Quelque 46 millions de Français ont été appelés, hier, à départager les deux finalistes de la présidentielle, le sortant UMP Nicolas Sarkozy et le socialiste François Hollande. Répartis sur tout le territoire, les bureaux de vote étaient ouverts de 8h à 18h dans la plupart des communes, et jusqu'à 19h, voire 20h dans les grandes villes, en particulier à Paris, et la la région parisienne. Plusieurs centaines de millions de personnes résidant en outre-mer ou à l'étranger, ont voté dès samedi. Comme au premier tour, Nicolas Sarkozy a voté dans un lycée du XVIe arrondissement de Paris tandis que François Hollande l'a fait dans son fief électoral de Tulle, en Corrèze. Après une campagne très âpre dominée par la crise économique et un premier tour marqué, le 22 avril, par l'arrivée en tête de M. Hollande avec 28,63% des voix contre 27,1% pour M. Sarkozy, l'enjeu de ce second tour réside dans le report des voix qui s'étaient portées sur le centriste François Bayrou (9,13%) qui a voté pour Hollande et la candidate Front national Marine Le Pen (17,90%) qui a demandé à ses électeurs de voter blanc. Les suffrages dont avait bénéficié Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) semblent acquis à M. Hollande. Le taux de participation au premier tour a été de 79,48%. Jusqu'à la dernière minute, les candidats ont lancé des appels aux abstentionnistes à se mobiliser en leur faveur. C'est à 20h, hier, qu'a été levée l'interdiction de publier ou diffuser, notamment sur Internet, des sondages, des estimations des résultats, ou des commentaires. Cette interdiction avait commencé à la fin de la campagne officielle, vendredi à minuit. Craignant que des organes de presse, comme au premier tour, violent la loi, les autorités de contrôle ont rappelé les règles du jeu et prévenu que des sanctions, pouvant s'élever à 75 000 euros, seraient prises. Au premier tour, plusieurs grands médias étrangers avaient brisé l'interdiction de diffusion d'estimations de résultats avant 20h. C'est la neuvième fois depuis 1965 que les Français désignent au suffrage universel direct leur président de la République. Dès le lendemain de l'élection, toute la classe politique se mobilisera à nouveau pour préparer les législatives des 10 et 17 juin qui devront dégager une majorité. Cette longue bataille présidentielle s'est achevée enfin ! Elle a été marquée, surtout entre les deux tours, par des échanges souvent musclés, trop musclés. La France a des qualités mais en use volontiers pour s'adonner à son vice congénital, l'autocritique. Redonner confiance à la France dans un monde en convulsion, c'est la tâche centrale de François Hollande, l'homme que les Français ont élu, hier, président de la République pour un mandat de cinq ans. Le nouveau chef d'Etat français devra veiller à ce que la France ne se replie pas sur elle-même et sorte de la contradiction où elle s'étouffe. Elle oscille entre deux extrêmes : une fierté surdimensionnée (l'agaçante croyance du coq en la fameuse exception française) et le doute dépréciateur.