Chiffres n L'amiante est la principale cause du cancer dit «mésothéliome de la plèvre» et dans 70 à 80% des cas, ce type de cancer touche les ouvriers ayant été exposés pendant 30 à 40 ans à cette substance. Ces chiffres ont été communiqués par les participants aux quatrièmes journées de Formation médicale continue (FMC) en oncologie thoracique, organisées, hier, dimanche, au CHU de Béni-Messous. «En Algérie, 25 000 tonnes d'amiante sont utilisées dans l'amiante-ciment dans les usines situées à Alger, Bordj Bou-Arréridj et Zahana (Mascara) et dans les usines de fabrication de plaquettes de freins à Alger et Oran», a indiqué le Pr Habib Douaghi, Chef du service d'allergologie au CHU de Béni-Messous. Il a ajouté que «le risque est négligeable pendant les 10 années suivant la première exposition, mais devient vraiment important après 30 ans», soulignant que «les ouvriers travaillant dans les industries de l'amiante-ciment et les usines de fabrication de plaquettes de freins, les plombiers, les charpentiers, les électriciens et ouvriers du gaz sont les plus exposés». Selon les spécialistes, les statistiques démontrent que la mortalité par mésothéliome augmente très rapidement depuis une vingtaine d'années. Dans leurs recommandations, les spécialistes en oncologie thoracique ont appelé les médecins du travail à «la nécessaire surveillance des ouvriers du bâtiment et prévention contre le mésothéliome, sans cependant engendrer de panique, ce type de cancer se développant après 30 ou 40 ans». Plus répandu chez les hommes, le mésothéliome, qui touche les personnes dont la moyenne d'âge est de 60 ans, se caractérise par un épanchement liquidien entre les deux feuillets de la plèvre, liquide le plus souvent hémorragique, récidivant et douloureux. S'agissant des appareils de dépistage de cette maladie, le Pr Douaghi a souligné que le CHU de Blida est le seul doté, actuellement, de ces équipements, appelant, à cet effet, à «la nécessité d'équiper les autres hôpitaux pour faciliter le diagnostic précoce». «Un programme national de FMC en direction des médecins généralistes et spécialistes à travers le territoire national et la mise en place de cellules de lutte antitabac permettront de lutter contre cette maladie», a-t-il ajouté. Il a, également, appelé les autorités publiques à la création en urgence d'un service de chirurgie thoracique au CHU de Béni-Messous qui abrite 3 services de pneumologie, car le service de chirurgie thoracique du CHU Mustapha-Pacha, qui accueille un grand nombre de malades de différentes régions du pays, ne suffit plus. Le Pr Douaghi a également plaidé pour la mise en place d'un registre national de déclaration obligatoire des cas de mésothéliome (cancer de la plèvre) pour aider les autorités publiques à connaître le nombre exact des cas enregistrés annuellement et faciliter le contrôle de ses tendances évolutives, en assurant une meilleure prise en charge des malades. Enfin, les participants ont appelé les autorités à doter des CHU en équipements nécessaires au traitement des cancers thoraciques.