Incriminée par plusieurs organisations non-gouvernementales, l'Otan vient d'être accablée encore une fois par Human Rights Watch. Dans son rapport publié hier lundi, Human Rights a indiqué que les frappes aériennes menées en Libye par l'Otan l'an dernier ont coûté la vie à 72 civils. L'ONG accuse l'Alliance atlantique de ne pas avoir pris la mesure de l'ampleur des dommages «collatéraux» provoqués par ses bombardements. L'organisation de défense des droits humains affirme avoir mené la plus sérieuse enquête à ce jour sur les raids lancés par l'Otan contre les forces de Mouammar Kadhafi, finalement tué par les rebelles libyens le 20 octobre. Son bilan qui comprend 20 femmes et 24 enfants tués, est plus lourd que celui de 55 tués - dont 16 enfants et 14 femmes - avancé par Amnesty International dans une étude en mars. L'Otan était mandatée par la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies autorisant le recours à la force pour protéger les populations civiles. «Les attaques n'étaient autorisées que sur des cibles militaires et de sérieuses questions demeurent dans certains cas sur le point de savoir ce que les forces de l'Otan visaient exactement», a déclaré Fred Abrahams, conseiller de HRW, dans un communiqué. L'Otan estime que sa campagne de bombardements en Libye débutée à la fin mars 2011 a été un succès. L'Alliance a effectué environ 26 000 sorties dont 9 600 raids et détruit 5 900 cibles jusqu'à la fin de ses opérations le 31 octobre. L'organisation affirme avoir mené sa campagne avec «un soin et une précision sans précédent en respectant les conventions humanitaires internationales». HRW reconnaît que l'Otan a pris soin de minimiser les pertes civiles et ajoute que des pays comme la Russie qui ont évoqué de très nombreuses pertes civiles ne l'ont fait que «pour marquer des points politiques». Mais M. Abrahams, le principal rédacteur du rapport, souligne que le soin apporté par l'Otan a été «miné par son refus d'examiner les dizaines de morts civils». A la suite de ces accusations, le ministre de la Défense, Pieter De Crem a promis de participer à l'enquête demandée par Human Rights Watch.