Le conflit qui oppose le ministère de l'Intérieur et la Commission nationale de surveillance des élections (CNESL) concernant la nature du contenu des bulletins de vote se complique. A l'heure où certains responsables des partis politiques soutiennent l'application du système du bulletin unique comme mode de vote aux prochaines législatives, le directeur des libertés et des affaires juridiques au ministère de l'Intérieur, Mohamed Talbi, a préconisé comme solution au problème l'utilisation «d'un bulletin pour chaque liste», jugeant «irréaliste» la demande de la commission d'un «bulletin unique» englobant tous les partis en lice. Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) s'est prononcée, au cours d'un meeting animé vendredi dernier à Guelma, en faveur du bulletin unique qui est considéré par cette femme politique comme «un minimum pour assurer une transparence et une crédibilité à l'opération électorale». Cet avis est partagé par Abdelmadjid Menasra, président du Front du changement (FC) qui voit en ce système de vote une garantie d'«honnêteté du scrutin de mai prochain», a-t-il dit, ajoutant que ce bulletin unique, portant les noms et les numéros des listes électorales, «permettra de couper la route à certaines puissances d'argent qui se préparent à acheter les voix des électeurs». Ce point de vue ne fait cependant pas l'unanimité au sein des partis politiques qui composent le CNESL. Le président du Front national pour les libertés (FNL), Mohamed Zerrouki, a en effet déclaré, à partir d'Oran, qu'il «est contre le gel des activités de la CNESL», soulignant que «cette décision ne concerne que neuf membres seulement sur les quarante-quatre que représente cette commission». Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Bouguerra Soltani, a appelé de son côté à «voter par milliers le 10 mai pour les candidats de l'alliance de l'Algérie verte». M. Soltani, qui présidait un meeting de Tébessa, a considéré que le vote en faveur de cette alliance signifie «le plébiscite du projet de l'Algérie de l'indépendance». Pour le président du MSP, les trois mouvements (MSP, El-Islah et Ennahda) abordent les échéances électorales du 10 mai prochain «avec un projet islamique mûr, portant la conscience des défis qui se posent à l'Algérie» et un «projet nouveau visant à réduire la colère de la rue, à éliminer les phénomènes de marginalisation et les inconséquences vis-à-vis des responsabilités». La CNSEL, notons-le, a décidé, jeudi dernier, de poursuivre la suspension de ses activités jusqu'à dimanche, en protestation contre «la persistance» par le ministère de l'Intérieur à refuser ses propositions, notamment l'adoption du bulletin unique comme système de vote aux législatives. Dans sa réponse à la demande de la commission, le ministre a cité une série de problématiques qui se posent en cas d'utilisation du bulletin unique dont «l'impossibilité pour l'électeur d'exercer le droit au choix constitutionnel libre en raison de son incapacité à reconnaître les candidats», outre «l'inadaptation de la forme du bulletin à cocher au mode de scrutin de liste proportionnelle», et «l'inadaptation de la forme du bulletin aux dimensions de l'enveloppe utilisée et à l'ouverture de l'urne transparente».