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Ajuster l'économie au social, combattre la société duale ? (II)
Publié dans La Nouvelle République le 23 - 05 - 2012

Beaucoup de dirigeants algériens étaient convaincus entre 1962 et 1971, qu'il suffisait de recopier l'organisation industrielle des pays colonisateurs pour atteindre (moyennant quelques sauts de pages d'histoire), l'objectif d'émancipation poursuivi par les indépendantistes. Il est vrai que le peuple avait, pour sa part, côtoyé la société coloniale et son niveau de vie et qu'il avait conçu à son égard un désir de conquête, bien que (ou parce que) il en avait été exclu auparavant, exclusion ressentie comme une injustice ou un affront.
Au carrefour des choix Modèles de société : La question des modèles de société s'inscrit en toile de fond du questionnement de la planification économique et de l'impact social des technologies. Un des deux modèles possibles est dit libéral (capitalisme) mais peu soucieux de l'intérêt général ni de la misère sociale; l'autre rationaliste et égalitariste (socialisme), mais souple et populaire. L'islamisme considère que les deux idéologies, interchangeables au besoin, ne sont que des méthodes subalternes d'analyse et de gestion. De surcroît, la convergence probable ou supposé des deux modèles de société industrielle, en rivalité depuis un siècle, tend à écarter une option trop tranchée en faveur d'un seul des deux modèles. Si la marginalisation d'une partie de la population résulte bien de l'intensification du capital dans les techniques de production, son surdosage dans la création industrielle a déjà aussi contribué à diviser, voire casser l'émergence de la nouvelle société, sans régulation de précaution. Voilà pourquoi l'attention doit être fixée sur le rapport et l'ajustement de l'économie au social pour éviter de renforcer des formes sociales telles que la société duale et permettre aux dirigeants de résoudre et de dépasser le cycle alarmant de la paupérisation d'une partie de la population, ouvert maladroitement par la personnalisation abusive de la planification. A cet égard, il ne suffit pas de se voiler la face pour combattre la société duale. Il s'agit d'arrêter des mesures radicales telles que : A- élargir la base sociale du développement en privilégiant la valorisation agricole, l'exploitation des territoires du grand Sud, accroître les ressources hydrauliques. B- refuser les projets industriels pharaoniques installés à répétition dans le Nord et la zone maritime au détriment des terres fertiles, dont bénéficient des catégories déjà favorisées. C- verrouiller l'accès aux privilèges et la répartition inégale des richesses entre catégories de population. D - favoriser l'accès des jeunes aux qualifications professionnelles (formations de seconde chance, du primaire au supérieur) et la création des instituts de formation dans le Sud. E- Rapport population-ressources. «Notre futur n'est pas un destin», a dit un démographe. Partout dans le monde, on arrive, en effet, aux limites d'un espace naturel qui nous paraissait indéfiniment ouvert à l'expansion des populations. Longtemps, on a pu s'affranchir des obstacles que la planète opposait à la démographie et à la croissance des ressources. Néanmoins, la densité de la population et les perspectives de croissance démographique donnent la certitude, aujourd'hui, que la population approche, en nombre, de limites qui seront insurmontables dans un temps rapproché. Ce que la Chine fait en matière de contrôle des naissances, l'Algérie le refuse ! Si l'Algérie a permis à la moitié seulement de sa population d'atteindre un niveau de vie proche de celui des Européens, il n'est pas sûr que la natalité permette encore de répondre aux besoins engendrés par l'accroissement démographique. Bien sûr, et heureusement, les espoirs se portent vers les formidables progrès de la science et des techniques depuis 1945 (la mortalité a sensiblement baissé), mais il semble nécessaire de comprendre encore que les promesses de l'idéologie n'assurent pas que l'accroissement du nombre de la population corresponde à un accroissement suffisant des ressources et que le rapport des deux, au lieu au moins de se stabiliser, aille au contraire en s'accélérant. Est-on capable encore de résoudre par la planification l'équation forcée de développement en agissant sur les paramètres quantifiables des variables d'ajustement de l'équilibre population-ressources, sachant que l'émigration, jusqu'ici exutoire de la pression sociale, ne résoudra pas indéfiniment la question de la société duale et que l'Algérie est encore loin de maîtriser le paramètre des sciences, des techniques et de la technolo- gie ? Il apparaît en tout cas que c'est aussi bien au modèle de croissance qu'à la volonté des ordonnateurs et planificateurs de l'économie et qu'à la combinaison malheureuse des technologies utilisées (y compris soviétiques), qu'est due la cassure sociale, plutôt qu'à l'héritage colonial combattu à tort et à travers, et si mal, que les risques de divergence et de confrontation des deux populations de la société duale menacent au final la formation nationale. Leçons à retenir des deux étapes passées Dans ce contexte de rupture et de désenchantement, l'industrialisation des pays décolonisés découvre tardivement , mais avec surprise, l'implication (l'imbrication) des objectifs de développement national dans l'expansion despays riches alors que l'objectif proclamé de la décolonisation était d'affirmer l'indépendance nationale et le mieux-être de la population. Les ambitions industrielles des pays pauvres découvrent qu'elles ne sont qu'une camisole redoutable du développement, cachée comme un cheval de Troie dans la croissance technologique mise en œuvre. Dans le miroir de ces vanités, chaque pays en voie de développement peut voir l'image de sa dépendance, de ses limites d'émancipation, des risques de forger de nouvelles formes de colonisation (filières de production au service de l'extérieur, poubelle des industries polluantes, importation des produits de consommation courante, fermeture des ponts de coopération, financement de la formation de la main-d'œuvre émigrée...). 1- l'ordre international du travail configure et conditionne l'organisation du travail des pays en voie de développement. - la Commission économique de l'AG de l'ONU vient de recommander lors de la 5e session du Conseil du développement industriel, que la Conférence internationale pour le développement industriel de l'ONU se tienne à Vienne à partir du 1er juin 1971, après la réunion de la CNUCED en 1969 sur les termes de l'échange. - les injonctions de l'OMC et du FMI sont notoirement destinées à préserver un ordre avantageux du commerce et des balances de paiement en faveur des pays industriels, ordre imposé depuis la guerre 39-45 dans les relations internationales. - Le Bureau international du travail (BIT), que je remercie de m'avoirpermis d'ouvrir cette étude, recommande aux pays en voie de développement de créer prioritairement (il veille à cela) des emplois productifs, sans toutefois dénoncer avec assez de vigueur et de cohérence les travers et les effets pervers des politiques du développement dépendant qu'il valide et professe. 2- l'organisation du travail dans l'entreprise évolue et se modernise dans les pays industriels grâce à la mobilisation des syndicats. - Le taylorisme, que nous avons idéalisé en Algérie, depuis l'indépendance, avec son organisation rationnelle du travail, sa productivité et le saut apparent de civilisation espéré, est remis en cause, partout en Europe. La concurrence a, surtout depuis 1968, en France et en Belgique, modifié les comportements des travailleurs et des entreprises. Les syndicats ne sont pas les moins actifs en matière de négociations collectives, même dans les PME. Dans le monde capitaliste, où sévit encore la surexploitation du travail et le profit, les partenaires sociaux négocient les réglementations du travail, les statuts professionnels, les classifications de postes et les grilles salariales, les retraites, la durée et l'aménagement du temps de travail, la formation, la modernisation des conditions et des règles de travail. Par la négociation entre les forces sociales ! La négociation conduit à concilier le plan de marche de l'entreprise et les aspirations des travailleurs. Syndicats des travailleurs et du patronat observent de surcroît l'évolution des relations professionnelles dans les pays européens voisins. L'objectif n'est pas d'uniformiser l'organisation du travail dans les secteurs et les branches selon la technologie utilisée, mais, au contraire, de la diversifier, de la singulariser au profit de la compétitivité, de l'adapter aux conditions particulières de chaque entreprise. Le plus frappant est que l'action syndicale tend, dans la concurrence, à effacer l'organisation tayloriste du travail par le recours aux négociations collectives, à dégrossir les complexes industriels par la sous-traitance. La souplesse recherchée dans les entreprises privilégie la déconcentration et la décentralisation. Conclusions : J'ai appelé l'ajustement de l'économie au social : la Gouvernance Sociale. Elle constitue le volet nouveau de la planification générale à articuler à la planification économique. Le Parti et le Plan ne devraient pas rester insensibles à cette problématique étudiée à l'occasion de la mission dont j'ai été chargé et dans le cadre de ma réflexion doctorale destinée à la Direction générale du Plan. En Algérie, les directions du personnel et la gestion des ressources humaines devraient prendre en considération l'évolution générale de l'organisation du travail esquissée dans ce rapport avant d'être formatées de l'extérieur par l'automatisation, l'informatisation, les technologies de la communication, et que cette évolution ne laisse les industries industrialisantes au bord de la route des civilisations comme des ruines romaines ou des pyramides égyptiennes. Les responsables nationaux doivent, pour leur part, s'interroger impérativement sur l'opportunité et l'évaluation des technologies dans la définition des objectifs d'industrialisation des secteurs et des branchesen fonction du rapport capital-main-d'œuvre, ainsi que sur la pertinence du rapport recherché entre le social et l'économie, la population et le travail, la croissance et la répartition des charges et des revenus, la dépendance et la souveraineté. L'effort à engager sur cette voie est celui de la lutte contre l'extension de la société duale, à défaut de quoi la révolte gagnera le peuple, la religion, les esprits, la division, l'union nationale. L'enjeu de la gouvernance sociale est essentiel. (Suite et fin)

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