Le ministre russe des affaires étrangères a soutenu vendredi, que «le cessez-le-feu déclaré en application du plan de Kofi Annan et soutenu par le Conseil de sécurité de l'Onu, ne s'est pas encore affirmé définitivement». Une situation provoquée, pour le responsable russe», par des groupes armés de l'opposition, qu'il s'agisse d'explosions, d'attentats ou d'attaques contre les forces et bâtiments gouvernementaux», a précisé M. Lavrov. C'est là la déclaration émise par le chef de la diplomatie russe quelques jours après l'arrivée à Damas du responsable des observateurs onusiens, le général norvégien Robert Mood. Par ailleurs, le porte-parole de la mission de l'ONU en Syrie avait, pour sa part, souligné à l'arrivée de Mood qu'«il est très important dans le contexte de notre mandat qu'il y ait un arrêt complet de la violence sous toutes ses formes et de la part de toutes les parties». Soulignant plus loin dans ses propos que «c'est le premier impératif», a indiqué Neeraj Singh, référence à la cessation des violences de l'ensemble des acteurs en Syrie. Si le Conseil de sécurité a pu adopter à l'unanimité une résolution sur la crise en Syrie illustrée par le plan en six points de Kofi Anan, cela ne marque pas la fin des divergences de fond qui ont été à l'origine de l'échec auparavant de l'adoption de résolution sur la crise en Syrie. Divergences entre les membres permanents du Conseil de sécurité, qui ne cesse de s'exprimer depuis le début de la mission de l'ex-secrétaire général de l'ONU, Kofi Anan à l'arrivée récemment à Damas du général norvégien Robert Mood, responsable des observateurs onusiens. Les appels à la cessation des violences en Syrie, condition sine qua none pour toute issue politique à la crise dans ce pays illustrent la volonté de certains à maintenir la Syrie dans la spirale de la violence. Si pour sa part Washington, Londres, Paris, Ankara et Doha continuent d'attribuer les actes de violence uniquement aux forces gouvernementales, cela est suivi de déclarations portant sur «l'éventuel échec de la mission de Kofi Anan». De l'autre côté, les responsables chinois et russes ainsi que des représentants de l'institution onusienne, dont ceux en charge du plan de Paix sur la crise en Syrie appellent à la cessation des actes de violence de l'ensemble des parties en Syrie. Cela étant, le Conseil national syrien (CNS) et sa branche armée sous l'appellation armée syrienne libre (ASL) n'ont pas été acculés dans leur mutisme et l'absence d'appels de leur part pour un cessez-le-feu. Ce qui illustre par la même occasion la volonté de capitales occidentales et leurs alliées dans la région arabe, le Qatar et l'Arabie saoudite à œuvrer au maintien de la Syrie dans l'instabilité et la spirale de la violence, dans leurs multiples appels «à armer l'opposition syrienne (CNS-ASL)». L'émergence en cours de nouveaux rapports sur le plan international visant le début de la fin de l'hégémonie américaine traduit par le double veto sino-russe au Conseil de sécurité, continue de rythmer le traitement de la crise en Syrie sur fond de la traduction du plan de Kofi Anan. Si Damas a signé, de son côté, le protocole relatif aux observateurs, cela comprend notamment le droit de regard du gouvernement syrien et l'acceptation par Damas de tout observateur onusien devant être parmi les 300 déployés dans le pays. Sur le plan interne, le peuple syrien continue d'être la cible d'attentas terroristes causant des victimes civiles et des forces gouvernementales. Des actes qui, par ailleurs, n'ont pas été pour faire fléchir l'opinion syrienne qui, dans sa majorité, continue de manifester son adhésion à la voie pacifique pour asseoir les mécanismes de changements politiques dans leur pays. Ce qui n'est pas sans conséquence sur le rythme devant marquer le cours des évènements en Syrie, notamment en direction de ceux qui veulent maintenir le pays dans la spirale de la violence. Sur un autre plan, les acteurs influents représentés dans le groupe «des amis de la Syrie» n'arrivent pas à opérer une intervention militaire en Syrie, à laquelle ne cesse d'appeler le CNS, et ce pour un bon nombre de raisons. Le risque d'embrasement de l'ensemble de la région est majeur, au vu de la position géopolitique de la Syrie. Pour Damas, qui est au cœur de l'émergence en force de l'axe Pékin-Moscou-Téhéran sur fond de «Blocs des pays du Brics», le maintien de son instabilité profite aux pays occidentaux, principalement Washington. Cela d'autant que la crise économico-financière bat de plein fouet les ex-puissances occidentales dont la sous-traitance politique, voire militaire des alliées de Washington est de mise depuis. LaTurquie, qui est membre de l'Otan tout en aspirant à être un acteur incontournable dans la région, se place à l'avant-garde par son rôle de sous-traitant de la politique américaine dans la crise en Syrie. Ce qui a été souligné par Ankara, en brandissant l'éventuel déploiement de l'Otan sur la frontière de la Turquie avec la Syrie, selon un des articles de la charte de l'Otan. Un déploiement militaire des forces militaires de l'Alliance Atlantique qui devrait, selon Ankara, répondre à toute violation par la Syrie de ses frontières avec la Turquie. Une perspective partagée par le chef de la Diplomatie française, Alain Juppé, qui ne cesse d'évoquer la mise en place de corridors humanitaires devant être protégés par un déploiement militaire, via la Turquie. Cela au moment où les frontières libano-syriennes et jordano-syriennes continuent d'être des voies terrestres d'approvisionnement en armes pour l'opposition armée en Syrie. Ce qui n'est pas sans impact sur la mission de Kofi Anan pour la Syrie et dont la Ligue arabe a été contrainte par Qatar principalement d'ignorer le contenu et la portée du rapport des observateurs arabes. Ce qui ne sera pas le cas pour la mission des observateurs sous la tutelle de Robert Mood au vu des rapports entre membres permanents du Conseil de sécurité, dont le fond qui a été à l'origine du double veto sino-russe demeure à l'ordre du jour. Et c'est autour de divergences de fond d'ordre stratégique entre les membres permanents du CS et le rôle et la volonté du peuple syrien à opérer des changements politiques par voie pacifique dans leur pays qui continuera à rythmer le cours de la crise en Syrie.