Des dizaines de milliers de Syriens ont manifesté hier, jour de la prière du vendredi, bravant l'important déploiement des forces de l'ordre. Cette mobilisation toujours tenace intervient alors que le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé jeudi à Damas de cesser ses opérations militaires au plus tard le 10 avril et à l'opposition de faire de même. Selon l'émissaire international Kofi Annan, Damas a pris l'engagement de retirer ses troupes avant la date indiquée alors que les occidentaux n'ont pas pour autant diminué la pression diplomatique et médiatique sur la Syrie. Le plan de paix en six points, de l'envoyé spécial conjoint de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Kofi Annan, préconise la fin de la violence et un dialogue politique entre les protagonistes. Comme il fallait s'y attendre les opposants syriens ont exprimé leur scepticisme. Walid al-Bounni, figure de l'opposition proche du Conseil national syrien (CNS), a «exclu l'adhésion du régime au plan Annan, affirmant qu'il allait tenter d'avoir un nouveau délai». De son coté l'ambassadeur syrien à l'ONU, Bachar Jaafari a déclaré que son gouvernement demandait un «engagement écrit» de l'opposition, qu'elle ne chercherait pas à profiter d'un retrait des troupes pour gagner du terrain. S'adressant à l'Assemblée générale de l'ONU jeudi, Koffi Annan a affirmé avoir décelé une volonté de la part de l'opposition de cesser les hostilités dès que les forces gouvernementales auront mis fin à leurs opérations, sans toutefois parler d'accord formel. La mission de l'ONU envoyée par Annan, censée observer la mise en place d'un cessez-le-feu, est pour sa part arrivée jeudi à Damas. L'équipe, dirigée par le général norvégien Robert Mood, un spécialiste du Moyen-Orient, devait rencontrer les autorités pour discuter «des modalités d'un éventuel déploiement de la mission de supervision de l'ONU», a annoncé un porte-parole de Annan. Une crise aiguë déchire la Syrie depuis mars 2011 début d'une révolte qui s'est militarisée au fil des mois, ouvrant la voie au scénario du pire. Le gouvernement syrien ne reconnaît pas l'ampleur de la contestation et attribue toujours les troubles à des «terroristes armés». Dans une lettre envoyée à l'ONU, Damas a affirmé que les «actes terroristes» sont en net accroissement et soupçonne des velléités de faire capoter le plan onusien. «Les actes terroristes, commis par les groupes armés en Syrie, ont augmenté ces derniers jours, particulièrement depuis que l'on est parvenu à un accord sur le plan de Kofi Annan», indique le message envoyé au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et au président actuel du Conseil de sécurité de l'ONU. Damas accuse également l'opposition syrienne «qui a tenu récemment des réunions en Turquie, de poursuivre un objectif principal qui est de verser davantage de sang syrien, en annonçant la création de fonds pour financer et armer les groupes qui combattent la Syrie». Le message affirme par ailleurs que le nombre de soldats et agents de sécurité tués, depuis le début de la crise, il y a plus d'un an s'élève à 2 088. Plus de 478 policiers ont également trouvé la mort dans les violences. M. B./Agences