Le 8 mars dernier était un grand jour pour Mohamed Fellag. Le comédien algérien décrochait, en effet, le prix Génie – équivalent des oscars aux Etats-Unis – du premier rôle masculin pour son personnage de Bachir Lazhar dans le film de Philippe Falardeau. Monsieur Lazhar s'est, en cette soirée mémorable organisée à Toronto, adjugé six récompenses qui sont venues s'ajouter aux dizaines d'autres glanées dans plus d'une cinquantaine de festivals où le film a été retenu. Adapté d'une œuvre théâtrale, Monsieur Lazhar, que le public algérois a eu la chance de découvrir, jeudi dernier à la salle Cosmos de l'Oref, en ouverture des Journées de la francophonie, est un film plein de finesse qui aborde avec intelligence plusieurs sujets récurrents. Si Monsieur Lazhar est d'abord une étude sur l'enseignement au Québec, c'est aussi une exploration de la découverte de l'autre, de la tolérance et des différences culturelles. Car ce professeur particulier, voire étrange aux yeux de ses élèves dans son approche de l'enseignement – qui donne des dictées tirées de Balzac –, a lui aussi ses propres angoisses et ses blessures intérieures. Dans ce film, Fellag porte le personnage à bras le corps, lui donnant une belle dimension humaine. Les autres personnages qui gravitent autour de ce protagoniste central, à l'image de Sophie Nélisse – prix Génie du premier rôle féminin – finissent de tisser la toile d'une histoire mature et engageante. Le réalisateur québecois Philippe Falardeau nous a accordé un entretien exclusif, à lire en pages 12 et 13.