«En raison de l'intensification de la violence armée ces dix derniers jours, la mission des observateurs de l'ONU suspend ses activités», a annoncé, samedi, le chef de la mission onusienne en Syrie, le général Mood. Si le général Mood a précisé que sa décision de suspendre la mission onusienne en Syrie est «temporaire», il a toutefois souligné «jusqu'à nouvel ordre» sans apporter de plus amples éléments à ce propos. Les réactions à la décision du général Mood qu'il s'agisse de celle exprimée par Damas, du Conseil national syrien (CNS) et d'acteurs sur la scène internationale renseignent sur la nouvelle étape qu'entame la crise en Syrie après la décision de Mood. Le ministère syrien des Affaires étrangères qui s'est dit «comprendre» la décision prise par le général norvégien de suspendre sa mission en Syrie, le CNS a réagi, hier, dimanche en formulant sa demande à l'adresse du Conseil de sécurité de l'ONU de procéder à l'adoption d'une résolution sur la Syrie en vertu du Chapitre VII de la charte onusienne. Pour l'opposition syrienne de l'extérieure représentée par le CNS, sa demande d'inscrire la crise en Syrie sous le chapitre VII permettra «d'armer les observateurs» de l'ONU pour «se défendre afin de remplir leurs tâches en toute sécurité» et appliquer le plan de Annan, selon le CNS. Il est à rappeler que la mission de Mood s'inscrit dans le cadre du plan de l'émissaire de l'ONU Kofi Annan et la Ligue arabe. Un plan de six points comprend entre autres l'envoi des émissaires onusiens «non armés» en Syrie. Le chapitre VII de la charte onusienne, prévoit, notons-le des mesures lourdes, allant de sanctions économiques sévères à l'usage d'une intervention militaire. Plus d'une année après le début de la crise en Syrie, le CNS n'a cessé sous la présidence de Ghelioun de revendiquer une intervention militaire étrangère en Syrie et qui vient d'être encore exprimer par son successeur à la tête du CNS d'Istanbul. Sauf que cette fois-ci, le CNS semble s'inscrire sur la voie d'une intervention d'une force onusienne armée pour le maintien de la paix, convaincu de l'impossibilité pour de nombreuses raisons, comme voir l'Otan intervenir en Syrie comme ce fut le cas dans le scénario libyen. Les raisons de fond à l'origine de échec de l'adoption par le Conseil de sécurité d'une résolution contre Damas suite au double veto sino-russe continuent de rythmer le cours du traitement de la crise en Syrie par l'ensemble des acteurs, qu'il s'agisse des membres permanents du Conseil de sécurité, du gouvernement syrien, du CNS et des soutiens des groupes armés. Ceci d'autant plus que nul n'ignore que les déclarations appelant au respect des six points contenus dans le plan Kofi Annan dont le cessez le feu n'ont été qu'à l'adresse des forces gouvernementales. Pourtant de hauts responsables de capitales occidentales, à leur tête les Etats-Unis ont eu à s'exprimer et sans ambiguïté sur les attentats perpétrés en Syrie indiquant qu'ils portent «les empreintes d'El-Qaida». Par ailleurs à quelques jours avant la prise de décision du général Mood de suspendre sa mission en Syrie «jusqu'à nouvel ordre», Paris avait réitéré sa proposition pour une intervention militaire en Syrie, émise par le prédécesseur de Laurent Fabius à la tête de la diplomatie française. Pour sa part Washington en exprimant sa «préoccupation» et son «inquiétude» sur la situation en Syrie qu'elle a qualifiée de «moment critique» compte au cours de la tenue, aujourd'hui, du sommet du G20, aborder la crise en Syrie avec Moscou et Pékin. Ce qui ne semble par être une priorité pour Pékin au cours de ce G20 qui a précisé que cet espace devrait traiter des questions qui lui sont propres à savoir «les questions économiques» bousculées par les effets de la crise économico-financière. Moscou pour sa part continue à œuvrer pour la tenue d'une conférence internationale sur la crise en Syrie avec la présence d'acteurs incontournables sur la scène régionale et internationale, à l'exemple de l'Iran. Une conférence devant constituer une alternative à celles tenues par «les amis de la Syrie» qui n'ont pas été d'un grand apport pour asseoir un réel processus politique de sortie de crise entre les acteurs syriens. Ceci étant, les craintes exprimées par certains, dont Washington et Paris de voir la crise dans ce pays s'acheminer vers «une guerre civile» illustrent amplement les objectifs escomptés par l'absence de tout appel à l'adresse de l'opposition armée en Syrie, de se conformer au plan Annan. A la réponse apportée à qui profite l'instabilité et la violence en Syrie? Nul n'ignore que ce n'est nullement au peuple syrien et à son Etat dont les aspirations à plus de liberté et de démocratie n'ont plus de sens ni de lendemains si le pays s'embrase dans une guerre civile. La situation chaotique qui profitera dans cette partie du monde à faire perdurer l'hégémonie israëlo-américaine, en perte de vitesse sur fond des nouveaux rapports internationaux encourt vers de nouveaux rééquilibrages.