C'est un Ouyahia serein et confiant qui est apparu à la conférence de presse, organisée hier, au siège de son parti, à l'issue de la 6e session ordinaire du conseil national du RND, tenue les 31 et 1er juin à Zeralda. En dépit de l'agitation qui prévaut au sein de son parti, notamment après les résultats des législatives de mai, le secrétaire général est resté imperturbable et a répondu à la majorité des questions posées par les journalistes avec un humour ironique et beaucoup de non-dits. Concernant la protestation de certains militants, sous prétexte de l'échec aux législatives, ou de sa mauvaise gestion du parti, il a répondu que personne n'a été empêché de dire ce qu'il voulait, et clairement fait savoir que la demande des protestataires d'organiser un congrès extraordinaire avant les prochaines élections locales, afin d'élire une nouvelle direction, a été refusée par le conseil national. «Nous ne sommes pas un club culturel. Nous avons des textes à respecter, et ceux-là disent qu'un congrès extraordinaire ne peux être demandé que par le secrétaire général du parti ou le conseil national», a-t-il précisé, en révélant que cinq contestataires font partie du conseil national, mais selon ses dires, «ce ne sont pas les contestataires qui ont fait du mal au parti, mais ceux qui ce sont présentés dans d'autres listes que celles de leur parti». «C'est ce genre d'attitude égoïste qui a porté préjudice au RND lors du scrutin du 10 mai», a-t-il lancé. La sentence est tombée très vite, puisque selon des sources proches du parti, cinquante-six militants ont été exclus, dont trois membres du conseil national. Il a affirmé que la direction du parti est contre toute itinérance politique. «Nous refusons toute demande de député non élu dans le cadre des listes du parti de rejoindre notre groupe parlementaire». A la question s'il voulait se présenter à l'élection présidentielle, le SG du RND a répondu : «L'élection présidentielle est la décision d'hommes et de destin», expliquant que pour le moment, la préoccupation première est de préparer la participation du parti aux prochaines élections locales par la mise en place de comités de wilaya et suivre cette opération à travers l'institution de commissions de wilaya. Sur des propos qu'auraient prononcés le SG du FLN, Belkhadem, concernant le choix du peuple pour le FLN plutôt que le RND, Ouyahia répond : «Nous n'entrons pas dans un match non programmé.» Et à propos de la différence dans le nombre du sièges, Ouyahia a répondu par une question : «Y a-t-il un parti qui vient entre le FLN et le RND ?» «Le FLN et le RND ont la même idéologie et sont alliés pour un seul et même programme. C'est une famille !» a-t-il lancé, invitant en ce sens tout ceux qui veulent se joindre à eux pour le bien du pays. A une question sur une éventuelle fraude aux législatives du 10 mai, Ouyahia a déclaré : «Au sein du RND, nous ne prêtons aucun crédit à ce genres d'allégations», expliquant que chaque parti politique a eu le droit de surveillance dans tous les bureaux de vote. «Il y a peut-être eu des carences, mais pas énormes», a-t-il ajouté. Et à ceux qui affirment que le président de la République avait influencé la décision du peuple lors de son discours à l'occasion de la commémoration des massacres du 8 Mai, le SG du RND a estimé que le Président a fait preuve d'un courage politique, que l'on doit saluer. «Nous saluons le courage politique du chef de l'Etat pour mobiliser le peuple», considérant cet acte de «défi» pour l'intérêt du pays. A une question sur la défection du peuple, exacerbée, entre autres, par le salaire des députés, et ce qui va être décidé à ce sujet, Ouyahia a dit que ce n'est pas un scandale en soi, mais c'est un fait marquant pour le citoyen. «Que va décider l'exécutif à ce sujet ? Cela reste un point d'interrogation», a-t-il souligné, en ajoutant que le RND a proposé la réduction de l'immunité du député, en paroles et en actes, et plaidé pour que l'absentéisme soit sanctionné matériellement. Pour ce qui est du prochain gouvernement, Ouyahia dira que cette tâche incombe au président de la République. «Le Premier ministre finira par démissionner et le chef de l'Etat finira par en nommer un autre.» A une question à propos de la demande de renflouement du FMI faite à l'Algérie, il a répondu : «Pourquoi pas, si le taux d'intérêt est intéressant en comparaison avec les autres placements effectués par l'Algérie à l'étranger.» Selon lui, le fait que le FMI ait sollicité le soutien de l'Algérie au renforcement de ses capacités de prêts témoigne de «la situation économique stable du pays et de son indépendance financière, une première depuis 1962».