Les dangers de l'amiante ne sont un secret pour personne. Il suffit de savoir qu'il provoque le cancer, et ce, même 20 à 40 ans après l'arrêt d'une activité quelconque en contact avec cette matière. Si l'on en parle encore aujourd'hui, c'est parce que l'amiante est toujours présent dans notre environnement, ce qui est aberrant. «Effectivement, ce produit nocif, très dangereux qui cause de nombreuses maladies dont le cancer, se retrouve actuellement en de nombreux lieux, notamment dans la wilaya de Mascara, dans une usine de plaquettes de freins à Alger et aussi à Oran», a affirmé le professeur Kamel Bouzid, chef de service d'oncologie du Centre de Pierre-et-Marie-Curie (CPMC), contacté, hier, par téléphone. Les spécialistes n'ont pas cessé depuis quelques années, d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur la lutte contre l'exploitation de l'amiante, l'interdiction de son importation de l'étranger mais aussi contre son utilisation dans les matériaux de construction. «Les personnes qui ont travaillé dans des usines d'amiante, dans le bâtiment sont des sujets à risque pouvant développer un cancer, 20 à 40 ans après l'arrêt de leur activité professionnelle», a averti ce spécialiste. Il s'avère et cela a été prouvé, que même, les femmes des ouvriers du bâtiment ont été atteintes du cancer de la plèvre . A la question de savoir si le taux de prévalence de cette maladie occasionnée par l'amiante est en régression ou en augmentation, notre interlocuteur, a précisé que les chiffres émanant d'une thèse préparée par un spécialiste sur le sujet ont démontré que «le taux a été réduit». Pour preuve, poursuit-il, conformément à la réglementation en vigueur, l'Etat a consenti d'énormes efforts en matière de lutte et a pris déjà des mesures efficaces en lançant des opérations de désamiantage qui sont toujours en cours. Il citera comme exemple quelques structures publiques telles que la coupole du 5-Juillet qui a été désamiantée durant les années 90 et d'autres structures relevant des collectivités locales. A titre préventif, le Pr Bouzid estime que la médecine du travail doit signaler les risques liés à l'exploitation de l'amiante. Abordant ce sujet lundi lors des 2es journées de formation post-universitaire en chirurgie thoracique et cardio-vasculaire qu'a abritées le CHU Mustapha-Pacha, le chef du service de chirurgie thoracique, cardio-vasculaire et de transplantation d'organes, le professeur Hocine Chaouche, a suggéré le lancement d'une campagne de prévention et de sensibilisation susceptible d'empêcher l'inhalation de la poussière d'amiante, mais aussi doit avoir pour point de mire les personnes qui ont, par le passé, été exposées à l'amiante. Cette campagne est à même de réduire le recours à la chirurgie, bien que cette dernière ne soit pas toujours une garantie de réussite. Le Pr Chaouche a, par ailleurs, estimé que les chiffres donnés sur le cancer ne sont pas révélateurs de la situation réelle en matière de prévalence de la maladie. Il reste à signaler qu'à l'heure actuelle, personne ne sait exactement combien d'établissements représentent toujours un danger de santé publique. Et la question qui se pose est : qu'attend-on pour juger les utilisateurs d'amiante dans les matériaux de construction et faire de cette infraction un délit pénal ?