sont là autant de maux que le candidat à la présidentielle de 1999 impute sans ambages au président Bouteflika qui avait promis la “dignité” aux Algériens à son arrivée au pouvoir. “Pourquoi sommes-nous pauvres dans un pays si riche ?” s'interroge encore l'ancien Chef du gouvernement, lequel constate avec amertume qu'aujourd'hui, ce sont “tous les secteurs qui se trouvent en deuil”. M. Sifi révèle que Bouteflika avait été ramené au pouvoir, après une “cabale montée” contre son prédécesseur, en l'occurrence Liamine Zeroual, qu'il ne manque pas d'encenser à l'occasion. La sortie publique de M. Sifi a-t-elle pour objectif de faire campagne pour un éventuel retour de M. Zeroual ? Ou bien, l'ancien Chef du gouvernement est-il membre d'un des nouveaux partis politiques qui viennent d'être créés ? Dans sa réponse, M. Sifi réfute catégoriquement ces deux thèses. “Je n'ai pas de relation avec Zeroual, et je ne suis pas membre de l'UFDS (un parti auquel il est soupçonné d'appartenir)”, a-t-il démenti. F A