«Nous ne remettrons pas, pour le moment, les enregistrements vidéos en notre possession à la justice française. Nous les mettons de côté et les sortirons au moment opportun. De toute manière, nous avons assez de preuves dans notre dossier». C'est ce qu'à déclaré Me Zahia Mokhtari, l'avocate du père de Mohamed Merah, le présumé assassin de Toulouse et Montauban, lors d'une conférence de presse, organisée hier, chez elle, à Hussein-Dey. Ces déclarations surprenantes et non moins inattendues, surviennent après le tollé qu'a provoqué la diffusion d'un enregistrement audio, par la chaîne de télévision TF1, où l'on entend Mohamed Merah discuter avec les policiers qui l'encerclaient. Suite à cette diffusion, le parquet de Paris a décidé mercredi de l'ouverture d'une information judicaire contre X pour «violation du secret de l'instruction». Rien de surprenant jusque là, seulement, cette information judiciaire intervient alors que Me Mokhtari devait se rendre à Paris pour remettre à la justice française les deux enregistrements qu'elle détient, filmés par Merah, lors du raid. A notre question de savoir si la diffusion de TF1 de l'enregistrement audio, ne visait pas à perturber la requête qu'elle compte entreprendre, Me Mokhtari a acquiescé de la tête, en avouant : «C'est pour cela que nous allons fermer ce chapitre», en expliquant en ce sens que la justice française peut démentir la véracité des enregistrements, de ce fait, ils ne seront pas de grande utilité. «Un juriste sait que les vidéos ne sont pas une preuve irréfutable», a-t-elle ajouté. Par contre, elle a révélé que lors de son dernier séjour en France, l'un des agents de la sécurité française a menacé de lui «casser» les enregistrements. «Je comprends maintenant ce qu'il voulait dire par me casser les enregistrements», s'est-elle indignée. Déterminée, Me Mokhtari dira : «Pour que le dossier de l'affaire ne soit pas clos, nous éviterons tout». Donnant un petit aperçu de ce qu'elle a vu sur l'enregistrement, la conférencière a affirmé que les images «ont de quoi provoqué la colère des Algériens et des musulmans». Elle décrit comment Mohamed Merah, se filmait, saignant du bras pendant qu'il pleurait et tremblait de peur. Selon ses dires, il y avait eu avec lui une femme, à qui, il a donné ses enregistrements, lorsqu'il a senti qu'il allait mourir. L'oratrice a révélé également, l'existence d'un certain agent marocain, du nom de Benrahou, qui selon elle, serait l'intermédiaire entre Mohamed Merah et le DCRI. Elle a fait savoir qu'il sera appelé à témoigner. Par ailleurs, l'avocate a fait savoir qu'elle a reçu un appel du père d'une des victimes, du nom de Abel Chennouf qui lui a assuré avoir des doutes dans la culpabilité de Mohamed Merah, exprimant par la même sa confiance en la défense de celui-ci. En ce sens, elle a annoncé «Qu'elle compte coopérer avec la défense des victimes», arguant qu'elles sont à la recherche de la même chose : la vérité. Dans le même contexte, Me Mokhtari a déclaré avoir demandé «une autopsie du corps de Merah», car selon des témoignages vivants, le tueur aurait été criblé de 87 balles et non 17 comme l'aurait laissé entendre le rapport officiel. Me Mokhtari devait se rendre en France, ce jeudi 12 juillet, ou bien vendredi. Pour rappel, Mohamed Merah est l'assassin présumé des trois militaires de Montauban et Toulouse ainsi que de trois enfants d'origine juive et leurs pères. Mohamed Benalel Merah, résident en Algérie a déposé plainte contre l'hiérarchie de la police française laquelle a donné l'ordre d'abattre son fils le 22 mars dernier.