Les quelques centaines de morts, parmi eux des enfants et de femmes de Houla, ne sont qu'une ligne de plus dans le décompte macabre d'une quotidienne horreur syrienne à laquelle on a fini par s'habituer. On s'habitue à tout, la barbarie est tellement fastidieuse. Scrupuleusement, les pays occidentaux tiennent les chiffres à jour : plus de 14 000 morts en 14 mois, sans compter les estropiés à vie, les orphelins et les enfants torturés. Régulièrement, leurs dirigeants s'indignent, dénoncent, condamnent, s'émeuvent. Tout ça est parfait mais ne dit plus rien. Seules aujourd'hui les images parlent encore. Et les images, ce sont celles, visibles ces dernières heures sur Internet, qui montrent des dizaines de petits linceuls blancs alignés dans des fosses communes et des crânes de gosses défoncés. La réalité syrienne c'est celle-là et elle est insupportable. Comme l'inaction de la communauté internationale dans laquelle on inclut évidemment la Ligue arabe, une institution malade de ses divisions. Il y a toutefois paradoxalement un (faible) message d'espoir dans l'atroce escalade de ces derniers jours. Le vent est peut-être en effet en train de tourner. Bouclier de protection de la Syrie, la Russie semble sur le point de lâcher du lest. Lundi, pour la première fois à notre connaissance, elle a affirmé, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, qu'elle ne soutenait pas le pouvoir du président Al-Assad, mais le plan du médiateur international, Kofi Annan. Certains ici à l'ONU, à Genève, très au fait du langage diplomatique, y ont vu une porte entrouverte. Il arrive un moment où les mots n'ont plus de sens, c'est vrai, mais c'est parfois la seule chose à laquelle se raccrocher. Le ballet diplomatique de cette semaine entre Hollande, David Cameron, Poutine et Obama stoppera-t-il enfin les massacres en Syrie ?