Le quartier Belfort, situé à El-Harrach (Alger), est devenu en l'espace d'une dizaine d'années la plaque tournante de la vente de téléphones portables et accessoires essentiellement contrefaits, où se côtoient commerçants de gros et de détail, et bon nombre de vendeurs à la sauvette. On y trouve toutes sortes de téléphones mobiles allant du basique (environ 2 000 DA) à ceux dotés de double puce, batterie multiple, écran tactile extra large, réception TV, wifi, applications piratées pour un prix ne dépassant pas les 8 000 DA. C'est ce qui suscite, pour ainsi dire, l'engouement des clients vers ce lieu devenu incontournable aussi bien pour les commerçants de détail algérois que pour ceux venus des quatre coins du pays. Les appareils téléphoniques et autres accessoires (coque, chargeur de batterie, carte mémoire, kit mains libres et gadgets en tout genre), exposés par la centaine de magasins situés de part et d'autre d'une longue ruelle, sont en majorité issus de la contrefaçon, presque identiques aux originaux et proposés à des prix défiant toute concurrence. Ajoutez à cela des jeunes vendeurs à la sauvette étalant à même le sol ou sur des tables de fortune des dizaines de téléphones, pour la plupart usagers. Dans ce quartier, les produits contrefaits «se vendent à la pelle», confie à l'APS un grossiste. «Toutes les grandes mar-ques y sont exposées, les vraies comme celles imitées. Et même pour cette dernière catégorie, la qualité de la copie diffère et donc le prix aussi». Les transactions se font par Internet Les vendeurs de gros et de détail utilisent de plus en plus l'internet pour le choix des articles contrefaits. Ils se connectent à des sites web, notamment chinois, qui leur proposent une variété d'appareils téléphoniques et d'accessoires. Ils peuvent même négocier le prix en ligne. La marchandise choisie provient «illégalement», pour la plupart, de Chine via Dubaï et d'Europe, dissimulée notamment dans des cabas, explique un revendeur de téléphones portables et autres caméras et appareils photo, eux aussi touchés par le phénomène. Il y a, certes, des appareils achetés directement chez des fournisseurs de grandes mar-ques telles que Samsung, LG, Nokia, Sony-Ericsson, Motorola, etc., mais leurs prix dépassent de loin ceux provenant de Chine, précise-t-il. Les appareils haut de gamme comme les smartphones n'échappent pas à la règle puisqu'on trouve des produits souvent similaires aux originaux, comme le Hiphone copie du Iphone d'Apple. Toutes les marques sont touchées. Nokia devient ainsi Nikoa et BlackBerry se transforme en Blabery. Ces modèles contrefaits peuvent même contenir des applications supplémentaires. Le faux Iphone dispose d'applications craquées, mais payées dans l'original. Ces produits, même issus de la contrefaçon, sont très prisés par les consommateurs pour leurs bas prix, les applications piratées et diverses options dont ne disposent que certains modèles de luxe de grandes marques, font remarquer des détaillants. Qu'il s'agisse d'un produit d'origine ou contrefait, les clients se penchent le plus souvent vers ceux à bas prix. Ceux qui ne s'y connaissent pas se font «arnaquer» en achetant des articles contrefaits, imitant les originaux à la perfection, à tel point que le client n'arrive pas à distinguer entre le vrai et le faux et paie souvent le prix fort pour une imitation. Samir, un étudiant rencontré dans un magasin spécialisé dans les smartphones, opte pour ce type d'appareils qu'il sait contrefaits car n'ayant pas les moyens de s'offrir un vrai. Toutefois, il recherche des articles de premier choix, qui, selon lui, sont en général semblables à ceux d'origine, même s'ils présentent un risque pour la santé. Un risque pour la santé et pour les industriels du secteur Ces «faux téléphones » sont donc dangereux pour les consommateurs, étant fabriqués avec des pièces de qualité médiocre. Selon M. Fayçal Medjahed, responsable de la communication à l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT), les appareils contrefaits présentent un danger réel pour la santé de l'utilisateur, exposé aux risques de surchauffe ou d'explosion de la batterie, d'émissions élevées par rapport à la norme internationale (maximum 2 Watt pour les terminaux GSM) ou d'une bande de fréquence non conforme. Il y a aussi le risque de voir la coque ou l'écran des articles contrefaits se fissurer au moindre choc car fabriqués avec des pièces non conventionnelles, note M. Medjahed, qui appelle les consommateurs à préférer les portables portant le label «agréé par l'ARPT» car contrôlés par ses services techniques conformément aux normes européennes. Pour l'industrie de la téléphonie mobile, les imitations constituent un important manque à gagner. Les différentes marques de téléphone mobile présentes en Algérie telles que Samsung et LG demandent un durcissement des contrôles car l'impact de ces contrefaçons se fait de plus en plus ressentir sur leurs chiffres d'affaires. L'Autorité de régulation des Postes et Télécommunications (ARPT) met en garde contre l'usage de téléphones portables ne portant pas le label « Agréé par l'ARPT », car pouvant présenter un risque pour la santé et l'environnement.