Une campagne de prévention et de sensibilisation sur les risques encourus par l'utilisation de l'amiante doit être menée, a préconisé mardi à Alger, le professeur Hocine Chaouche, chef du service chirurgie thoracique, cardio-vasculaire et de transplantation d'organes au CHU Mustapha-Pacha d'Alger. Le Pr Chaouche, qui s'exprimait lors des deuxièmes journées de formation post-universitaire en chirurgie thoracique et cardio-vasculaire qu'a abrité le CHU Mustapha-Pacha, a indiqué que la campagne de prévention et de sensibilisation en question doit comporter deux principales étapes. La première, a-t-il expliqué, consiste à empêcher l'inhalation de la poussière d'amian-te au moment où, a-t-il poursuivi, la seconde étape doit avoir pour point de mire les personnes qui ont, par le passé, été exposées à l'amiante. «Les personnes qui ont travaillé dans l'amiante sont des sujets à risque. «D'aucuns ignorent que cette frange peut développer un cancer 15 ou 20 ans après avoir cessé son activité professionnelle», a fait remarquer le spécialiste. Selon lui, la campagne de prévention et de sensibilisation sur les risques encourus par l'utilisation de l'amiante est à même de réduire le recours à la chirurgie, ajoutant que cette dernière n'est pas toujours un «gage» de réussite. Le Pr Chaouche a, dans ce contexte, mis l'accent sur le rôle susceptible d'être dévolu à la médecine du travail, laquelle peut, au regard de «ses spécificités», contribuer au volet dépistage. En outre, a-t-il ajouté, les personnes travaillant dans l'amiante doivent à tout prix laisser leurs vêtements (de travail) dans leur lieu d'activité et ne pas les ramener chez eux, les observations ayant montré, a-t-il noté, que même certaines femmes ayant lavé le linge de leur époux étaient atteintes. Le Pr Chaouche a, par ailleurs, estimé que les chiffres dont disposent les registres régionaux de cancer ne sont pas «révélateurs» de la situation réelle en matière de prévalence de la maladie, préconisant la centralisation de toutes les données. Affirmant que le recours à l'amiante est motivé par les qualités physiques et chimiques de celui-ci (c'est un bon isolateur), le Pr Salim Ameur, du CHU Mustapha, a, pour sa part, dans une communication portant sur la chirurgie de la plèvre, noté l'importance de rechercher les gisements d'amiante dans les constructions. Selon lui, les écoles et les hôpitaux doivent, entre autres, faire l'objet d'une attention particulière en vue d'y déceler la présence d'amiante, lançant un appel pour que les personnes qui ont été exposées à ce produit fassent, au moins, une radio par an. Le Pr Ameur a, par ailleurs, estimé que la prévention du mésothéliome, un cancer de la plèvre, doit se faire en luttant contre l'utilisation de l'amiante, ajoutant que cette lutte doit constituer l'un des axes fondamentaux du plan cancer. Sur un autre registre, et au sujet de la coopération algéro-française en matière de formation, le Pr Marc Riquet, de l'hôpital Georges-Pompidou de Paris (France), présent à ces deuxièmes journées de formation, a affirmé que des spécialistes algériens viennent se recycler au Collège de la chirurgie thoracique de Paris. Abordant la transplantation d'organes, il a noté que l' «idéal» est que l'organe greffé soit prélevé à partir d'un donneur cadavérique. A noter que les deuxièmes journées de formation postuniversitaire en chirurgie thoracique et cardio-vasculaire ont été organisées conjointement par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, ainsi que le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.