Si les grandes équipes ne meurent jamais, les grands joueurs, eux, finissent tous un jour par vieillir et l'on a longtemps cru lundi que pour Shevchenko, l'heure était venue. Ainsi, cette frappe écrasée et trop croisée de la 23e minute, le «Sheva» de Milan l'aurait probablement mise au fond. Mais l'idole du public ukrainien a tout fait pour participer à cet Euro à domicile et tout au long du match, il s'est beaucoup battu, parvenant à peser malgré ses évidentes limites physiques. Mais si la vitesse s'en va, la magie demeure. Shevchenko est un joueur de classe mondiale, et il l'a montré en assommant la Suède d'un superbe doublé de la tête (55 et 62es) alors que les Scandinaves avaient pourtant ouvert le score par Ibrahimovic (52e). Quelle explosion dans le stade olympique de Kiev ! Jusque-là, les fantastiques supporters suédois, qui étaient certainement plus de 10 000, étaient parvenus à régulièrement couvrir les «Oukraïna ! Oukraïna !» des locaux. Mais il n'y avait rien à faire contre les «Sheva ! Sheva !», saluant le doublé du Ballon d'or 2004. A sa sortie à la 82e minute, l'ovation du public a été invraisemblable. Ces deux buts sont donc venus récompenser un superbe joueur, mais aussi la confiance que lui a accordé son sélectionneur Oleg Blokhine et, plus généralement, une performance de très bonne qualité d'une équipe qui ne semblait pourtant pas au mieux. Après avoir été battue lors de ses deux derniers matchs de préparation, elle avait été affaiblie par une intoxication alimentaire, qui a mis, la semaine dernière, dix de ses joueurs sur le flanc. La première période avait d'ailleurs déjà été à leur avantage avec des occasions pour Voronin d'une lourde frappe (35e) ou encore Konoplyanka (37e). En face, l'autre grande vedette de la partie, Zlatan Ibrahimovic, a été «Ibra» jusqu'à la caricature, alternant les périodes d'absolue nonchalance où il a traîné les pieds et sa grande carcasse, et quelques éclairs de classe comme cette tête qui a frappé le poteau de Pyatov, totalement battu (39e). La France contrainte au 1 à 1 contre l'Angleterre La France, bien que dominatrice, a été contrainte au nul 1 à 1 (mi-temps : 1-1) par une équipe d'Angleterre, souvent regroupée, pour son entrée en lice à l'Euro-2012, lundi à Donetsk, dans un premier match du groupe D peu fertile en occasions. Français et Anglais tenteront d'ouvrir leur compteur «victoire» lors de la 2e journée vendredi, respectivement contre l'Ukraine, pays coorganisateur, et la Suède, qui s'affrontaient en soirée. L'équipe anglaise, décimée par les forfaits et la suspension de Rooney, et qui, bon gré mal gré, a misé sur sa jeunesse décomplexée (Oxlade-Chamberlain, Wellbeck, Young...), fut la première à faire mouche à la demi-heure de jeu. Le défenseur Joleon Lescott, délaissé au marquage par Alou Diarra, catapultait le ballon dans les filets d'un Lloris impuissant (30e). Le gardien français avait vécu une première alerte un quart d'heure auparavant, lorsque Milner, bien servi par Young, l'avait dribblé sans toutefois suffisamment redresser son tir. Si Diarra a ensuite manqué de peu de se faire pardonner, par deux têtes coup sur coup (l'une repoussée par Hart, l'autre à peine trop décroisée 35e), les Bleus ont trouvé leur salut par Nasri. Le milieu offensif de Manchester City, à la conclusion d'un jeu en triangle, Malouda-Evra-Ribéry, a trompé Hart, son gardien en club, d'une frappe tendue de l'entrée de la surface (39e). Dans une seconde période, qui a baissé en intensité et où les occasions se sont raréfiées, les Français, qui n'ont plus gagné dans une phase finale d'un rendez-vous international depuis le Mondial-2006 (contre le Togo 2-1), ont eu trois occasions de marquer. Par Benzema, dont la frappe était bien stoppée, après un une-deux avec Nasri (65e), par Ribéry dont la tentative en position très excentrée faillit surprendre Hart (75e) et sur une volée de Cabaye déviée au ras du poteau par Wellbeck (80e).